Les lendemains de campagne ressemblent à une gueule de bois pour TF1, grande perdante des audiences présidentielles face à sa rivale France 2. Pour la première fois, celle-ci a rassemblé un million de téléspectateurs de plus que TF1 lors des soirées électorales, selon les chiffres de Médiamétrie. Mieux, le débat d’entre-deux-tours entre Nicolas Sarkozy et François Hollande a été plus suivi sur France 2 que sur TF1 (8,9 millions de téléspectateurs contre 8 millions). Un symbole, car en 2007, la Une avait largement dominé ce rendez-vous, avec 13 millions de téléspectateurs contre 7 millions pour la Deux.
Auparavant, c’est également le service public qui avait dominé le traitement de la campagne en installant son magazine Des paroles et des actes en prime time, dont même le patron de TF1 Nonce Paolini a reconnu "la qualité". De son côté, la Une a programmé Parole de candidat, un rendez-politique positionné après le JT de 20 heures, avec quatre prime time spéciaux dont les audiences ont beaucoup déçu.
Manque de renouvellement ? En 2007, TF1 avait remporté le match des audiences avec J’ai une question à vous poser, un programme dans lequel un panel de Français interroge un candidat à la présidentielle. En 2012, Parole de candidat a repris à peu près le même concept en prime time. Pendant ce temps, France 2 innovait en confrontant les candidats à un panel de journalistes qui les interrogeait sur plusieurs thématiques. C’est ainsi notamment que s’est révélé le journaliste François Lenglet accompagné de ses graphiques et de ses questions précises sur les sujets économiques. Une dimension de débat a également été apportée : les téléspectateurs ont notamment pu assister aux duels Fabius-Sarkozy, Juppé-Hollande ou encore au non-débat entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
Une recette qui a apporté le succès à France 2. Si bien qu’aujourd’hui, on se pose des questions dans la tour TF1 de Boulogne-Billancourt, d’autant que le JT de 20 heures de France 2 menace de plus en plus celui de la Une. Des rumeurs de démission – démenties par la direction de la chaîne – ont même concerné Laurence Ferrari et Catherine Nayl, la directrice de l’information.
"Il ne faut pas se voiler la face : effectivement, on perd des téléspectateurs. Mais il ne faut pas nous enterrer trop vite", a estimé celle-ci le 10 mai sur Europe 1. "Bien sûr que les audiences notamment sur la séquence politique nous ont ébranlés, ne nous ont pas plu, nous ont déçus parfois pour certaines soirées où on avait vraiment l’impression d’avoir fait le maximum, et d’avoir des soirées éditorialement excellentes."
Catherine Nayl veut changer des choses, mais sans se précipiter. "C’est une réflexion de fond que l’on doit avoir sur l’information", dit-elle. "Je peux vous jurer que toute la rédaction et moi-même on va se battre. Et le leadership, on va le reconquérir."
Quand le service public veut bien s’en donner la peine… C’est vrai que leurs émissions étaient bien plus percutantes!