The Riot Club, le film de Lone Scherfig

Le  fameux Bulligdon Club aurait vu le jour il y a deux siècles suite au décès d’un certain lord libertin victime de la vengeance d’un mari cocufié par ses soins. Toujours d’actualité, les membres de ce club huppé continuent de donner du grain à moudre à des créateurs lesquels n’hésitent pas à s’en emparer dans un but sans doute louable.  Après le succès de Posh, pièce de théâtre de Laura Wade, Lone Scherfig se serait à son tour lancée dans la réalisation de " Riot Club"inscrit dans le même esprit : un petit aperçu du formatage auquel ont droit certains grands de ce monde pour être à la hauteur des responsabilités qui naturellement leur échoient. 

Issus tous de la high society british, ces étudiants d’Oxford sont beaux, intelligents, roulent déjà en Aston Martin, ont souvent pour résidence secondaire de ravissants châteaux financés par des visites touristiques . Hédonistes invétérés, ce cercle d’étudiants ne connaît pas la demi-mesure surtout au cours de ce passage obligé qu’est leur rite initiatique étalé sur une longue année. Les épreuves qui forgent ces grands caractères sont rudes ; à titre d’exemple les novices ont droit à la dégustation d’un  breuvage à base de cocktail de vomi, de crachat, d’urine, de sperme, de vin… 

La suite une sorte de BLD, bizutage longue durée ! Avoir le courage,  l’intelligence d’assouvir tous ses désirs, tous ses instincts aussi gargantuesques soient-ils, résume en gros la ligne de conduite à tenir par ces futurs dirigeants. La répression délibérée des envies, synonyme d’obstacle à la jouissance de la vie est une posture plutôt à bannir. Les désirs de cette élite n’étant que des ordres, toute ingérence extérieure faisant obstacle à cette équation doit être combattue avec fermeté.

Beuveries, débauches de tous genres, sous-tendent les rituels de ces privilégiés "infrustrables"et hyper allergiques à l’insoumission à leur égard de la part de  "petites gens" censées les servir en échange de liasses bien fournies ! Le brave tenancier d’un pub de campagne qui les approchera de plus près subira leurs impitoyables foudres : le saccage d’une salle de son établissement fera office de hors d’oeuvres. C’est que pour ces personnages, quiconque ne voit que dérèglement dans leur comportement pour le moins arrogant n’a qu’à bien se tenir sous peine d’en recevoir pour son petit grade ! 

Avec un avenir bien prometteur, ils peuvent commettre en toute impunité des actes hautement répréhensibles protégés qu’ils sont  par cette immunité que leur confère leur haut rang… David Cameron qui est passé par là en sait quelque chose et ne dit pas plus qu’avoir gardé du regret par rapport à certains excès. Dire que ce film bien mis en scène et porté par de bons acteurs sur l’apprentissage de la déshumanisation, de l’arrogance, réservé à la haute sphère british n’a rien d’une fiction le rend particulièrement dérangeant. Un véritable coup de massue qui aide à mieux comprendre les dérives de certains grands de ce monde… 

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