The box : et vous, que feriez-vous ?

Il y a une quinzaine d’années, un épisode de "La 5e dimension" s’inspirait d’une courte nouvelle pour poser à ses téléspectateurs un véritable cas de conscience bien plus complexe que celui de "Proposition indécente" (coucher avec Redfort ET toucher un million de dollars ? De qui se moque-t-on ???).


Le principe : un homme mystérieux confie une boite en apparence anodine à un couple, munie d’un unique bouton qui n’est manifestement relié à aucun mécanisme visible. Le deal : s’ils appuient sur le bouton, ils recevront un million de dollars mais en contrepartie, un inconnu mourra. Dans "La 5e dimension", la femme est prête à le faire en arguant du fait que cela pouvait tomber sur une personne insignifiante (elle donne l’exemple d’un paysan chinois, l’Asie appréciera…) alors que le mari ne peut se résoudre à l’idée de tuer quelqu’un pour de l’argent, même s’il s’agit, comme le dit l’homme à la boîte et la formulation a son importance, de "quelqu’un que vous ne connaissez absolument pas" et donne, lui, l’exemple d’un bébé… Comme les femmes sont toujours les héritières d’Eve, donc cupides, influençables voire idiotes (apprécions à notre tour, Mesdames !), c’est elle qui, sans consulter son époux, finira par appuyer sur le bouton. L’homme revient, lui verse son million, reprend la boîte et l’épisode se termine sur ces mots : "Je vais maintenant confier cette boîte à des gens que vous ne connaissez absolument pas…".

Le film, lui, continue l’histoire. Le mari a peur, fait des recherches, veut retrouver l’homme mais peu importe, l’essentiel est dit dans cette première partie. Jusqu’où peut aller la cupidité humaine ? Quelle est la valeur financière d’une vie ? L’histoire est une véritable fable philosophique moderne car au-delà du contenu patent, mille interrogations se bousculent en regardant ou en lisant cette histoire.

Quand on pense aux guerres modernes, des guerres, donc, sans rapport avec des convictions religieuses ou des gains de territoires mais la plupart du temps pour asseoir un pouvoir et/ou augmenter encore une puissance économique, on ne peut que se dire que la vie des soldats "chair à canon" ne vaut certainement pas un million, alors pourquoi se gêner ? Lorsqu’on assiste, impuissants, aux colères de la Terre qui dévaste la Thaïlande, la Nouvelle Orléans ou Haïti, combien doit-on donner pour sauver une vie ? Toujours pas un million. Quand le terrorisme aveugle frappe des innocents, combien aurait-il fallu payer pour épargner ces vies ?

Sur un autre plan, d’un point de vue légal, l’instigateur d’un meurtre est tout aussi coupable que celui qui le commet. Appuyer sur un bouton ou sur une gâchette revient donc strictement au même et la question se restreint d’elle-même : puis-je assassiner un parfait innocent pour une grosse somme d’argent ou tout autre motif strictement égoïste ? Le 6e commandement ("Tu ne tueras point") est bien malmené.

Le fait même de se poser la question est en tout cas très significative de la nature humaine, fi de la morale ou de la religion, se demander si l’on peut ou non ôter la vie à un autre être humain est une preuve supplémentaire de la vanité de l’homme.

3 réflexions sur « The box : et vous, que feriez-vous ? »

  1. excellent article, vraiment!! perso, je crois que je n’appuierai pas sur le bouton (meme si je le regretterai).
    enfait c’est une question posée à notre conscience: quelle valeur a pour vous la vie d’un autre homme? où s’arrête votre altruisme?

  2. Bravo pour l’article ! Je ne pense pas que j’appuierais…par contre, j’aurais bien aimé lire cette nouvelle! Peut-être le savez-vous, SCM555 ?

  3. Mais bien sûr, Siempre !

    Il s’agit d’une nouvelle de Richard Matheson, de 1970 : Le Jeu du bouton (Button, Button).
    Je ne sais pas dans quel recueil elle figure, en revanche je sais qu’il existe l’intégrale de ses nouvelles en 3 volumes, dans lesquels il vaut sans aucun doute le coup d’investir ! Le Jeu du bouton, compte tenu de sa date de parution, se situe certainement dans le tome 3.

    Merci encore d’aimer mes articles !

    Salomé

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