Nous avançons-nous vers une nouvelle révolution en Tunisie? Malgré les violents affrontements entre la police et quelques centaines de manifestants au centre de Tunis mais également dans les quartiers et cités environnants, le couvre feu et les commissariats brulés et saccagés, il semble qu’on en soit un peu loin de ce scénario. La violence digne de l’époque de la révolution enregistrée un peu partout dans le pays est un acte un peu isolée sans toutefois minimiser ses conséquences. C’est l’œuvre de quelques individus qui n’ont apparemment rien à faire et qui n’ont aucune revendication particulière.

Oui Farhat Rajhi a parlé d’un complot qui se tramerait en cas de victoire des islamistes. Oui Il a évoqué la main mise d’une minorité sur l’économie et la direction des affaires gouvernementales. Oui il y’ a des événements dont on aimerait entendre les réactions et les explications de l’actuel gouvernement qui se borne à garder le silence. Mais cela nécessite t-il toute cette colère et cette violence incompréhensible ? Cela est –il une caution pour piller et saccager des boutiques et les postes de police ? Hélas non car personne, je dis bien personne, en tout cas pas la population, ne profitera de ce vide sécuritaire. La Tunisie est aujourd’hui otage d’un groupe de jeunes casseurs et prêts à tout pour mettre le bordel dans le pays quitte à faire basculer le pays dans un chaos sans précédent.

L’affrontement entre la police et les manifestants auxquels j’ai assisté hier en bas de mon immeuble est révélateur à plus d’un. Ces jeunes n’avaient aucune revendication, tout ce qu’il voulait c’était casser, détruire et nuire. Le commissariat qui a été reconstruite après la révolution (car il avait été saccagé aussi) a encore été brulé et pillé. Que se serait-il passé si la police n’avait pas été rappelée à dégager les lieux ? Sûrement des morts et je ne suis pas sûr que ce sera parmi les rangs des forces de l’ordre qui étaient armés jusqu’aux dents. « Allahou Akbar», ils scandaient. Prient-ils seulement? En tout cas les têtes que j’ai croisées depuis mon balcon ne m’ont pas été familieres à la mosquée du quartier.

Des personnes commencent à regretter le temps de l’ancien régime où au moins il y’ avait le calme et une paix économique bénéfique. Au moment où les portes des hôtels et des complexes touristiques sont entrain d’êtres rouvertes, c’est un coup dur pour le secteur touristique tunisien qui n’avait pas besoin de ça. C’est l’économie en général qui est menacé car les grèves dans les différentes entreprises et les fermetures pures et simples de certaines sociétés en passant par le lynchage des PDG, c’est toute la vie économique tunisienne qui est entrain de s’écrouler. Peut-on vraiment avoir une transition démocratique sans transition économique?

Donc ces actes irréfléchis de violence au lieu d’apporter une nouvelle révolution, comme le réclament ces quelques centaines de personnes à travers la Tunisie, conduiront le pays à sa perte. Si c’est la liberté qu’ils voulaient ils ont maintenant le couvre feu. Et l’armée ne va pas rester sans réagir vu que dans certaines villes les militaires sont chassées à coup de pierres.

Les élections du 24 juillet auront-ils lieu ?

Tout porte à croire que non. Comment imaginer organiser des élections libres, transparentes et démocratiques dans un pays où il n’y a aucune sécurité. Ben Ali a gagné et les tunisiens sont entrain de montrer au monde entier qu’il n’y a que la politique du bâton qui peut les diriger.

Donc la tenue des élections qui étaient sensées marquer un nouveau départ pour cette Tunisie fière et libre est aujourd’hui hypothétique. Si officiellement rien n’est encore décidé, le débat télévisé de ce soir avec le premier ministre Béji Caid Essebsi nous éclairera sur le sujet. Car s’il va être question des événements qui se sont déroulés ces derniers jours causés par les propos regrettables de Mr. Rajhi, les tunisiens attendent aussi des réponses sur la feuille de route du gouvernement pour sortir le pays de cette apocalypse prononcée. Nous voudrons donc savoir ce que notre demain sera fait.

Iyadh Ben Achour, le président de la Commission supérieure de réforme politique, n’a pas attendu ce débat pour nous éclaircir un peu plus sur le sujet. Dans l’entretien qu’il a accordé au quotidien La presse, quotidien qui titrait déjà à sa une : « report de la date des élections », il indique que : « C’est très probable, d’autant plus que la commission supérieure indépendante qui sera chargée de l’organisation des élections n’est pas encore constituée. Demain lundi, nous procèderons au sein de l’Instance au choix de ses 16 membres parmi les 70 candidats présentés par les instances concernées» en guise de réponse à la question de savoir si les élections seront repoussées.

Si ce report est confirmé, ce sera une véritable catastrophe. Au moment où la note souveraine de la  Tunisie a été baissée, ce sera donc une preuve formelle de l’instabilité du pays. Mais tout ça Ni Ennahdha, ni Mr Farhat Rajhi Ni les responsables des partis politiques ne semblent s’en occuper. Et si tout ce qu’ils veulent c’est être vu en héros? Imaginez comment sera le culte de personnalité des gens qui viendront rétablir et faire renaitre la Tunisie de ces cendres?

La révolution si admirée et vantée il y’a quelques temps laisse aujourd’hui place à l’incertitude. Je ne suis pas pessimiste mais il y’a des choses qui devront être dites et ce n’est pas en fermant les yeux et en croisant les bras que ce pays ira mieux.

Et si c’était la dictature la solution ………???