Quelqu’un du métier m’a dit un jour que c’était plus ou moins une erreur de commenter l’actualité « à chaud ». Trop de possibilités d’erreurs, de coquilles, de contre-vérités…. Le manque de distance par rapport à l’évènement peut nous amener à une réelle perte d’objectivité dans le traitement de l’événement et nous pousser à traiter l’info à travers le prisme déformant de sa vision personnelle…
Et pourtant, par définition, l’info doit se traiter « à chaud » ! Car elle est comme un train lancé à plein vitesse : un wagon n’est pas passé devant vous que déjà le suivant a pris sa place…
Cruel dilemme, n’est-ce-pas ? Surtout à l’heure du numérique ou l’information planétaire nous arrive quasiment à la vitesse de la lumière : Rumeurs, déclarations, contre-déclarations s’enchaînent à vitesse grand V. le journaliste n’a plus le loisir aujourd’hui, de prendre posément sa plume pour traiter d’un sujet suffisamment « local » pour pouvoir enquêter lui-même sur l’alpha et l’oméga du fait divers.
Et de plus en plus, les médias intermédiaires auront, sur sa réflexion, un impact.
L’objectivité n’existe pas. Y compris chez le journaliste. C’est un être humain, qui est lui aussi, culturellement « moulé ». Et le fait, justement, d’être spécialiste, de trop bien connaître un sujet, peut, au fil du temps, l’amener à avoir un avis tranché sur la question, inapproprié pour l’exercice de son métier.
On le vérifie tous les jours aux infos. Mais il y a des degrés divers dans l’approche journalistique me direz-vous.
Le pire étant peut-être le journalisme politique. Et économique aussi. Deux milieux où l’on finit vite par avoir des « certitudes ».
Et pour cause : ce ne sont pas, véritablement, des sujets techniques. Ou, pour être plus exact, ce sont des sujets où « l’affect » est très sollicité ! Difficile de prendre de la distance.
Rencontrer l’homme ou la femme politique, personnalité souvent charismatique, en tout cas formée aux techniques de séduction et de communication, peut dérouter n’importe quel ego, y compris celui réputé objectif du journaliste. Du reste, le nombre de couple politique/médiatique vient conforter le sujet…
Il est une nouvelle catégorie qui s’est glissé, au fil du temps, entre le journaliste et le citoyen : le commentateur. Pas véritablement l’un, plus vraiment l’autre. Ne traitant pas directement l’actualité, il la commente, librement et subjectivement et, contrairement au citoyen lambda, il émet un avis sur un sujet.
Internet a donné un crédit particulier à celui-ci, via les blogs par exemple.
Trop d’infos tue l’info : Vieille adage, qui, comme tous les vieux adages, se vérifie. L’abondance de données fournies finies par anesthésier notre discernement et notre intérêt. Les thèmes deviennent tentaculaires, inextricables.
Ça justifie probablement une parcellisation du traitement de l’info, via des blogs citoyens, par exemple… Avec le risque de transformer l’info en une sorte de bruit de fond émotionnel permanent.
Voui, j’en suis bien conscient. Je sélectionne mieux mes sujets en conséquence.
[quote]Cruel dilemme, n’est-ce-pas ? Surtout à l’heure du numérique ou l’information planétaire nous arrive quasiment à la vitesse de la lumière : Rumeurs, déclarations, contre-déclarations s’enchaînent à vitesse grand V. le journaliste n’a plus le loisir aujourd’hui, de prendre posément sa plume pour traiter d’un sujet suffisamment « local » pour pouvoir enquêter lui-même sur l’alpha et l’oméga du fait divers.[/quote]
Peut on prendre « posément » la plume pour relater un fait divers ou une catastrophe?
Je ne crois pas,tout se fait sur l’instant…Après il vaut mieux prendre du recul…
[quote][i]Le pire étant peut-être le journalisme politique. Et économique aussi. Deux milieux où l’on finit vite par avoir des « certitudes ».[/i][/quote]
Pour moi, les pires qui soient, et avec un train d’avance sur tous les autres, ce sont les encartés journalistes de la presse à sensations, ou tabloïds.
Vous savez, ceux qui se font un crédo de passer leurs journées et/ou leurs nuits à soulever les couvercles des poubelles pour remplir leurs pages d’immondices.
Et les gens adorent…Cela doit rimer avec sacerdoce sans doute.
La preuve, le nombre ahurissant d’exemplaires vendus chaque semaine, malgré la chaîne ininterrompue de condamnations pour multiples dérives.
Pour les autres, même si je ne suis pas toujours d’accord avec leur vision – affinité oblige – ils (elles) ont au moins le mérite de remplir leurs colonnes [i]sans aller regarder sous les jupes des filles[/i]…et pour certain(e)s en prenant des risques inestimables pour assurer l’information.