Quand une fontaine devient une abbaye… – Une énigme à résoudre et toujours pas résolue –

Initialement j’étais villa romaine, univers des gladiateurs, des taureaux, des boeufs et de la déesse Cybèle…, sise au coeur de marécages… dans une "prada" et une "pradere dels jonecs" (prairie des torillons)… Véritable centre d’entrainement, les gladiatores y étaient formés et leur hostal del glaviador y côtoyait un templum cybébis… et une fontaine, située à l’entrée du domaine, en a été longtemps son dernier vestige. Et au Moyen Âge, des moines de l’abbaye Saint André d’Eixalada et des templiers installés près du cours d’eau Chante grenouille, me mirent hors de toutes eaux…

Aux XII° siècle je devins un monastère cistercien réservé aux femmes…

Mais à cause de mon lieu isolé, exposée aux brigands des grands chemins, mon abbaye avait été transférée au coeur d’une ville proche célèbre pour son palais, sa porte, son petit château et son visa…

Après avoir été donné en emphytéose, ainsi en avait décidé un roi, par la volonté d’un prieur, au XVII° siècle, des moines de Sainte Croix, réinvestirent le monastère…

Mais, la Révolution venue, j’étais passé dans le domaine civil et, vendu à un tuilier, je ne suis plus qu’un domaine agricole et viticole… dont plusieurs légendes en sont issues certaines faisant état d’un sabbat, d’autres d’un berger, d’un meunier ou d’une dame blanche… Pour dernier indice, un concile, au XI° siècle, s’est tenu en ce lieu alors que l’histoire en a retenu que le dit concile s’était déroulé dans le pré, autour d’une église, "le Champ de Mai", d’une commune proche réputée pour ses amaryllidaceae et ses sortes de poireaux dont la culture a été créée par Xat de Benaigues, consommés au gril et à la salvitxada… Par respect faisons donc une trêve…

Cette porte ainsi qu’une statue de la Vierge, l’une et l’autre ayant appartenu à mon monastère, se trouvent dans une église toute proche… et, dans un cloître, non loin aussi, a été transféré le tombeau d’un des confesseurs des nones….

Quand je fus construit, j’étais situé sur les terres d’une commune renommée pour son vin apéritf aromatisé au quinquina qui valut un procès retentissant à ses concepteurs… Aujourd’hui, j’appartiens à une commune limitrophe qui fut siège de vicomté au Moyen-äge et qui en hébergea les premiers vicomtes.

De plus, la commune qui m’héberge, à la fin du XIX° aurait dû connaître la notoriété qui a échu à la ville dont j’étais originaire, car les frères Simon et Pallade, avaient envisagé d’y installer leur cave, tout près de la gare avec une cuve qui en fit sa renommée… ce qui leur aurait évité de construire, en plus de leurs cuves, une voie de chemin de fer. mais cela ne fut pas à cause de l’entêtement absurde, et de son engagement politique, d’un propriétaire terrien refusant la vente d’un jardin de 500 mètres carrés situé en plein centre de la future cave à conditionnement d’un vin médicinal exporté partout dans le monde…

Petits indices supplémentaires : Quand mes terres furent vendues à la Révolution, mes terres sont devenues domaine agricole où l’on y cultivait le yèble. Je me suis mué, petit à petit, en domaine arboricole et viticole… Mes murs sont transformés en cave et mon abbatiale en salle de réception…

Quelle abbaye suis-je ?