Egypte, mon amour.

 Qui s’est rendu une fois en Egypte en garde un souvenir ébloui pour la vie. C’est un pays merveilleux et le voir s’enfoncer dans la misère et la guerre civile me bouleverse et me désespère. Les Egyptiens me laissent le souvenir de gens chaleureux, sachant profiter au maximum du tourisme. On imagine mal comment beaucoup d’entre eux vont pouvoir survivre à la désaffection des nombreux visiteurs : un Egyptien sur sept vit exclusivement du tourisme. Les tour-operators voient plonger le nombre de leurs réservations et il semble que les Français soient les plus réticents à tenter l’aventure.

J’avoue que c’est par égoïsme que je souhaite ardemment la fin de cette crise. J’aimerais tant revoir les temples fabuleux : Louxor, Karnak, Edfou et surtout Abou Simbel, le miraculé, au bord du lac Nasser. Parcourir la vallée des rois écrasée par le soleil pour visiter les tombeaux de ces rois mégalos pour lesquels rien n’était trop beau. Descendre le Nil sur le pont d’un ferry et le temps s’arrête. Parcourir les villes animées et surtout les souks, vastes bric à brac bruyants et colorés pour acquérir des babouches ou une djellaba qu’on achète par coups de cœur mais qui finiront dans le fond d’une armoire. Le plaisir de marchander et de se faire « rouler » tout en croyant faire une bonne affaire.

Bien sûr, le touriste avait un peu mauvaise conscience en voyant les enfants parcourant les rues les pieds nus ou sur une petite carriole tirée par un âne efflanqué. Bien sûr, on avait remarqué la présence policière omniprésente, mais on se disait que c’était pour nous protéger. On savait qu’une partie de l’Egypte n’était pas ouverte aux touristes et que des islamistes avaient attaqué le temple d’Hatchepsout faisant 62 morts en 1997. On a beau faire, quand on visite ce temple, on a comme une appréhension.

Pour les Egyptiens, il est indispensable de rétablir la paix intérieure, c’est une question de survie. Je me demande comment fait le conducteur de la calèche qui m’a pris en photo pour manger tous les jours.