Le premier prix

 

A ceux qui en doutaient encore, le scepticisme aujourd’hui n’est plus de mise. L’homme par qui le scandale est arrivé va pouvoir mettre un point final à une affaire qui n’a que trop duré.

Une affaire qui pendant cette année et demie qui vient de s’écouler ne lui aura rien épargné.

Là où, à n’en pas douter, beaucoup aurait été anéanti, il aura su traverser la tempête en gardant la tête haute et le regard droit, sans jamais faillir. Tel le capitaine resté seul dans la tempête. Droit et fier sur le pont de son navire contemplant les flots déchainés.

Sûr de lui, de ce qu’il est et de ce qu’il a fait.

Cet homme dont nous avons suivi la descente aux enfers et scruté le regard, tapi derrière notre écran télévisuel. Ce regard et cette attitude que certains qualifièrent d’arrogance ou d’orgueil quand ce n’était que de la maladresse. Maladresse pour cacher la honte d’être ainsi montré du doigt, sali, traîné dans la boue et jeté en pâture au monde entier. Déshabillé et mis à nu. Un viol médiatique.

Cet homme pourtant n’a pas flanché.

Lui à qui cette « sale affaire » aura fait perdre honneur et dignité mais aussi, à 62 ans, toute perspective quant à l’avenir professionnel auquel il se destinait.

Lui qui aura passé sa vie à se construire une solide réputation malgré quelques rumeurs, de ci de là, et  n’aura de cesse de gravir les strates du monde des affaires et de la finance occupant même quatre années durant le fauteuil de l’homme le plus puissant du monde. Un fauteuil qu’il s’est vu contraint d’abonner.

Cet homme dont le tort fut de se montrer agneau quand tous, vous désigne loup. Animal prédateur à la fois détesté et protégé. Ambivalence du personnage.

Quel animal oserait encore se montrer altier même pris au piège, acculé ?

Quel animal serait capable d’afficher un regard mêlant dédain et supériorité ?

Aucun animal, assurément mais un monstre, à n’en pas douter.

Mais les monstres ça ne peut pas exister, n’est-ce pas ? En tout cas pas dans ce milieu, non.

Les histoires font peur où font rêver.

La sienne oscille entre mensonge et vérité. C’est d’une affligeante banalité.

                                       

Hier un pays qui se cherche et tremble d’aller rejoindre son voisin hellénique veut voir en lui celui par qui la France saura montrer au monde, au-delà des frontières européennes, qu’elle est une nation fière. Fière de ce qu’elle est et fière des hommes qui la gouverne.

Aujourd’hui cet apôtre du changement est cloué au pilori par les déçus qui ont cru que le pouvoir et l’érudition suffisaient à faire d’un homme ce qu’il est.

Les couloirs et les allées sombres du pouvoir sont semblables aux Arcanes du Chaos*, il a retenu la leçon.

De son pouvoir il a joué, de son pouvoir il joue et jouera encore. Celui de l’argent, celui de la liberté, celui du silence.

Sa liberté à lui c’est le prix de son silence à elle.