Fatou Diome donne la parole aux objets

Fatou Diome me séduit une fois de plus avec son roman Kétala. Déjà dans son premier livre, Le Ventre de l’Atlantique elle évoquait avec sensibilité et finesse ses origines sénégalaises et y propose une vision différente de l’immigration vers la France selon si on se place du point de vue de la famille restée au pays, pleine d’espoir et de rêves, ou si au contraire on préfère le point de vue du jeune immigré qui tente de faire sa place au sein de la société française. Kétala est un peu différent mais une fois encore on s’imbibe de la culture sénégalaise.

 

Le livre s’ouvre sur la mort de Mémoria, jeune femme sénégalaise et sur la perspective de la mise en œuvre du Kétala, partage des biens du défunt dans la tradition musulmane. Le lecteur va alors vivre par rétrospective la vie mouvementée de cette jeune femme, entre les traditions familiales et la vie occidentale. Mais cette rétrospective est faite de façon originale puisque la parole, poétique et musicale, est donnée aux meubles ! Oui vous avez bien lu, Table basse, Collier de Perle, Téléphone, Oreiller vont se conter, chacun leur tour, les évènements de la vie de Mémoria afin que sa mémoire ne soit pas dissipée. Car finalement dans leur silence ils se montrent bien plus proche de l’intimité que quiconque.

 

« Lorsqu’une personne meurt, nul ne se soucie de la tristesse de ses meubles » cette première et dernière phrase soulève certes l’idée principale du livre qui s’interroge au final sur ce qui reste de nous après la mort, mais les meubles apportent également un regard critique sur la vie humaine, les relations, mœurs et coutumes. En cédant la parole aux objets inanimés l’auteur donne un ton léger et drôle, considérant comme Alphonse Lamartine que les objets ont une âme.

 

 

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