Incarcération de Nicolas, le militant anti-mariage pour tous et le fichage génétique…

Crée en 1998, le FNAEG, fichier national automatisé des empreintes génétiques ne devait inventorier au départ que l’ADN des délinquants sexuels ayant déjà eu affaire à la justice. Le renforcement du principe de précaution est venu doper la course au fichage entraînant une explosion du nombre de fichiers génétiques : à trop vouloir ratisser large, même les auteurs de simples délits ne sont plus à l’abri de cette précaution. Tout refus de se soumettre à prélèvement expose la victime à une poursuite en justice ; c‘est le cas de Nicolas, un jeune étudiant, farouche adversaire du mariage pour tous. 

Ces derniers temps les opposants à la loi Taubira, à l’affût du moindre déplacement du président ou d’un membre du gouvernement ne ratent aucune occasion pour faire entendre leur voix ;  comme il se doit, après avoir participé à la manifestation devant le siège de M6, le dimanche 16 juin, lors du passage peu apprécié du président Hollande à l‘émission « Capital » , Nicolas et 23 autres « trublions »  ont été interpellés au cours de leur périple mouvementé vers les Champs Elysées. 

Pour échapper à la vigilance des policiers, Nicolas prend la poudre d’escampette puis s‘engouffre dans une pizzeria y semant la panique. En vain. En plus d’un récent antécédent pour fourniture d’identité imaginaire, le jeune homme fait l’objet de deux chefs d’accusation : rébellion, refus de se soumettre à un prélèvement d’ADN : il a écopé de quatre mois de prison dont deux ferme, le tout agrémenté d’une coquette amende de 1000 euros. 

Pour sa bévue, le malheureux se retrouve donc à Fleury-Mérogis à l‘heure où la surpopulation carcérale fait couler beaucoup d‘encre et où se bousculent les priorités. Avant Nicolas, certains faucheurs d’OGM et déboulonneurs, (antipub) ont connu le même sort pour avoir refusé d’obtempérer à ce même ordre alors que les policiers ne font qu’appliquer la loi. 

Après le mariage pour tous, la tendance au fichage pour tous semble être dans l’air du temps : la culture de la phobie de l’insécurité à coups de matraquage par des faits divers y est pour quelque chose ; elle a contribué à banaliser progressivement ce type de pratiques jugées abusives : l’état d’esprit « nettoyage par le karcher » faisant de plus en plus d’émules auprès des politiques, qu’à cela ne tienne, la gauche se met au diapason ! 

Devant la banalisation grandissante de cette dérive, des responsables ont tiré la sonnette d’alarme : Sergio Coronado, député vert saisira l’occasion de sa niche parlementaire prévue en janvier 2014 pour présenter un projet de loi dans ce sens. Sergio Cornado, n’arrivant pas au bon moment, a du souci à se faire pour sa requête : les clichés ayant la vie dure, la gauche se trouve désormais engagée dans une lutte apparemment acharnée contre celui dont on l’affuble, le laxisme…

Après tout quand on n’a rien à se reprocher, donner ses empreintes n’est pas aussi grave que les pratiques américaines de surveillance dénoncées par Edward Snowden.  Et par les temps qui courent, les prix flambent sans exclure celui à payer pour plus de sécurité ! Troquons un peu de liberté contre plus de tranquillité…

Un rassemblement de soutien est toutefois prévu dimanche à 20heures, Place Dauphine. 

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