Le ministère des Affaires religieuses tunisien a condamné le groupe de manifestants rassemblés au Bardo, devant l’Assemblée nationale, pour avoir scandé « Tunisie libre, Islam dehors ». Au motif totalement ahurissant et farfelu que cela « portait atteinte à l’identité tunisienne ». Laquelle n’est pas plus définissable que la française, l’algérienne, ou la canadienne, la malgache et tant d’autres. Alors que huit soldats tunisiens se prétendant musulmans ont été tués par on ne sait combien d’autres personnes se prétendant tout autant musulmanes, il est grand temps, partout dans le monde, de constater la réalité : il n’y a jamais eu un christianisme, un judaïsme, un islam… et cela n’existera sans doute jamais.
Tout le bassin méditerranéen, la majeure partie de l’Afrique, de l’Asie, et des autres continents n’ont pas de racines particulières ancrées dans la moindre religion car, pratiquement partout, il en préexistait plusieurs et qu’en sus, personne ne peut s’accorder sur ce qui définit une religion. Peut-être existe-t-il même encore des communautés implantées sur des territoires dont les rites, fêtes, s’appuient peut-être sur des principes partagés en commun mais qu’il n’est possible de qualifier de religieux que selon une vision extérieure ethnocentrique. Ces cultures, dès lors qu’elles couvrent un territoire disposant de ressources exploitables sont irrémédiablement condamnées à disparaître ou à évoluer : sauf, bien sûr, à créer des « réserves ».
En Tunisie, c’est patent comme ailleurs, coexistent plusieurs islams et il n’existe pas davantage d’islam tunisien qu’il existerait un islam français : les Tunisiennes et Tunisiens sont fort bien placés pour le savoir tant ils conservent des liens avec tant de parent·e·s et ami·e·s vivant en France, de nationalités diverses, de bi, voire tri-nationaux… Il suffit d’observer. De reconnaître aussi que nombreuses et nombreux sont les apostats de fait, qu’ils le proclament ou non, qui ne fondent pas leur vie quotidienne – tout aussi respectable que celle d’autres – sur des préceptes religieux.
Ce slogan, « l’islam dehors », s’apparenterait à des incitations au chaos et au meurtre. Mais que fait donc le ministre des Affaires religieuses si ce n’est d’appeler à la violence et au meurtre, s’il le fallait, contre les meurtriers musulmans de gendarmes, policiers et soldats, pour la plupart musulmans ? S’il n’est pas en accord avec le ministre de la Défense (et Premier ministre), pourquoi attendre : sa démission devrait être immédiate. Par ailleurs, il est à présent accusé d’avoir détourné le fameux slogan, en fait scandé par des partisans d’Ennahdah, qui aurait mis en cause non pas l’islam mais « les anciens collaborateurs » (azlem et non islam). Dans les deux cas, c’est piteux.
Face à Ennahdah, 64 députés qui n’ont absolument pas démissionné, espèrent en convaincre neuf autres pour faire semblant de bloquer les travaux de l’Assemblée : pour obtenir un tiers de l’assistance, soit le quota pour mettre fin au processus, il leur faudrait démissionner et non pas simplement bouder d’interminables prétendus travaux qu’ils contribuent à prolonger ainsi. S’ils démissionnaient, ils seraient alors remplacés, et la crise ne serait aucunement résolue. D’ailleurs, les éventuels démissionnaires ou ceux prônant la chaise vide ne sont pas d’accord entre eux.
L’organisation d’un référendum serait longue et fort coûteuse alors que le pays est en déficit, voit ses ressources taries par des grèves ou la désaffection des touristes.
L’islam, ou plutôt la diversité des conceptions de l’islam, est un facteur de division. Y compris sans doute au sein d’Ennahdah. Selon Lobna Jeribi (Ettakol, composante de la Troïka), à la veille de l’assassinat de Mohamed Brahmi, l’ANC prévoyait l’abrogation de l’article 141 faisant état de l’islam, religion d’État, et se référant aux « enseignements de l’islam ». L’annoncer officiellement aurait été un signal fort, permettant de départager le pouvoir officiel et le pouvoir occulte.
Toute la question qui divise la Tunisie est en fait la suivante : qui l’emporte, entre le pouvoir occulte et le pouvoir officiel ? Et subsidiairement, qui parle au nom de qui et de quoi ?
Qui permet que les services secrets algériens soient désignés instigateurs des exécutions de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi sans qu’une ferme contradiction officielle lui soit rétorquée ? C’est d’ailleurs l’argument d’Aqmi qui vient d’adresser un avertissement à Ennahdah, menaçant ses membres qui ne se montreraient pas assez salafistes.
La réplique d’Ennahdah consisterait à admettre son échec de faire de l’islam une référence et à dissoudre les LPR et LPN (ligues de protection d’Ennahdah, de fait, mais que le parti s’est avéré incapables de contrôler, de contrer leur infiltration).
Face à la nébuleuse oppositionnelle, c’est au parti majoritaire de prendre ses responsabilités. Tout le problème est de savoir si une majorité se dégage dans cette majorité, et laquelle. Il n’est d’ailleurs pas sûr que toutes celles et ceux voulant dégager le gouvernement (en espérant bien sûr obtenir des positions publiques) soient prêts à prendre le risque électoral de réclamer un État strictement laïque.
C’est pourtant le seul point de clarification. Au lieu de cela, selon Amel Samoui Zampol (dont les dires demandent à être confirmés ou infirmés), au sein d’Ennahdha, il serait tenté d’acheter un revirement de députés gelant leur participation à l’ANC. Elle a évoqué une somme de 100 000 dinars…
On laisse entendre qu’un gouvernement d’union nationale pourra être formé. Ce qui ne servira qu’à repousser l’échéance si les faucons salafistes d’Ennahdha conservent leurs fonctions et leurs réseaux. Car tout nouvel assassinat ou attentat contre les forces armées leur sera directement ou indirectement imputé. Au Kef, un policier a été tué par balles alors qu’il tentait de contrôler un véhicule roulant sans immatriculation, ce mardi après-midi. On ne sait s’il s’agit d’un acte de délinquant, de contrebandier, ou de terroriste. À Jenouba, trois policiers ont été blessés mais ont réussi à arrêter un contrebandier.
Le gouvernement d’unité nationale se prépare : les chefs de file de Nidaa Tounes et du Front populaire se sont concertés ce mardi 30 juillet. Cela évitera sans doute une nouvelle grève générale. L’UGTT, à l’issue d’une réunion à Gammarth, lundi soir, pourrait prôner l’apaisement. L’Utica, le syndicat patronal, a aussi formé le vue d’un gouvernement d’union, à dominante technocratique. La Conect (PME) a rapidement emboîté le pas.
Il ne faut pas se masquer les yeux. En Somalie, c’est une annexe de l’ambassade de Turquie qui a été visée par un attentat. Partout, les régimes islamistes se déclarant modérés le seront toujours trop et jamais assez salafistes radicaux pour les plus avides de fonder leur propre pouvoir sur leur interprétation de versets du coran ou d’hadiths. Si les textes ne leur suffisent pas, ils en créeront d’autres.
Mahmed Hassine Fantar, sur l’Huffingtonpost (Maghreb), universitaire, résume bien la situation. Religion et démocratie sont antinomiques. Cela vaut pour toutes les religions. C’est aussi patent pour l’islam, partout. « La religion, quels qu’en soient la nature et les commandements, recèle des principes et des valeurs virtuelles au profit de l’homme et s’avère incapable de générer une démocratie politique pour la gestion des affaires de l’homme sur terre. ». Aucun consensus n’est possible dès lors que certains se disent investis d’une mission divine. Cela vaut pour la France, pour les Pays-Bas (où un parti, le SGP, se targue de fonder toutes ses décisions sur la seule interprétation possible de la bible), comme pour des pays qui ne sont pas plus fondamentalement arabes que la France n’est gauloise, celte ou romaine.
Soit Ennahdah est capable d’assumer ce fondamental historique, soit il lui faudra assumer une dictature s’appuyant sur des milices et une partie de l’armée et de la police, au risque de purges officielles et officieuses (et meurtrières) dans ses propres rangs.
[b]si on rajoute les autres pays musulmans, c’est une myriade de courants religieux tous aussi différents les uns des autres que* … et plus encore!
*il en est de même effectivement de toutes les religions, mouvements politiques, philosophiques etc… [/b]
Absolument, Zelectron, sauf que, dans le cas de philosophies politiques, soit le consensus l’emporte, avec des hauts et des bas, soit le dictateur ne peut se prévaloir d’un pouvoir divin. À moins de parvenir à se diviniser, en l’imposant, bien sûr. Pour le moment, il n’y a guère que le dirigeant nord-coréen et des potentats de petits islamiques de l’ex-Urss qui semblent y parvenir.
Autre « martyr » en Tunisie, Mohamed Bel Mufti, directeur régional de Tunisie Telecom à Gafsa, membre du Front populaire. La volonté de tuer n’est pas établie puisque le policier ayant tiré sur lui a utilisé une grenade lacrymogène dont il n’est même pas sûr qu’il en connaissait la létalité. Sauf si… Ennahdah ne semble pas vouloir tirer au clair les mobiles de ce policier.
Sa veuve, Islem Ezzahi Bel Mufti, se préserve de mettre en cause la Troika ou un groupe en particulier. Elle demande simplement, urgemment, des éclaircissements.
Au-delà de toutes les polémiques, il est utile de prendre connaissance de ce témoignage, pathétique à force de vérité humaine :
[url]https://www.facebook.com/photo.php?v=530029387050314[/url]
Que d’approximations dans ce texte
1 commander selon des préceptes religieux n’est pas s’octroyer une mission divine (c’est pathétique de le croire)
2 la religion,parce qu’elle laisse les gens continuer certaines traditions qui ne s’y opposent pas, on su conquérir non seulement des peuples mais surtout des cœurs donc dire qu’il n’y a pas un islam mais une multitude d’islam ne veut rien dire
3 concernant le meurtre du kef. Il il y a dans cette histoire une négligence dramatique qui n’a rien à voir avec l’islam politique
Comment un policier peut poursuivre seul une voiture sans plaques sans être armé et sans maîtriser ce genre d’interpellation? Il il y a la une faute dramatique
L’auteur prend ses rêve d’athéisme généralisé pour une future réalité
Qu’il rêve, ça ne lui coûtera rien
[img]http://www.courrierinternational.com/files/imagecache/article/2013/07/2907-WILLIS.jpg[/img]
« [i]Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde[/i] »
Dans la plupart des médias, l’expression complète est « [b]intégristes [u]conservateurs[/u][/b] ».
Mais beaucoup de commentaires oublient le deuxième mot. Cela rappelle ces discours israéliens qui mentionnent les « [b]territoires[/b] », en oubliant de préciser qu’ils sont « [u][b]occupés[/b][/u] ».
Curieux que cette amnésie sélective soit contagieuse.
HKH, on peut certainement faire des reproches à Jef, mais celui d’être approximatif est à ma connaissance inédit… Sans doute les tirez-vous de recoupements et d’analyses aussi fouillés que ceux du professionnel qu’il est, mais vous ne manquez pas de certitudes, plutôt approximatives…
Le ha[b]zar[/b] et la necessité,
L’EMPIRE ROMAIN AVEC UN CE[b]ZAR[/b] :
L’Europe et la Méditerranée :
Propositions pour construire une grande région d’influence mondiale.
Dans le cadre des petits déjeuners d’IPEMED, Elisabeth Guigou et Abderrahmane Hadj Nacer, membres du Comité d’orientation politique d’IPEMED, sont revenus sur les enjeux d’un partenariat renouvelé entre pays méditerranéens, exposés dans ce rapport intitulé « L’Europe et la Méditerranée : propositions pour construire une grande région d’influence mondiale ». Ces travaux avaient fait l’objet, en avril 2013, d’une présentation devant la Commission politique de l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée (AP-UPM).
Un boulot en or pour ZARKOY !!!!!