Divorce sans consentement mutuel – Rappelons-nous


Divorce Sans Consentement Mutuel – Ou le Roman de trois gifles électorales annoncées

 

 Les raisons, les causes et les conséquences

d'un monumental désastre annoncé

 

                                              

                                                           Le 21 avril 2002, Lionel Jospin, Premier Ministre, au soir

de sa défaite lors du 1er tour des Elections présidentielles,

décide de se retirer définitivement de la vie politique :

« J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en

tire les conclusions en me retirant de la vie politique après

la fin de l’élection présidentielle »

 

 

          Pour la France, il y aura eu le véritable constat d'une incompréhension totale entre la classe politique toute entière et son électorat…. Rappelons-nous ! Dimanche 21 avril 2002, 20 heures… La France apprend, étonnée, ébahie, sidérée, ce qu'aucun institut de sondages n'avait jamais prévu et n'aurait jamais osé prévoir : le Premier Ministre candidat, Lionel Jospin, est balayé d'un coup de baguette magique par un Jean-Marie Le Pen ‘’ triomphant’’(1), qui, raflant 16,86 % des voix, se retrouve seul en lice pour le second tour des élections présidentielles « 2002 » face à Jacques Chirac, Président de la République, candidat à sa propre succession !

Cet « ouragan », que nous n'hésiterons pas à nommer « Divorce sans consentement mutuel »,  que seul les taux de l'abstention (28,4 %) et ceux des votes blancs ou nuls (3,38 %) ne sauraient expliquer, est un coup de semonce lancé par le Peuple d'une France meurtrie… un peuple déçu, un peuple en colère, dans l'urgence, qui attend vainement les réponses précises qui ne viennent toujours pas, et, ce, depuis 1981, année de l'élection de François Mitterrand à la tête de notre Pays…

L'immigration, la dégradation économique, la destruction du tissu industriel de la France, l'augmentation du chômage, l'insécurité grandissante, le poids de plus en plus lourd de la fiscalité, l'élargissement de l'Europe de Maastricht semblent être autant de problèmes insolubles !

Alors, ce même peuple, qui, selon ses « humeurs » ou ses « colères » du moment, s'en va à Gauche, puis à Droite, se dirige de nouveau à Gauche avant de revenir vers la Droite, et, ce, depuis 1986, date de la première Cohabitation « à la française », sans pour autant, se tourner vers les extrêmes, qui enregistrent, d'élections en élections, des scores de plus en plus importants.


 

(1)Tout le monde se souvient de cette loi sur les parrainages qui aurait pu être fatale au Président du Front National : pour que sa candidature aux Présidentielles "2002" fût validée officiellement, il a fallu que Jean-Marie Le Pen  présente 500 signatures de parrains (grands électeurs élus) au Conseil constitutionnel. Il a failli ne pas pouvoir remplir cette formalité en temps et en heure, certaines signatures se faisant attendre et d'autres ayant été annulées. Ce fut l'objet d'une campagne de presse orchestrée par le F.N, (consistant à « victimiser » Jean-Marie Le Pen) qui aurait pu être évitée si cette loi sur les parrainages avait été assouplie ou du moins modifiée quant aux modalités de son application.

 

          Malgré les sérieuses réformes mises en chantier par le Gouvernement de la Gauche plurielle(1), ce ‘’ bon’’ peuple, qui n'est jamais rassasié, qui s'impatiente, attend toujours… en vain ! Pendant ce temps, de graves plans sociaux, succédant à d'autres plans sociaux tout aussi graves, des patrons ‘’voyous’’ partant à la cloche de bois, causent une augmentation constante du chômage, de la précarité, tout en laissant sur le carreau des régions françaises totalement sinistrées  sans que rien de concret ne soit sérieusement entrepris !

Dubitatif, voire sidéré, ce ‘’ bon’’  peuple, lui, qui s'estime issu de la Gauche ‘’Communiste’’ ou ‘’non Communiste’’, ne comprend vraiment plus : il ira jusqu'à reprocher au Gouvernement Jospin, composé pourtant de trois ministres issus du Parti communiste français(2), « de mener une politique de Droite ! ».  Ce n'est pas l'adoption, par voie référendaire(3), de la loi créant le Quinquennat présidentiel qui va le calmer : bien au contraire ; car, pour beaucoup de Français et de parlementaires, « le Quinquennat nuit gravement au recours à l'alternance »(4). Plus grave encore, lorsque Lionel Jospin, alors Premier Ministre, déclarera, en octobre 1999, à Clermont-Ferrand, aux ouvriers des Usines Michelin victimes du plan social annoncé par leur entreprise pourtant bénéficiaire : « Il ne faut pas tout attendre de l'Etat et du Gouvernement », le ‘’bon’’ peuple se sent, lui qui n'a pas oublié le scandale des Usines Renault à Vilvoorde (Belgique) survenu pendant les Elections Présidentielles de1995, trahi, floué, atteint dans son âme !… Mais ce ‘’bon’’ peuple-là se trouve profondément écoeuré par l’attitude du Candidat Lionel Jospin, lorsque celui-ci s’en prendra sans vergogne à l’âge ‘’canonique’’ du


(1)La « Loi Aubry » portant sur la réduction du temps de travail, dite « Loi sur les 35 heures », Création des « Emplois jeunes », Instauration de la Couverture Médicale universelle (C.M.U.), Suppression de la vignette « automobile », Gratuité de la délivrance de la Carte nationale d'Identité et du Permis de conduire…

(2)Jean-Claude Gayssot, Jean Glavany et Marie-George Buffet.

(3)Dans son Article 10, la Constitution du 4 octobre 1958 de la Vème République) stipule : « le Président de la  République promulgue les lois dans les  15 jours qui suivent la transmission au Gouvernement de la loi définitivement adoptée. Il peut, avant l’expiration de ce délai, demander au Parlement une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles. Cette nouvelle délibération ne peut être refusée ».  De plus, cette même Constitution va plus loin, puisqu’elle prévoit, dans son Article 11 : « Le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel, peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, comportant approbation d'un accord de Communauté ou tendant à autoriser la ratification d'un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions. Lorsque le référendum a conclu à l'adoption du projet, le Président de la République le promulgue dans le délai prévu à l’article précédent » (cf. : « Les Pouvoirs publics », 6ème Edition, in Journal officiel de la République française, Paris, 1er septembre 1992).

(4)A notre sens, l'adoption, par voie référendaire, du Quinquennat présidentiel est une grave erreur politique, puisqu'il interdit toute forme d'alternance démocratique. Ramenée de 7 à 5 ans, la durée du mandat présidentiel  suppose que, comme l'avait décidé Lionel Jospin, des élections législatives (les députés ayant un mandat de cinq ans) soient forcément organisées après des élections présidentielles. Ce système octroie « de facto », au Président élu, une Chambre entièrement de son bord, donc un pouvoir présidentiel exorbitant, qu’il pourrait perdre en cas d’éventuelle cohabitation : en effet, le Chef de l’Etat ne serait considéré  que comme « le Chef suprême de l’ancienne Majorité gouvernementale » et non plus comme « l’Arbitre suprême de la Nation ». Certaines personnalités politiques, voudraient que le poste de Premier Ministre, devenu, à leurs yeux, « inutile », soit supprimé. Même si elle n'était pas parfaite, la Cohabitation  permettait, dans ce « régime de Septennat présidentiel », l'exercice d'une véritable alternance démocratique puisqu’elle démontrait que le Président de la République était « le Président élu de tous les Français », et, ce, quelque soit sa couleur politique… 

 

 

 

Chef de l’Etat !… Pis encore, avec l'adoption de la monnaie unique, l'€uro(1), qui va creuser encore plus d'inégalités, une augmentation des prix à la consommation sera constante, tout ceci, à cause d'un évident manque de volonté d'agir. Ainsi, le porte-monnaie des ménages les plus sinistrés, va encore plus accroître la colère de ce Peuple de Gauche. L’on est en droit de se demander si le Gouvernement Jospin n’aurait pas du bloquer immédiatement tous les prix à la consommation lors du passage à cette monnaie unique ?

 

          Alors, osant commettre l'irréparable, ce ‘’ bon’’ peuple va, devant les urnes, dans le secret de l'isoloir, faire payer très chèrement sa déconvenue et son mécontentement au Gouvernement de cette Gauche plurielle, pourtant porteuse, à ses yeux, de grands espoirs…

Là, on sent que l'absence de François Mitterrand, son Dieu, son Guide suprême et charismatique  se fait cruellement ressentir… Pire encore, ce même peuple reprochera à Lionel Jospin, ainsi qu'à ses ministres, leur manque de communication, de dialogue et de courage dans la mise en place de réformes nécessaires et profondes, qui lui auraient suffi pour que la France se sorte durablement de la crise et de la spirale montante du chômage.

Les affaires politiques et judiciaires, tel le sang contaminé, les financements douteux de certains partis politiques grâce aux versements de diverses commissions plus que douteuses…, ternissent durablement l'image de la classe politique toute entière, et, ce, quelque soit le gouvernement en place. C'est dire si ce ‘’bon’’  peuple impatient, qui, par ses votes, a mis en place, deux gouvernements de ‘’cohabitation à la française’’, ne sait plus à quel saint se vouer ! La disparition de pans entiers de notre économie, les divers plans sociaux, les délocalisations, les faillites d'entreprises pourtant réputées ‘’sûres’’, le manque de compétitivité de notre pays face à des pays réputés ‘’plus avantageux’’ aux plans social, fiscal et salarial…, sont les causes profondes de l'augmentation croissante du chômage qu'aucun gouvernement, qu’il soit de droite, qu’il soit de gauche, n'a réussi à combattre malgré les nombreuses mesures mises en place. D’où l'impression de se trouver dans une France ‘’à deux vitesses’’, voire pour beaucoup, dans une ‘’République bananière’’ !

 

          Au fond, qui est le  grand perdant de cette déroute du 21 avril 2002 ?

 

 Serait-ce le Parti socialiste (P.S.) ? Serait-ce le Parti  communiste français (P.C.F.) ? Serait-ce le M.R.G.  Seraient-ce « les Verts », le parti écologiste de Noël Mamère ? Ou bien, Serait-ce la Droite elle-même ?

 

          Non !… Il y eut plusieurs perdants. 


(1)Selon les économistes bien informés, l'adoption de l'Euro, monnaie unique des Etats de l'Union européenne, est censée éviter l'inflation tout en facilitant la circulation des biens financiers à travers tous ces pays qui ont adopté l'Euro.

 

 

Le premier d'entre eux est sans conteste le Parti communiste français (P.C.F.). Depuis 1986, il voit son électorat se détourner peu à peu, tout d'abord au profit du Front national (F.N.)(1) dès le début, ensuite vers le Mouvement national républicain (M.N.R.) de Bruno Mégret(2), mais aussi plus rarement au profit des Partis d'Extrême Gauche(3). Cette tendance, qui se vérifiera, d'une manière flagrante lors des Elections législatives « 2002 »(4), nous montre un P.C.F. ruiné financièrement(5), qui, et c'est encore plus grave, voit son traditionnel Groupe parlementaire à l'Assemblée nationale réduit à 22 députés communistes et apparentés communistes(6).

Pourtant, elle n'est pas si loin la période durant laquelle  il fallait compter sur le P.C.F. comme principale force d'Opposition face à un capitalisme grandissant et à un socialisme jugé ‘’trop mou’’ et ‘’trop bourgeois’’ : considéré, avec un score culminant à plus de 20 % des voix, comme le Premier Parti  ouvrier de France, il pouvait se permettre, grâce à son implantation, de se montrer fier de sa ‘’ceinture rouge’’ encerclant Paris !

Depuis la chute du Mur de Berlin, depuis la mort programmée de l'U.R.S.S. et des démocraties populaires européennes(7), le P.C.F., qui ne s'est pas relevé du décès de son Chef charismatique, Georges Marchais, est à la recherche de son identité ! Malgré les tentatives de Robert Hue, Député Maire de Montigny les Cormeilles(8), devenu Secrétaire Général du Parti communiste français(9),  il


(1)Selon certains observateurs politiques, François Mitterrand aurait réussi deux coups politiques importants :

    Il aurait marginalisé le P.C.F. en le faisant entrer dans le Gouvernement Mauroy.

    Il aurait donné l’occasion, au Front national, d’être présent sur l’échiquier politique français. En effet l’introduction du scrutin proportionnel ) un tour pour les élections législatives du 16 mars 1986 permit au Front national de disposer de son propre Groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, grâce à ses 35 députés élus, avec seulement 9,65 % des voix, soit : 2.705.336 électeurs.

C'est dire le nombre de députés dont  pourrait disposer le Parti de Jean-Marie-Le Pen, si, d'aventure, le scrutin à la proportionnelle était décidé pour les prochaines Elections législatives !!!!

(2)Dans une moindre mesure, puisqu'il fait un score beaucoup plus bas que le Front National, qui reste maintenant le Premier Parti ouvrier de France, le M.N.R. obtient aussi des miettes de cet électorat  du P.C.F.

(3)Lutte Ouvrière, Ligue communiste révolutionnaire, Parti des Travailleurs

(4)Pourtant, lors du second tour des Législatives « 2002 », la traditionnelle confrontation « Droite/Gauche » eut bien lieu, et, ce, malgré quelques rares ‘’triangulaires’’.

(5)La ruine du P.C.F. va pousser son Secrétaire Général, Marie-George Buffet, à lancer une souscription volontaire, qui sera destinée à renflouer les caisses de ce parti, qui sont largement déficitaires…

(6)Beaucoup se demandent à juste titre pourquoi le Front national, qui, culminant à près de 17 % des voix lors des élections, n'a aucun député à l'Assemblée nationale alors qu'il a plusieurs élus au Parlement européen ; d'autres, évoquant cette question, suggèrent que les élections législatives se fassent au scrutin proportionnel à un tour, comme ce fut le cas pour les élections législatives du 16 mars 1986.

(7)Auparavant membres européens du Pacte de Varsovie : la République démocratique allemande (‘’mangée’’» par la République fédérale d'Allemagne), la Tchécoslovaquie (formant aujourd'hui deux états : la Slovaquie et la Tchéquie), la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, la Roumanie, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie.

(8)Ancien infirmier psychiatrique, Robert Hue a défrayé la chronique, le 24 décembre 1980 en donnant l'ordre à des bulldozers de démolir un foyer Sonacotra de sa commune (l'Affaire des Maliens) et, le 2 février 1981 en accusant à tort une famille marocaine de trafic de drogue. Ces Maliens étaient totalement en règle, puisqu'ils travaillaient, pour certains d'entre eux, pour une importante municipalité ; cette famille marocaine, la Famille Kharbouch, a été, comme on le sait, totalement innocentée par la Police judiciaire de Paris.

(9)Il a succédé à Georges Marchais, puis, à co dirigé le P.C.F. avec Marie-George Buffet avant de lui laisser la place. On aurait pu croire Robert Hue retiré définitivement de la vie politique nationale puisqu’il avait été battu aux Législatives « 2002 » ! Mais, il vient d’être triomphalement élu Sénateur du Département du Val-d’Oise.

 

 

semble impossible à son Bureau Politique et à son Comité central de trouver cette nouvelle voie dans la donne politique intérieure et internationale : les discours doivent changer, mais ne changent pas, car, semblant refuser la modernisation de ce parti et de ses cadres, les membres dirigeants du Comité central et du Bureau politique du P.C.F. en sont encore à la « bonne » époque du « centralisme démocratique »(1).

 

          Le P.S. peut être également considéré comme un grand perdant de cette soirée du 21 avril 2002. Il est en plein désarroi : la défaite, et, ce, dès le premier tour des Présidentielles « 2002 », de son candidat, Lionel Jospin, est beaucoup plus grave, voire plus impardonnable aux yeux de ses dirigeants, que si il avait subi cette défaite au second tour face à Jacques Chirac !  Devant cet affront subi de plein fouet, Lionel Jospin, signifiant son retrait de la vie politique française et la démission de son Gouvernement, rendra son Parti orphelin !

Aussi, c'est dans l'urgence que le Parti socialiste élit son Secrétaire général national : François Hollande. Ce dernier, par ailleurs Député Maire de Tulle, est appelé à remplacer au pied levé son illustre prédécesseur, Lionel Jospin… Cela s'avère très dur, car il semble, selon nombre d'analystes politiques, avoir beaucoup moins de charisme que l'ancien Premier ministre…

Jacques Delors et Michel Rocard sont les seuls, qui, depuis les disparitions de François Mitterrand et de Pierre Bérégovoy, auraient pu redresser le P.S. Or, ils semblent silencieux comme si ils avaient été définitivement écartés du débat national(2). Quant à la vieille garde, composée de Jack Lang, Dominique Strauss-kahn, Laurent Fabius…, serait-elle là pour veiller attentivement sur le P.S., et, ce, au détriment des étoiles montantes, tels le député Arnaud Montebourg(3)  et le Sénateur Jean-Luc Mélenchon ?

Bref, le P.S., qui n'a toujours pas digéré sa défaite, se cherche tout en tentant de redorer son blason écorné par un F.N. « conquérant ». Mais, on peut se demander si la multiplicité des candidatures de la Gauche non communiste(4) n'a pas été aussi un facteur déterminant dans la défaite de Lionel Jospin, à cause du mauvais report des voix ? A contrario, l'on pourrait se poser la même question concernant la Droite qui se présente divisée devant les électeurs ?

                                              

          Depuis la mort du Général de Gaulle(5), certains prétendent que la Droite, pourtant toute puissante, « a perdu beaucoup de son âme », à un point tel qu'ils vont jusqu'à supposer qu' « elle semble souvent lorgner vers sa Droite ».


(1)Patrick Braouezec, Député Maire de Saint Denis, Charles Fitterman, Ministre communiste des Transports sous le Gouvernement Mauroy, et, actuellement membre du Parti Socialiste, furent les principaux "meneurs" qui voulaient réformer le Parti communiste. Ils ont fait partie du clan des « Communistes re-fondateurs ».

(2)Pas si sur, du moins en ce qui concerne Michel Rocard, puisque ce dernier a été réélu Député européen lors des dernières élections européennes « 2004 ».

(3)Qui prône la modernisation du Parti socialiste vers un Nouveau Parti socialiste.

(4)Jean-Pierre Chevènement, Christiane Taubira, Noël Mamère.

(5)Qui affirmait que « les Français sont des veaux ».

 

 

D'autres encore, se souvenant de la dissolution de l'Assemblée nationale décidée en 1995 par le Président Jacques Chirac, « qui », à leurs yeux, « était l'erreur majeure qu'il ne fallait  surtout pas commettre »(1), osent avancer que « La France aurait la Droite la plus bête du Monde »… Quoiqu'il en soit, cette Droite, elle aussi, est sidérée par le score historique de Jean-Marie Le Pen et par l'élimination de Lionel Jospin.

 

          Le Front national est sans conteste le seul et unique grand gagnant de cette bataille cruciale… Avec 16,86 % des voix obtenus au soir du 21 avril 2002, son candidat, Jean-Marie Le Pen, est assuré de voir son mouvement prendre la tête d'un courant d'idées contestataires, qui, on l'a constaté, a changé de camp : ce n'est plus la Gauche qui en est l'inspiratrice, mais, c'est la Droite nationaliste, qui en devient le porte-parole

 

          Le grand absent du premier tour de ce scrutin présidentiel est Charles Pasqua, Président du Rassemblement du Peuple français (R.P.F.), qui, ayant été victime de la fameuse loi sur les parrainages, a été écarté de la course à l'Elysée… Sa présence, aurait-elle pu écorner quelque peu le score atteint par Jean-Marie Le Pen ? Qu'il nous soit permis d'en douter !

Dès lors, plus rien ne sera comme avant puisque l'habituel combat « Gauche/Droite » n'aura pas  lieu(2) ! Les certitudes s'envolent tout comme les habitudes bien établies : l'électorat a sanctionné sa classe politique… 

La leçon à retenir de ce premier « divorce sans consentement mutuel » est que la classe politique s'est retrouvée à gérer le ralliement de cinq types d'électeurs  pour le second tour des Présidentielles(3) :

– les ‘’ déçus’’ du P.S. et  du P.C.F. n’ayant pas hésité, pour certains, à reporter leurs voix vers le F.N., et, pour d'autres, vers le M.N.R. ou vers les partis d'Extrême Gauche ;

– Les ‘’déçus’’ de l'U.D.F. et de l'U.M.P. s’étant orientés vers le parti de Jean-Marie Le Pen ou vers celui de Bruno Mégret ;

– Les ‘’ déçus’’ de toute la classe politique n'ayant pas hésité quelques que soient leurs tendances politiques, à faire entendre leurs voix afin d'effectuer des


(1)Cette dissolution, rappelons-le, a été décidée à la suite de l'impopularité « supposée » du Gouvernement Juppé, qui a eu à subir, durant l'Hiver 1994/1995, la plus grave grève des Transports publics que la France ait connue. L'on prétend que « le Président Chirac aurait été conseillé par  certains de ses éminences ».

(2)Un précédent, certes beaucoup moins grave, s'est produit : le 15 juin 1969, au second tour des Elections présidentielles, organisées à la suite de la démission, le 28 avril 1969 à midi, du Général de Gaulle, intervenue après le rejet, par les Français, de son projet de loi référendaire pourtant sur la régionalisation et la réforme du Sénat, Georges Pompidou, qui représentait le courant gaulliste, a été élu avec 11.064.371 voix face à Alain Poher, représentant le courant centriste, qui n'obtenait que 7.943.118 voix

(3)La leçon s'est répétée dès le premier tour des Régionales de 2004, à une seule différence de taille : aux deuxième tour de ce scrutin, le Front National, s'est maintenu dans 17 régions sur 22 et a provoqué des triangulaires, qui ont permis à la Gauche de rafler 21 régions sur 22.

 

votes ‘’ sanction’’ pour les extrémistes de Gauche, histoire de prévenir, quitte à retourner plus tard dans « le droit chemin électoral »(1) ;

– Les ‘’abstentionnistes’’ ne s’étant pas déplacés pour aller voter, du fait de leur dégoût profond envers la classe politique toute entière ;

– Ceux qui ont eu le geste citoyen d'aller voter, mais qui ne se sont prononcés pour personne, ont également exprimé une sorte de vote "sanction" en déposant un bulletin ‘’blanc’’ ou ‘’ nul’  dans l'urne(2).

 

          De ce fait, pendant la campagne du second tour de ces Présidentielles, la mobilisation générale autour du Chef de l'Etat est organisée. Les états majors politiques se consultent, puis, se mettent en place, alors que dans la rue, des manifestants font entendre spontanément leurs voix, et, ce, dès l'annonce, par les radios et télévisions, des résultats de ce premier tour… Un seul mot d'ordre est lancé : « il faut, coûte que coûte, barrer la route à Jean-Marie Le Pen ».

Seul, un sursaut national… un plébiscite… va ‘’légitimer’’ Jacques Chirac, qui sera réélu triomphalement avec 82 % des voix issues de la Droite, du Centre, du P.C.F. et de toute la Gauche non communiste, les partis d'Extrême Gauche(3) ayant publiquement ordonné l'abstention.

 

 

 

 

 

 


(1)Obéissant aux consignes de Lutte ouvrière, de la Ligue Communiste révolutionnaire et du Parti des Travailleurs, ces électeurs ont préféré s’écarter de ce débat politique.

(2)Voir Note 1.

(3)Lutte ouvrière, Ligue Communiste révolutionnaire et Parti des Travailleurs.