Espéré depuis trop longtemps au pays du Cèdre, le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) a débuté ses travaux hier, dimanche, au Pays-Bas. C’est précisément à Leidschendam,  que la cour s’est installée, dans un ancien bâtiment des services secrets hollandais. La tâche est grande et les espoirs également.

Le TSL, créé le 10 juin 2007 en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, devra appliquer le code pénal libanais. L'identité de ses onze juges, dont quatre sont libanais, n'a pas encore été révélée pour des raisons de sécurité.

Hier, le greffier du TSL, Robin Vincent a demandé une minute de silence, à la mémoire des 23 victimes de l'attentat du 14 février 2005, qui causa la mort de Rafic Hariri. "Nous ne sommes pas ici pour les Nations unies, ni pour la communauté internationale, mais pour le Liban", a-t-il lancé. "Nous ne sommes pas ici pour les auteurs des crimes mais pour les victimes". Il a également annoncé son intention de demander dès aux autorités libainaises de lui remettre quatre militaires libanais, seuls suspects détenus au Liban dans cette affaire. Un juge d’instruction libanais a en effet ordonné la semaine dernière la libération de trois autres suspects en relation avec cet attentat, détenus depuis plus de trois ans au Liban.

Marwan Hamadeh, député du Bloc National Démocratique a exprimé son soulagement à l'ouverture de cette enquête: “c’est le début de la vérité, de la justice, et pour moi, c’est une nouvelle page dans l’histoire du Liban, une page de justice, la fin de l’impunité, et une leçon pour bien des régimes qui nous entourent au Proche Orient,” a-t-il jugé.

Pour le ministre libanais de la Justice, Ibrahim Najjar, « le tribunal sera réellement indépendant et je pense qu’en ce qui concerne la classe politique libanaise, personne n’a l’intention d’inférer avec le tribunal. C’est la façon dont nous voyons ce tribunal fonctionner, de façon indépendante, dans le but de découvrir la vérité et de donner un verdict ».

Mais pour l'heure, le TSL se met en place. Les juges de cette institution doivent adopter dans les prochaines semaines une série de textes juridiques régissant les procédures devant le tribunal. Seulement après, le procureur pourra demander officiellement le transfert des détenus, des proches du président…

Au Liban, pays pourtant coutumier des assassinats politiques, la cible était cette fois trop grosse. La mort du milliardaire sunnite à déclenché un tollé au sein de la communauté internationale. Et, malgré la mise en place du TSL, les assassinats politiques se sont multipliés lors d'attaques qui ont fait 55 morts et 420 blessés.

Dans le centre de la cpitale, des centaines de personnes se sont rassemblées près de la tombe de Rafic Hariri où ils ont regardé la session d'ouverture du TSL sur deux écrans géants. Un peu plus tôt, plusieurs dizaines de parlementaires anti-syriens avaient déposé des couronnes sur les tombes de l'ancien Premier ministre libanais et de ses collaborateurs tués avec lui il y a quatre ans.