L’ultra conservatisme de Viktor Orban plonge la Hongrie,

dans un fascisme qui ébranle le fondement démocratique de l’Union Européenne.

Viktor Orban, Premier ministre hongrois, à l’origine d’une nouvelle Constitution hongroise très conservatrice. © REUTERS

La Hongrie de l’Empire Austro-hongrois à l’arrivée du conservateur Viktor Orban en passant par des dictatures fasciste et communiste, la Hongrie n’a cessé de faire trembler l’Europe.

Support Wikipedia Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orban, ancien étudiant progressiste devenu par opportunisme un politicien ultraconservateur, a multiplié les mesures autoritaires. Son parti populiste le Fidesz union civique hongroie, rappelant les heures sombres du fascisme d’après la Première guerre mondiale, lamine les pauvres et fait la chasse aux Roms provoquant leur fuite. Il y a un an, il fit adopter une loi controversée sur les médias. Le service public transformé en outil de propagande, provoquant ainsi des grèves de la faim de journalistes. De même, l’unique radio d’opposition en Hongrie, Klubradio, a perdu sa fréquence après une décision du Conseil des médias, proche du gouvernement conservateur. Les milices d’extrême droite pullulent en Hongrie en totale impunité, rappelant les bataillons d’assaut, les SA la Sturmabteilung nazie. En total oubli, voire négation, des heures sombres de la période nazie, elles se sont mises à pourchasser les Roms. Dans le village de Gyöngyöspata, dans le nord-est de la Hongrie, deux cent soixante-dix-sept femmes et enfants Roms ont fui, le vendredi 22 avril 2011, avant le retour de cette milice d’extrême droite, qui voulait y organiser un «camp d’entraînement». Dans une autre commune, un service de travail obligatoire a été institué pour les Roms mais pas pour les Hongrois…

C’est sur ce triste constat, que le premier janvier 2012, la Hongrie a basculé dans ce régime nationaliste dictatorial dont l’étendue politique laisse prévoir de grandes difficultés au niveau de l’Union par ce qu’il instaure une réforme de la loi électorale, brisant toutes possibilités à une opposition d’accéder au pouvoir. C’est la dictature démocratique instaurée par la majorité du parti Fidesz fort des 2/3 de voix parlementaires, au pouvoir depuis 2010, qui a fait passer 213 lois en 2011 afin de renforcer son emprise sur la vie économique et politique par un contrôle des médias. Une sorte de fascisme démocratique par opposition aux fascismes nazi et au parti national fasciste Italien qui s’étendirent de la Première guerre mondiale à la seconde, et qui ont été tout deux obtenus par le sang, voir, Philippe Pétain Maréchal de France suite 35, et Philippe Pétain Maréchal de France suite 36, articles qui résument la montée des dictateurs que furent Mussolini et Hitler. De l’incendie du Reichstag, à l’assassinat de communistes et à la déportation des leaders de gauche dans les camps de concentration pour le Nazisme, à la Marche sur Rome par les «camice nere» pour le fascisme Italien, ce mouvement nationaliste nourri les plus vives inquiétudes parmi les démocraties Occidentales. Voir aussi Le fascisme en action par Robert O Paxon, Le Seuil avril 2004.

Viktor Orban a donné, à cette série de lois, une valeur constitutionnelle, qui ne pourra être modifiée que par une majorité des deux-tiers des députés. Or, il est peu probable à l’avenir qu’un gouvernement issu de l’opposition dispose d’une telle majorité. Telle est la nouvelle situation politique de la République de Hongrie qui se nomme dorénavant depuis le premier janvier 2012 «Hongrie». Cette appellation Hongrie fait désormais une référence explicite à «Dieu», dans l’expression écrite «Dieu bénisse les Hongrois». La nouvelle constitution touche aussi à la vie privée en décrétant que l’embryon est un être humain dès le début de la grossesse, ce qui fait craindre à des mouvements de la société civile et à l’opposition que l’avortement sera désormais difficile. De même, le texte stipule que le mariage ne peut avoir lieu qu’entre un homme et une femme, excluant ainsi les mariages homosexuels. Les libertés humaines sont ainsi bafouées, bien que je considère que le mariage, en tout bien tout honneur, ne peut être qu’entre homme et femme.

La suppression du terme république résume à lui seul que le nouveau régime est de dictature fasciste moderne, qui profitant d’une majorité parlementaire absolue, supprime toutes possibilités démocratiques, d’accéder au pouvoir.

Paul Gradvohl, spécialiste des civilisations d’Europe centrale et maître de conférences à l’université Nancy-II, article du Monde.fr, écrit,

désormais, le pays ne se définit plus comme un régime politique. C’est le peuple Hongrois, par-delà les frontières, qui fait son essence. La «nation Hongroise», évoquée dans la nouvelle Constitution, réunit à la fois les citoyens de Hongrie et les membres des minorités Hongroises de Roumanie, Slovaquie, Voïvodine, Serbie, d’Ukraine et d’ailleurs, qui n’ont pas nécessairement la double nationalité.

«C’est donc cette région de l’Est soumise à tant d’influences fasciste et communiste qui retrouverait son unité dans cette Hongrie nouvellement créée, et rêvant à son Empire d’autrefois».

Cette communauté est cimentée, soudée par la référence à un passé mythifié. «Nous sommes fiers de nos ancêtres qui se sont battus pour la survie, la liberté et la souveraineté de notre nation», dit le préambule de la Constitution. «Fiers des remarquables créations intellectuelles des Hongrois, fiers que notre peuple se soit battu pendant des siècles pour défendre l’Europe, contribuant aux valeurs communes de celle-ci par son talent et son assiduité», ajoute le texte. Cette exaltation nationaliste, comme la référence au «roi saint Etienne fondateur du royaume de Hongrie», sert évidemment la politique du gouvernement, lire la suite sur la référence citée.

La date du 22 décembre 2011 est à marquer d’une croix noire. Les députés firent adopter un texte réduisant la durée des débats précédant le vote d’une loi pour lequel deux jours de discussion seraient suffisants pour prendre connaissance des textes et introduire des amendements. L’opposition n’avait aucune chance pour bloquer cette loi ne disposant que de 159 sièges sur 386. Il en est ainsi de la loi sur «la stabilité financière», qui inscrit dans la constitution le taux unique de 16% de l’impôt sur le revenu. Cette mesure lie les mains d’un futur gouvernement, y compris en matière budgétaire, rendant très difficile l’instauration de mesures fiscales urgentes pour faire face à un déficit public éventuellement en chute libre.

La position du gouvernement est une nouvelle étape vers la liquidation du parlementarisme, avertit le parti socialiste, MsZP, première formation d’opposition, avec 58 députés. «Le gouvernement fit passer des lois qui enfoncent les derniers clous dans le cercueil de la démocratie», s’est alarmé le LMP, acronyme «Lehet Más a Politika» signifiant «Une autre politique est possible». Pour ce parti de centre gauche d’inspiration écologiste, qui compte 15 élus au Parlement, la Hongrie deviendra un pays «où le gouvernement dirigera par décrets». Tout ce chambardement constitutionnel s’est fait sur fond de crise économique qui fait plonger la devise Hongroise, le Forint, de plus de 20 % par rapport à l’euro au cours des trois derniers mois, tandis que les taux d’intérêt frôlent les 10 %. Viktor Orban, après avoir boudé le Fonds monétaire international, a dû l’appeler au secours, mais l’UE et le FMI ont suspendu les négociations en raison de la réforme de la Banque centrale qui risque de réduire l’indépendance de l’institution.

Le 04 janvier, la Commission européenne a réaffirmé ses préoccupations après l’adoption de nouvelles lois controversées en Hongrie et indiqué qu’elle était prête à lancer des procédures en infraction si elles s’avéraient non conformes à la législation de l’U.E. «Nos préoccupations demeurent et elles demeureront tant que la Commission n’aura pas terminé l’examen juridique de la conformité des nouvelles lois adoptées la semaine dernière», a déclaré un porte-parole de la Commission, Olivier Bailly. «C’est seulement sur la base de cet examen que la Commission se prononcera sur les prochaines étapes», a-t-il ajouté, référence Europe 1 international.