Rien de plus insupportables à mon goût que ces méthodes totalitaires qui font florès ces derniers temps pour museler quiconque ose s’écarter de la sacro-sainte pensée unique. Surtout quand elles viennent d’un grand pays qui, tambour battant, ne lésine pas sur les moyens pour exporter aux coins les plus reculés du monde, sa propension immodérée pour la liberté, la démocratie. 

Gare à toute mère aux cheveux camouflés sous un bout de tissu, désireuse de participer à une sortie scolaire : danger suprême au pouvoir de nuisance ineffable sur la jeunesse, à éradiquer illico !

Un certain humoriste se sentant lésé de par ses origines par ladite concurrence mémorielle ne trouve pas mieux, viscéralement, que de tourner autour du pot de son histoire, en mettant malheureusement les pieds dans le plat dans ses spectacles. Et c’est comme si le ciel nous tombait carrément sur la tête. Sous une avalanche de réactions intarissables. 

Dans la République de Manuel Valls, on ne peut apparemment pas s’écarter d’un iota de certaines prescriptions sinon, le ministre fait les yeux ronds jusqu’à nous les exorbiter ; il s’implique en personne à corps perdu pour châtier les délinquants pris en flagrant délit ; quitte à empiéter sur la Justice pourtant seule à même de faire payer au fauteur  le prix des pots cassés ! 

En l’absence de garde fou, même le président s’est mis au diapason exhortant les représentants de l’Etat à faire preuve « d’inflexibilité » à toutes épreuves afin de désarmer la bête immonde qui soit disant menacerait. 

Alain Juppé regardant désormais par le petit bout de la lorgnette, s‘est empressé avant tout le monde de mettre à exécution la directive destinée à abattre la bête noire. Aussitôt les maires enfiévrés de Nantes, de Tours, de diverses villes lui ont emboîté le pas. Les propriétaires du théâtre de la Main d’Or qui avaient pour habitude d’accueillir Dieudonné cherchent eux aussi à lui faire volte face. 

Toutefois l’intéressé a beau se défendre de vouloir inciter à la haine raciale, à la discrimination via sa quenelle, rien n’y fait. Les titres sont déjà définitivement décernés et incarnent à eux seuls l‘ultime moyen pour étouffer la discussion dans l‘oeuf. 

Pendant ce temps, d’autres humoristes ayant pignon sur rue poursuivent sans s’inquiéter leurs activités humoristiques, malgré un fond de commerce non moins dérangeant que celui de Dieudonné Mbala Mbala ; ils passent comme lettres à la poste sans heurter la sensibilité de ces défenseurs d’une prétendue morale. 

Quant aux furies de Femen, elles peuvent uriner là où bon leur semble, verser dans l’obscénité sans jamais faire l’objet d’un tel lynchage médiatique, ni perturber la classe politique ébranlée par l’affaire Mbala Mbala. 

Une croisade dictée par des visées purement électoralistes qui au final ne peut qu’être infructueuse. Au mieux Dieudonné, fisc et justice à ses trousses, finira progressivement par disparaître de la scène pour céder la place à des homologues non moins sulfureux. Et au pire, il continuera de faire rire quelques personnes en dénonçant l’hypocrisie de ceux qui nous gouvernent tout en déboursant de temps en temps pour ses inévitables dérapages. Et le monde continuera de tourner. Toujours de travers. Avec ou sans le brassage de vent de Dieudonné, c’est du pareil au même.