Tempête d’amabilités au-dessus de l’Océan Atlantique,

dans un échange de lettres, et de jusqu’au boutisme sydical qui ne mènent nulle-part.

 

L’affaire de l’usine Goodyear d’Amiens nord est devenue burlesque entre, le PGG Titan International et le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, et par voies de conséquences le syndicat CGT et le gouvernement. Trois conceptions économiques s’affrontent, l’une libérale, l’autre sociale et l’autre communiste dans une mondialisation libérale. Dans un tel environnement, de concurrence acharnée, l’orientation sociale n’aurait sa place que si, la souplesse d’adaptation serait la principale vertu quitte après remettre du social lorsque l’on peut le payer. Le problème repose donc sur l’honnêteté des dirigeants d’entreprise de faire en sorte que les sacrifices consentis soient récompensés. Or l’expérience a montré que ce n’était, et ce n’est pas le cas, puisque lorsque l’économie va mieux, ce ne sont pas ceux qui ont acceptés les sacrifices qui en bénéficient, mais les actionnaires puisqu’ils ont le pouvoir. D’ailleurs, on s’en rend bien compte, lorsqu’une usine est en difficulté, outre le fait qu’elle licencie, les responsables ne sont même pas mis à contribution puisqu’ils reçoivent des primes, qui pour la plupart étaient déjà prévues dans leur contrat clament-ils. Et, si certains réduisent leurs appointements, ce n’est qu’a la suite d’une pression médiatique forte. D’ailleurs, n’a-t-on pas, 200 nouveaux milliardaires dans le monde ?

 

Il ne faut donc pas s’étonner du blocage syndical soutenu par les salariés puisqu’ils sont les premiers touchés. Là aussi, le jusqu’au boutisme est néfaste, il faut savoir à un moment donné comprendre et faire en sorte que les salariés, s’ils ont un certain pouvoir, avec les lois sociales, ne sont pas maîtres de la situation qui est, et reste toujours du ressort du patron, aucune loi ne peut lui retirer ce pouvoir. En d’autres termes, si un patron veut fermer son usine personne ne peut l’en empêcher. Ce qui est grave c’est que ce ne soit pas encore admis par tous.

 

L’arrivée de la gauche au pouvoir a créé un espoir parmi le monde ouvrier croyant qu’elle pouvait résoudre l’impossible. Et comme toujours lorsqu’elle est aux commandes l’affrontement devient violent à la fois contre le pouvoir et les patrons. L’organisation syndicale CGT, jusqu’au boutiste, n’a fait que le malheur de ses adhérents et rendre plus difficile l’action du gouvernement. L’attitude du syndicat CGT de l’usine Mittal à Florance est l’exemple parfait de la surenchère imbécile soutenue par une gauche extrême qui, comme le FN n’a jamais gouverné. Dans ce contexte, cette gauche ne fait que le lit de la droite, dans un cas comme dans l’autre, droite ou sociale démocratie au pouvoir, elle est toujours hors de course, et il vaut mieux que ce soit la gauche socialiste qui gouverne, qui fait plus juste pour les classes sociales inférieures.

 

Ce qui est important de souligner dans ce contexte de crise, c’est le comportement de Danone géant mondial de l’industrie alimentaire. Son patron Franck Riboud, après un bénéfice de 1.8 milliards d’euros enregistré pour l’année 2011, et une augmentation de 5.4% des dividendes versés aux actionnaires, supprime 900 postes, invoquant la baisse de consommation, et il annonce qu’il faut mieux restructurer lorsque l’usine est en bénéfice que lorsqu’elle est en difficulté. Il a raison dans cette argumentation, et ce n’est pas en le traitant de voyou que cela change. Peut être faudrait-il avoir plus de diplomatie, comprendre qu’une entreprise ne peut fonctionner que si elle fait des bénéfices, et lorsque les commandes baissent, il faut réagir rapidement, l’affrontement ne résout rien, mais aussi ne pas distribuer des dividendes.

 

L’usine d’Amiens nord est menacée de fermeture conséquence du combat qui dure depuis plusieurs années entre les salariés CGT de l’usine et la direction Goodyear. Le temps qui s’écoule et les lettres que s’envoient Maurice Taylor JR le PGG et Arnaud Montebourg nous font oublier que cette usine fait du profit.

 

Comme la promesse 35 du candidat Hollande prévoyait d’agir par une loi sur les licenciements «dit boursiers», c’est à dire les entreprises qui licencient en faisant des bénéfices, il était prévu de surenchérir le coût des licenciements collectifs pour les entreprises qui versent des dividendes. Goodyear a engrangé 700 millions de bénéfices déclarait le délégué CGT Mickaël Wamen le mardi 12 février. Or, cette promesse dériva en une loi sur la session des sites rentables, loi d’ailleurs difficilement applicable par ce que le droit de propriété est garanti par la constitution, mais de plus des difficultés apparaissaient pour définir un site rentable. Finalement le sujet serait traité par la loi sur la flexibilité et la sécurisation de l’emploi qui devrait contraindre l’entreprise de trouver un repreneur, voir «Entre les promesses du candidat Hollande, et leurs applications,». Compte tenu de cette nouvelle loi, il fut question de prendre contact avec le PDG de Titan International pour la reprise de l’usine d’Amiens nord.

 

L’histoire Goodyear peut se résumer ainsi, en 1991 Goodyear engagea Stanley Gault, ancien directeur financier de Rubbermaid inc, afin de diversifier l’entreprise et de s’ouvrir à de nouveaux marchés. Cette restructuration entraîna le licenciement de 12. 000 salariés. Le 5 octobre 2006, le syndicat United Steelworkers vota une grève à l’usine Goodyear du Kansas, suite à un conflit social. Elle prit fin le 2 janvier 2007 et coûta à l’entreprise 358 millions de dollars. En France, en mai 2008, le PDG annonça la suppression de 400 emplois sur les 2 sites voisins Dunlop et Goodyear de la Z.I. d’Amiens-Nord, et en mars 2009 la firme annonça une nouvelle restructuration avec un licenciement collectif portant sur mille emplois sur l’usine Nord qui comptait 1.450 salariés et un plan d’investissements massifs sur le site de Dunlop. Début 2013, confronté aux difficultés de restructuration et aux combats syndicaux de la CGT, la direction annonça la fermeture du site Goodyear d’Amiens nord. Le site Dunlop ayant été restructuré poursuit sa production.

 

La fermeture de l’Usine d’Amiens nord est donc le fruit d’un combat de cinq années entre la direction et la CGT ultra majoritaire à 90 %. Il s’agissait de passer d’un régime de travail de 3 x 8 en 4 x 8 ce qu’acceptèrent d’ailleurs les salariés de l’usine Dunlop pour sauver leur emploi. Le chantage à l’emploi, par ce que sans augmentation de salaire. Ces conditions de travail impliquèrent d’enchaîner deux jours de travail le matin, deux jours de travail l’après-midi, et deux jours de travail la nuit, avec une journée de pause au milieu, et deux jours de repos. Un régime qui n’est pas sans provoquer des problèmes familiaux et de santé. Les salariés peuvent ainsi travailler jusqu’à 48 heures par semaine. En contrepartie, la direction s’engagea à investir 50 millions d’euros en trois ans, et à maintenir la production et les emplois sur le site.

 

Les actions judiciaires de la CGT par son avocat Fiodor Rilov, bien connu pour être compétent en erreurs de procédure contre les directions qui lancent un plan social, permit que les condamnations se succédèrent les unes après les autres, toujours sous la forme d’une mise en œuvre retardée, mais jamais de remise en cause du motif économique de la restructuration. Une entreprise est maîtresse chez elle dans un régime libéral.

 

Fin 2009, Titan arrive pour acheter l’activité de production de pneus agricoles. Mais la CGT ne voit pas cela d’un bon œil entravant le PDG de visiter l’usine puis de se raviser. Dans le même temps les actions judiciaires continuèrent y compris contre le repreneur potentiel. Début 2012, Titan annonça qu’il retirerait son offre, qui permettait de sauver 537 emplois sur le site, sur quelques 1.200, si rien ne serait réglé en juin. Au printemps, une solution s’amorce pour les 700 salariés menacés de licenciement avec un plan de départs volontaires aux conditions financières et d’aide au reclassement très intéressantes, le solde serait repris à Amiens-Sud.

 

La CGT contre attaqua et demanda 5 ans de garantie au repreneur. Goodyear proposa 3, 5 ans, et Fiodor Rilov annonça que la CGT voulait 7,5 ans !

 

Alors se joua un problème politique pour Fiodor Rilov et Michaël Wamen ils se présentèrent aux élections législatives dans le but de battre le communiste Maxime Gremetz. Le 06 juin Michaël Wamen ne recueillit que 6,3 % des voix.

 

Cette défaite plomba la CGT, et il y aura un plan social. Fiodor Rilov convint Michaël Wamen de compter sur François Hollande pour son soutien, venu en octobre l’annonçant à l’entrée de l’usine pour éviter les licenciements. Et Titan jeta l’éponge annonçant qu’il y aura des licenciements secs, tiré des Échos.fr.

 

La politique jusqu’au boutiste de la CGT porta ses fruits, l’usine va fermer, aucun repreneur en vue mais des lettres d’amabilité entre le PDG de Titan et Arnud Montebourg franchissent l’Océan Atlantique.

 

Les Échos.fr se sont procurés la lettre de Titan envoyée à Arnaud Montebourg que l’on peut lire ici. Dans cette lettre Monsieur Maurice Taylor, ne mâche pas ses mots quand il écrit,

 

«les salariés Français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France Monsieur, votre lettre signale que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan est celui qui a l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français. Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins de 1 euro l’heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. Titan n’est pas intéressé par l’usine d’Amiens nord».

 

C’est une provocation intolérable qui montre que le capitalisme incarné par ce PDG doit être combattu, comme celui du syndicalisme jusqu’au-boutiste, l’un comme l’autre ne mènent nulle-part.

 

Quant à la réponse d’Arnaud Montebourg que l’on peut lire ici, si elle souligne les propos désobligeant du PDG de Titan international, elle n’apporte aucune solution, et il aurait été préférable de ne pas y répondre. Aucun dialogue n’est possible avec un tel personnage. Comment convaincre ce PDG qu’il se trompe sur nos valeurs, notre savoir faire, et notre dynamisme, nos salariés ne sont pas des fainéants, ils travaillent plus de trois heures par jour et ne discutent pas trois heures par jour. C’est donc un imbécile et écrire de tels propos ne mérite que du mépris.

 

Le jeudi 07 mars de violents affrontements se sont produits devant le siège de l’usine à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, à l’occasion d’un nouveau comité central d’entreprise, CCE, sur le projet de fermeture du site. On y relève des blessés légers de part et d’autre, dix-neuf dans les rangs de la police, selon une source policière, et cinq manifestants hospitalisés, selon les syndicats, un camion anti-émeute à la tôle calcinée et des dizaines de bouteilles, cannettes et coquilles d’œufs jonchant le sol. Une personne a aussi été interpellée «pour jets de projectile sur des forces de l’ordre et participation à un attroupement armé».

 

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lemondefr

 

«Le monde ouvrier en a marre de se faire écraser», a affirmé Jean-Louis Ditte, mécanicien de 48 ans dont «vingt-quatre ans de Goodyear». «Ce déploiement de forces de l’ordre, c’est de la provocation», a renchéri Philippe Dufaux, opérateur de 43 ans, depuis treize ans à Amiens-Nord. «Nous, on veut juste protéger nos familles», a-t-il ajouté. Le jusqu’au boutisme ne mène nulle part, et ce ne sont surement pas ces affrontements qui feront avancer la solution.