-Oui attend j’arrive !

Le professeur termine son aide par un vague regard sur les exercices de son élève. Une goutte de sueur commence à perler sur son front, il sent son maillot légèrement s’humidifier alors qu’il n’a entamé son cours que depuis vingt minutes.

Encore une vingtaine de rangées de table et il aura rejoint l’élève qui l’avait appelé à la rescousse pour lire un énoncé dont il ne saisissait pas le sens.

-Alors que ne comprends tu pas ? Tu vas voir c’est très simple.

Il n’avait pas achevé sa phrase que déjà deux autres élèves levaient la main, en espérant une aide rapide.

Un léger brouhaha de bavardages discrets des enfants soit avancés, soit lassés d’attendre le soutien de leur professeur perturbait la concentration des autres. Le maître des lieux s’apercevait bien qu’entre les oisifs, les intelligents paresseux, les perturbateurs, les élèves demandant plus d’attention il avait encore du pain sur la planche.

Dans un mouvement de satisfaction de l’aide apportée il se redressa et vit cinq autres mains levées supplémentaires disséminées ici et là dans la classe, si seulement les élèves étaient regroupés !

Mince lequel avait levé la main en premier ? Tant pis il s’arrêtera au premier sur son chemin qui se trouvait à au moins cinq tablées.

-Mais monsieur je vous ai appelé avant !

-Minute Guillaume, il était sur mon chemin autant que je le fasse en passant

L’impatience gagne du terrain parmi les élèves qui par dépit baissent la main et préfèrent s’adonner à la pratique du SMS, du dessin ou du bavardage. Après tout le professeur est bien occupé avec l’autre, à quoi ca sert de garder la main en l’air s’il ne vient pas ?

Voilà qu’il finit ses conseils qu’aussitôt dix mains se levèrent.

-Attendez Guillaume attend depuis tout à l’heure

Les regards assassins sont aussitôt visibles de la part de ses camarades qui envisagent de lui faire sa fête. C’est à cause de lui s’ils vont sortir de la classe avec des exercices à finir à la maison, ils ne pourront s’adonner à leurs activités sans avoir fini des exercices dans lesquels ils sont bloqués et où leurs parents proposeront une aide qui même si elle était juste il y a 20 ans, sera aujourd’hui considérée fausse car la méthode utilisée ne sera pas identique à celle attendue par le ministère. Ministère qui change les méthodes d’apprentissages régulièrement.

Le brouhaha s’intensifie et il ne reste que cinq minutes de cours, les élèves sont de plus en plus agités, le professeur sent la panique s’emparer de lui, trente élèves l’avaient appelé depuis une heure et il n’en avait vu qu’une dizaine. Les vingt autres l’affubleront de quolibets d’incompétent, rageront contre la matière à laquelle « personne » ne veut ou ne peut l’aider et la délaisseront.

La sirène sonne, le professeur craignait de le faire mais il le fallait :

-Vous finirez la fiche d’exercices chez vous. On la corrigera la prochaine fois.

Sa phrase déclencha un tollé de désespoir chez les enfants qui n’envisageait pas terminer seul un exercice qui les dépassait.

Il se faufila parmi les rangées de tables pour accéder au tableau et y écrire les instructions.

En s’asseyant et voyant la mine déconfite des élèves sortir un par un de la salle. Il ne put s’empêcher de constater, c’était mieux avant…une classe de 20 élèves est beaucoup plus productive en travail qu’une classe de 50.

Amer il se disait encore que le taux de réussite n’était peut être pas plus élevé, mais le temps passé auprès des élèves était plus important, et le plaisir d’enseigner était là. Il avait la sensation d’être dans un travail à la chaine et non dans un travail d’enseignant de connaissances, de relation sociale et des valeurs morales. Ses premiers plaisirs de transmettre le savoir étaient totalement mit de côté. Il n’avait plus l’impression d’être encore « prof » mais d’être auxiliaire de puériculture dans un établissement de garde d’enfants, mais toujours sous l’appellation « école ». Toujours plus, toujours plus, et finalement c’est du travail à moitié fait.

C’est alors qu’une bagarre se déclenchait au dehors, Guillaume se protégeait sous les coups de trois camarades qui n’avaient pas eu d’aide alors qu’ils avaient levé la main. Un troupeau d’élèves les entoura pour les encourager en criant joyeusement. Un surveillant de la police qui avait vu l’émeute par la vidéosurveillance intervint avec une matraque sur l’un d’entre eux. Le groupe a été vite dispersé.

Bien, ce n’est pas tout mais il fallait assurer le travail social désormais ! En sortant ses dossiers le professeur mélancolique se demandait si finalement il n’allait pas demander un arrêt maladie pour dépression ou tout simplement se reclasser.

 

 

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C’est une histoire fictive mais qui peut devenir réalité. C’est une façon imagée de voir les choses. Certes le simple fait de ne pas avoir eu d’explication de la part du professeur ne justifie pas la violence dans les écoles et collèges. Néanmoins il faut être honnête, en ne remplaçant pas les professeurs partant à la retraite, c’est condamner à voir les effectifs des classes à augmenter, diminuant ainsi le temps moyen disponible pour chaque élève.

Certes on ne nous annonce que 1 voire 2 élèves supplémentaires par classe, ce qui n’aurait pas grande influence. Peut être.

Mais encore une fois il ne faut pas se leurrer, ca commence par un ou deux mais ça finit par 10.

Les enfants ont besoin d’un cadre solide, et pour s’en assurer l’enfant va commettre à plusieurs reprises à sa manière des écarts pour le mettre à l’épreuve. Un professeur arrivera à maintenir une classe avec 10,20 voire 30 élèves, mais plus vous augmentez le nombre, plus le cadre devient malléable et fragile.

Pour reprendre l’image relatée au journal télévisé de France 2, les enfants sont désormais comptabilisés comme des boites à sardines. « Il n’y a plus de place ou plus de prof ? Pas grave ont les dispache dans les classes qui existent encore »

Ils veulent déjà augmenter le nombre d’enfants par crèche sans augmenter les effectifs du personnel ! Cela a pour conséquence de diminuer le temps d’encadrement des jeunes enfants, en bref du simple « gardiennage ».

En voulant augmenter le nombre d’élèves par classe, et sous couvert de faire des économies, l’Etat fragilise le système éducatif et attise les braises de la violence à l’école.

Il favorise l’abandon et l’indiscipline dans les salles de classe qui sont d’excellents facteurs de désintérêt des études et donc de l’absentéisme scolaire.

L’instruction (et non la scolarisation, nuance) étant obligatoire, va-t-on assister à une montée de l’école faite par les parents ?

Sur le long terme, peut être est-ce le but recherché ? Favoriser l’absentéisme scolaire pour pouvoir supprimer les aides familiales et réaliser encore plus d’économies ?

Notre gouvernement dérive vers la mise en folie de la population. Dès lors que quelque chose est mit en place et qui tourne à peu prêt correctement, pouf il faut REFORMER !

Notre Président est un buldozer. Il pulvérise tout pour ré-agencer à ses intérêts ainsi que ses accolytes. Tout sera méconnaissable. Le désastre est tel qu’il faudra des décennies avant d’espérer retrouver un équilibre. De plus il aura le bas-gout de prétendre et de se vanter que c’est grâce à lui si la France a connu un tel "renouveau" dans son organisation générale! Mais quand on en voit le prix.

On s’en retrouvera à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy à un énorme chantier où les fondations seront totalement à l’air libre et faites de manière archaïque sans aucune finances possible, sauf des emprunts. Quoi que l’on fasse par-dessus désormais, les risques de se casser la figure seront toujours présents !

 

Comme je le dis en secourisme : « Si la base est mauvaise l’édifice s’écroule ! », il en sera de même pour la France, un jour elle tombera de très haut si elle ne se ressaisit pas.