La vie de O Haru, femme galante – le féminisme de Kenji Mizoguchi

50 ans avant Dancer in the Dark, Kenji Mizoguchi osait un portrait de femme dévastée à qui la vie n’épargne aucune horreur. Mais là où Lars Von Trier s’arrête, trouvant dans la mort le facile échappatoire aux souffrances endurées, Mizoguchi va plus loin, explore avec férocité toutes les facettes du désespoir féminin dans Saikaku ichidai onna (La vie de O Haru, femme galante, mais les traductions de ce titre diffèrent parfois).

Ce film, sans concession ni fioriture, recule paradoxalement là où Von Trier s’avance lourdement, sans finesse; le premier offre une vision d’ensemble qui fait mal à l’âme, alors que le second, drapé de pathos en prêt-à-porter, s’oublie dès les lumières allumées. La hauteur prise par le réalisateur nippon lui permettant un traitement incisif de la condition féminine sans atermoiements superflu.

La distance de Mizoguchi évite le sentiment d’être pris en otage comme pour Von Trier, le film de ce dernier ne laissant d’autre choix pour le spectateur que celui d’être mécaniquement ému : beaucoup plus sincère et adroit, Kenji Mizoguchi tranche dans le vif avec une précision et un détachement chirurgicaux, pour qui l’ablation est permanente.

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