Téhéran souffle le chaud et le froid

Le président exige de nouveau des excuses de Londres, tandis que les Affaires étrangères affirment que la note diplomatique britannique "peut être examinée". Par ailleurs, un diplomate affirme qu'une procédure judiciaire est lancée à l'encontre des 15 marins britanniques détenus depuis le 23 mars.

Nouvelle étape dans la crise irano-britannique qui a propulsé les baril du pétrole à son plus haut niveau depuis sept mois : selon l'ambassadeur d'Iran en Russie, Téhéran a ouvert une procédure judiciaire à l'encontre des 15 marins britanniques capturés dans le Golfe il y a huit jours et accusés par l'Iran d'avoir violé ses frontières. "Aucune forme d'excuses n'a été reçue de la part de la Grande-Bretagne et le cas devient donc judiciaire", a déclaré le diplomate. "Si leur culpabilité est démontrée, naturellement cela sera suivi d'une condamnation", a-t-il ajouté, démentant par la suite avoir fait état d'un éventuel "procès" à l'encontre des marins britanniques.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a en outre de nouveau exigé samedi des excuses de la Grande-Bretagne, affirmant qu'elle ne suivait pas "la voie légale et logique" dans l'affaire. "L'arrogant publie des déclarations et des exigences contre le peuple iranien au lieu de s'excuser et d'exprimer ses regrets après l'entrée des marins britanniques dans les eaux iraniennes", a-t-il dit. Puis le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé que la note diplomatique britannique reçue par l'Iran "peut être examinée", soulignant néanmoins que Téhéran attendait une attitude "équilibrée" de Londres. Dans la matinée déjà, Téhéran a sommé samedi la Grande-Bretagne d'éviter une "politisation" de l'affaire déclenchée par la capture des marins le 23 mars et dénoncé le "soutien irrationnel" de l'UE à Londres. "Les dirigeants britanniques doivent éviter le tapage médiatique et la politisation pour empêcher une complication de l'affaire", a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

L'Iran affirme que les marins capturés par les Gardiens de la révolution se trouvaient dans ses eaux territoriales lorsqu'ils ont été arrêtés. La Grande-Bretagne assure au contraire qu'ils effectuaient une mission de routine dans les eaux irakiennes, à l'embouchure du Chatt al-Arab. Téhéran avait transmis une note diplomatique jeudi soir à l'ambassade britannique d'Iran, au sujet de laquelle la ministre des Affaires étrangères britannique Margaret Beckett a déploré ne voir aucun "signe" de la volonté des Iraniens de vouloir résoudre cette crise. Londres "poursuit une discussion formelle" avec Téhéran, a indiqué samedi une porte-parole du Foreign office, tandis que la Grande-Bretagne a annoncé avoir répondu à la note diplomatique iranienne. Le Premier ministre britannique Tony Blair a affirmé vendredi sa détermination à isoler l'Iran, tout en appelant à la patience.

Après l'UE, les Etats-Unis ont de leur côté rejeté vendredi toute possibilité d'échange entre les marins et cinq Iraniens détenus depuis janvier par les forces de la coalition en Irak, dont la libération est demandée par Téhéran. Les cinq Iraniens, présentés par Téhéran comme des diplomates, sont accusés par la coalition d'avoir fourni aux insurgés la technologie pour les engins explosifs qui font des ravages dans ses rangs. Washington a cependant gardé un ton prudent, réfutant la perspective d'une escalade militaire. "Si la Grande-Bretagne a besoin de quoi que ce soit de notre part, nous serons prêts à le lui fournir, et désireux de le faire", a conclu le Maison blanche.