Elles sont âgées de plus d’une soixantaine d’années et issues de la bourgeoisie brésilienne. Elles possèdent beaucoup d’argent dans un pays où les inégalités sociales sont terribles. Elles ont aussi pas mal de temps à tuer : l’ennui les guette. Ces dames à la respectabilité d’acier vont pourtant s’«encanailler» dans les bras de bellâtres ténébreux, tirés à quatre épingles et aux cheveux impeccablement gominés. Photo : Rudolph Valentino

Dans certaines discothèques de Rio, elles louent les services  de danseurs qui, sur les pistes, les emmènent dans un tango langoureux ou dans un cha-cha-cha endiablé. Tout cela leur rappelle leur jeune temps et permet à leur cavalier d’une danse, d’une demi-heure, de gagner sa croûte. Ce dernier est communément appelé «taxi boy» ou danseur mondain.

Le phénomène revient en force aussi dans nos villes et nos campagnes. Le succès est compréhensible. Car il y a, dans nos villes et bourgs, de plus en plus de personnes qui sont seules et qui désirent pouvoir danser avec un partenaire de qualité. Ou tout simplement parce que le mari ne veut ou ne sait pas danser.

Petit historique

Il n’y a donc pas qu’au Brésil que des hommes se mettent à la disposition de danseuses de salon. Ce phénomène, qui  connaît un regain d’intérêt dans notre vieille Europe, a connu de folles heures de gloire et des figures de proue. Billy Wilder, ce monstre sacré du cinéma hollywoodien, avait commencé sa carrière comme danseur mondain. «Je me débrouillais pour le tango», aimait-il dire aux journalistes venus l’interroger à ce sujet. «En 1927, à Berlin, j’avais une fiancée américaine qui m’avait enseigné le charleston, une danse encore inédite en Allemagne. J’avais pris de l’avance sur mes collègues et ma clientèle appréciait. Je me faisais 20 marks en une demi-heure.»

Dans les années 1910, jeune immigré italien aux États-Unis, un certain Rudolph Valentino exerçait également ce métier en le confondant parfois, il est vrai, avec celui de gigolo !