Tom Robbins est un ovni en France. Certains d’entre vous le reconnaitrons peut-être, mais il n’est quasiment pas publié ici. Dans une interview qu’il avait donné au magasine "Chronic’ Art" , j’ ai noté quelques phrases, qui, si elles ont le mérite de faire réfléchir, décrivent le monsieur de façon éloquente.

 

"Notre but à tous devrait être de vivre la vie comme une fête, même quand elle est dure et risible."

" Notre réalité consensuelle est éminemment instable, et une grande partie de l’humanité a tendance à s’attacher à des choses, comme l’accumulation de biens, qui au bout du compte ne lui procurent ni sens, ni finalité."

 

"(…) je considère l’idée même de l’Apocalypse comme pathétique, lâche et absurde. C’est une pulsion de mort à l’échelle planétaire qui prend ses racines dans l’ignorance et la peur, et qui nous est imposée par des fondamentalistes effrayés par la vie en général et par le pouvoir sauvage de la sexualité en particulier, et qui pensent que tout ira mieux quand le monde sera réduit en fumée et qu’ils pourront passer le reste de l’éternité les doigts de pieds en éventail dans un paradis tout gris et peuplé uniquement par leur semblables."

 

"Si nous évoluons en tant qu’individus, en remplaçant le contrôle par la liberté, le dogme par le rire, l’ambition narcissique par la "sagesse irraisonnée" et McDonald’s par les Deux magots, nos systèmes politiques suivront."

Interview de Tom Robbins, Chronic’art – sept 09

 

Et quelques perles trouvées dans son roman "même les cow-girls ont du vague à l’âme", écrit en 1976, et édité chez Gallmeister. Ce livre a quand même eu droit à une adaptation cinématographique de Gus Van Sant, en 1993, avec Uma Thurman dans le rôle de l’héroïne.

 

 " Notre cerveau nous permet d’utiliser une fraction tellement minuscule de ses ressources qu’en un sens, tout ce que nous ressentons est en réduction.

Nous n’employons les drogues, les techniques yogiques et la poésie – et mille autres méthodes plus maladroites encore – que pour nous efforcer de ramener les choses à la normale."

 

" Le ciel était une cruche de nuages caillés"

 

" Les relations hétérosexuelles ne semblent mener qu’au mariage, et pour la plupart des pauvres femmes qu’on abrutit et à qui on lave le cerveau, le mariage est l’expérience la plus forte. Pour les hommes, le mariage est une affaire de logistique efficace ; l’homme trouve sa nourriture, son lit, son entretien, la télé, la minette, les rejetons et autres petites douceurs réunis sous le même toit, ce qui lui permet de ne pas trop y penser et d’épargner ainsi son énergie psychique. Et il est libre alors d’aller livrer les batailles de la vie (…) Mais pour une femme, se marier c’est se rendre. Le mariage, c’est quand une fille abandonne la lutte, sort du champ de bataille et laisse dès lors l’action vraiment intéressante et importante à son mari, qui a marchandé pour "s’occuper" d’elle. Quel triste marché de dupe ! Les femmes vivent plus longtemps que les hommes parce qu’elles n’ont pas vraiment vécu. Mieux vaut être terrassée par une crise cardiaque à cinquante ans qu’être une veuve bien portante de soixante-dix ans (…) "

 

"Si l’espace est amour (…), alors est-ce que l’amour est de l’espace ? Ou bien l’amour est-il quelque chose que nous employons pour remplir l’espace ?"

 

"(…) la fonction de la littérature est de donner ce qui manque à la vie."

 

J’ espère que ces quelques retranscriptions vous auront donné l’envie de découvrir cet auteur. Bonne lecture.

 

 

 Les chroniques de gAïA