Chocolat

Réalisateur : Roschdy Zem

Date de sortie : 3 février 2016

Pays : France

Genre : Drame, Biopic

Durée : 110 minutes

Budget :

 

Casting : Omar Sy (Chocolat), James Thiérrée (Footit), Olivier Gourmet (Oller)

 

Roshdi Zem passe une quatrième fois derrière la caméra pour nous raconter cette histoire en costume de la Belle Epoque sur fond de racisme primaire, de bourgeois parisiens, de vestons trois pièces et haut de forme pour les hommes et de robes corsetées pour les femmes. Le dénominateur commun de ses réalisations est l’engagement contre le racisme, sa volonté de montrer l’absurdité de ce sentiment de haine envers son semblable. L’occasion également pour Omar Sy de continuer dans la veine des films "sérieux", sans rejeté le forme humoristique, après Samba et Intouchables. Alors arrivent-ils à convaincre ou reste-t-on chocolat ? 

 

Alors que le XXème siècle promet des spectacles féeriques bravant les limites du possible grâce aux nouvelles technologies , Footit, ancienne gloire du cirque, met la main sur le compagnon idéal. Avec, il espère renouer avec le succès. Cet homme se surnomme Kananga, il oeuvre comme le cannibale de service dans un cirque miteux de province tenus par des Thénardier de la piste aux étoiles. Footit et celui que l’on va appeler Chocolat vont former un duo irrésistible, adorer du grand public, un phénomène de société utilisé pour la publicité et la fabrication de jouets, bref ils sont "les rois du monde".

 

Commençons par ce qui est positif. Visuellement le film est très beau, les décors sont crédibles tout comme les costumes. On se croirait réellement dans le Paris de l’époque, une transposition facilitée par un tournage fait dans la capitale et non pas à Prague ou dans une autre ville obscure d’Europe de l’Est qui ne possède pas le charme de notre belle capitale. Exit les studios avec fonds verts et les images de synthèse. Idem pou le jeu des acteurs, ils sont brillants ! On oublie que ce sont JamesThiérée et Omar Sy sous le maquillage et les déguisements, ils redonnent vie à ces deux célébrités du passé. Nombreux sont ceux qui font l’éloge d’Omar Sy, certes il joue bien mais la véritable force de ce film c’est James Thiérée, petit fils de Charlie Chaplin dont la ressemblance physique est frappante. On sent qu’il s’y plait, qu’il maitrise son rôle étant lui même danseur, chorégraphe, artiste plein de talents. C’est d’ailleurs intéressant de constater une forme d’écho avec la réalité. Dans Chocolat, Foutit construit, élabore et noircit des carnets avec ses idées de numéros, c’est un personnage mystérieux dont on ignore presque tout de sa vie privée. Les questions sur l’utilisation de tout cet argent accumulé avec le succès et sur ce qu’il fait hors des représentations reviennent souvent. Contrairement un Chocolat très démonstratif, roulant en voiture, affichant des bijoux en or et se trémoussant dans des soirées mondaines en jouant les jolis coeur. Sur scène, Footit est tout autre, il donne de sa personne. Le film prête une réflexion sur les duos, sur leur succès inextricablement lié et leur chute également, ils sont comme attachés par des chaînes invisibles surtout quand la fusion est si importante. Chocolat c’est également une grande histoire d’amitié à travers les épreuves, malgré les différences et même si Footit botte les fesses de Chocolat tous les soirs, il y a de l’amour entre ces deux là. 

 

On sent que Roschdy Zem veut critiquer biens des choses par delà son film. Tout d’abord, la célébrité rapide, la perte des repères, le fait de choisir une personne et de la sortir du quasi anonymat pour en faire une véritable vedette sans qu’elle y soit préparé, à l’argent, aux filles attirées par la renommée. Cela peut faire naître des projets trop ambitieux à s’en brûler les ailes. Là dessus, le réalisateur réussit à passer son message. Par contre sur sa deuxième remarque, celle du racisme, tout est maladroitement exploité. Elle tombe comme un cheveu sur la soupe. Il amorce des choses qui n’aboutissent pas telle que la présence du personnage de Victor dont on se demande encore l’utilité après avoir vu le film. Le réalisateur parvient tout de même à montrer le racisme inhérent de l’époque par divers procédés : une exposition coloniale, les affiches publicitaires Felix Potin, le public aimant Chocolat car il se fait "battre" par un blanc. Son réquisitoire tient mais s’écroule au moment où Rafael Padilla sombre lorsqu’il entame sa carrière en solitaire. Les huées de la première d’Othello scelleront son avenir, le public n’est pas prêt à voir un noir qui s’assume, un "nègre" interpréter le premier rôle.  

 

Quoiqu’il en soit, Chocolat est un bon film, intéressant car historique et bien documenté, bien préparé. On apprécie les images d’archives à la fin où l’on aperçoit les vrais Footit et Chocolat, le duo qui a révolutionné le monde du spectacle en inventant des numéros pour le Clown Blanc et l’Auguste ensemble, le "sage" et "l’idiot" travaillant main dans la main.