Elles devaient être estimées « dangereuses », « perverties et perverses », en sus, certaines étaient de culte chiite : une douzaine d’étudiantes de l’université féminine pakistanaise Sardar Badur Kahn de Quetta sont mortes, victimes de l’attentat d’un bus. Mieux : les agresseurs ont attendu que les proches des blessées subsistantes les visitent à l’hôpital pour prendre le bâtiment d’assaut…

On ne peut préjuger encore du bilan de l’attentat de Quetta. Une douzaine de jeunes étudiantes, sans doute estimées trop « libres », en dépit du fait qu’elles fréquentaient une université n’admettant que des femmes, sont déjà mortes dans l’attentat d’un bus. L’attentat a fait aussi d’autres victimes collatérales, il était initialement fait état de 22 à 24 décès au total, jusqu’à nouvel ordre.

Car les auteurs avaient aussi prévu la suite. Ils avaient piégé l’hôpital le plus proche. Une seconde bombe a explosé, puis des hommes armés s’en sont pris aux blessé·e·s et à leurs proches venu·e·s prendre de leurs nouvelles.

Les chiites hazaras sont particulièrement visés à Quetta. Le 23 mai dernier, il s’était déjà produit un autre attentat… Qui en suivait d’autres…

Le bus visé était emprunté surtout par des étudiantes. Les poseurs de bombes (bus, hôpital) ont ensuite assailli l’hôpital, au nombre de huit, selon Al Jazeera. Trois membres de la sécurité et trois infirmières auraient déjà été tuées, et le siège se poursuivait ce samedi.

Le bilan sera lourd car le bus a pris feu après l’explosion : les blessées, si elles n’ont pas été déjà achevées, ne peuvent être soignées dans ces conditions de terreur.

Ce samedi matin, à Ziarat, l’ancienne demeure, transformée en musée, de l’un des fondateurs du pays, Mohammed Ali Jinnah, a explosé sous des tirs de roquettes. Il était estimé trop libéral, trop réformateur de son vivant. Depuis début janvier, à Quetta même, 300 personnes (dont deux encore hier, vendredi) ont trouvé la mort dans des attentats ou sont tombées, victimes de tirs, de guet-apens ciblés, &c. On compte environ un millier de morts brutales par an pour l’ensemble du pays, rien que dans des attentats.

Selon Dawn, site pakistanais, le bilan serait déjà de 22 morts, dont 14 étudiantes. Il ne resterait plus que quatre assaillants à l’intérieur de l’hôpital. 35 otages ont pu être libéré·e·s.

La choura de Quetta, capitale du Baloutchistan, fief des talibans, vise les chiites, mais aussi les femmes. Mais les combattants indépendantistes frappent aussi, surtout les forces de sécurité. Pour les talibans et les sectes sunnites, la population ne sera jamais suffisamment islamisée, soumise à leur gré et selon leurs propres conceptions. En matière d’éducation, seules les madrasas sont tolérées. 

Ce même samedi, deux explosions de bombes consécutives ont visé des personnels militaires dans la capitale, Karachi. À Lahore, c’est le tribunal qui a été l’objet d’un assaut par des hommes armés (il s’agissait d’un règlement de comptes).

Le siège de l’hôpital s’est terminé par la mort des derniers assaillants qui se sont fait sauter plutôt que de se rendre, selon la police pakistanaise. Selon l’AFP, citant les autorités locales, le bilan se serait alourdi à « au moins 25 morts et une quarantaine de blessés ». La plupart des femmes se trouvant dans le bus, étudiantes ou professeurs, ou personnes à proximité immédiates, ont été très grièvement brûlées. L’université représentait le « tort » d’accueillir pour partie des étudiantes chiites, ou peut-être tout simplement, des femmes, susceptibles d’être moins dociles que des illettrées.