Ankara rouge de colère

 Un génocide, quel plus « bel » exemple d’une haine ouvertement affichée. Tuer jusqu’à vouloir exterminer un peuple, une folie pure digne des plus grands malades mentaux, des âmes abjectes, des cœurs forgés par le Mal. Des insectes qui ruinent les récoltes, oui, eux, on peut vouloir les anéantir, mais des hommes, quel idée détestable.

La cinquantaine de députés réunie à l’Assemblé Nationale, a voté jeudi soir, à main levée, la loi sur la négation des génocides. Mais que prévoit cette loi ? 

Elle conçoit d’établir des sanctions pour quiconque nierait l’existence d’un tel acte de barbarie La sentence sera lourde, mais pas assez, juste un an de prison ou 45.000 euros d’amende ou bien un cumul des deux. C’est la dynastie Le Pen qui risque de ne pas être contente. Pour papa, les camps où des millions de juifs ont péri, ne sont juste qu’un détail de l’Histoire, pour la fille, elle ne dit rien mais n’en pense pas moins.

 

Le texte  a été remanié, au début il ne visait que le massacre des arméniens orchestré entre 1915 et 1916 par les turcs, mais face à la levée de boucliers ottomans, ce sont tous les génocides qui sont concernés.

 

On comprend mieux pourquoi la Turquie s’est enragée. Mais la colère ne s’est pas vraiment apaisée. Considérer ce génocide, c’est admettre le fait que les bases de l’état turc sont entachées de sang, de morts et de racisme. 

Le premier Ministre turc, Erdogan, a immédiatement pris des mesures contre la France pour manifester son indignation. Ainsi, il est devenu déconseillé de conclure des traités avec les entreprises françaises. Le gouvernement d’Ankara a également décidé de rapatrier l’ambassadeur situé en France, de couper tous les liens diplomatiques, d’annuler toutes les manœuvres militaires co-organisées par les deux armées. 

Cela risque de poser des problèmes car faisant partie tous les deux de l’OTAN, des clans risquent de se faire jour. 

La France s’est peut être fait un ennemi mais en échange elle gagne un ami. L’Arménie lui est grandement reconnaissante d’un tel acte. Ce n’est pas la première fois qu’elle tend la main vers les arméniens. Mais pourquoi une telle entente entre ces deux nations ?

 

Revenons aux racines de l’histoire.

 

Le 24 avril 1915, Istanbul, le centre de l’empire ottoman, 600 notables venus d’Arménie sont tués sur ordre du gouvernement. Les prémices d’un massacre qui va avoir lieu alors que le Vieux Continent est secoué par une guerre sans précédent.

 

Au bout de plus d’une année de fureur, ce seront plus de 1.2 millions de personnes qui périront des canons turcs.

 

Alors que la France, alliée aux russes et aux anglais, est l’ennemie de l’Allemagne et de l’Empire Ottoman, les arméniens fuient les massacres et se tournent alors vers les ennemis de leurs ennemis.

 

Dans sa grande tradition de terre d’accueil, Marseille accueille les bateaux chargés de rescapés. Aujourd’hui, les descendants d’arméniens immigrés sont plus de 300.000.

 

Alors le gouvernement en agissant ainsi n’a-t-il pas une idée derrière la tête ? Une façon de gagner des voix en suscitant l’émotion ?


La Turquie ne nie pas la réalité de ce fait cruel de l’Histoire mais elle ne supporte pas d’en être considérée comme la responsable. Les criminels ne sont pas les turcs mais les dignitaires d’un empire aujourd’hui disparu. Jeter la pierre à la Turquie, née en 1923, n’est donc pas appropriée. A cela s’ajoute une guerre sémantique et le rejet du terme « génocide ».  Car la tuerie massive, lorsque le gouvernement turc le reconnait, n’était pas motivée par une idéologie raciste et ne visait pas exclusivement les arméniens. Les arméniens du Liban, n’ont par exemple, pas subit le triste sort.


L’idée de punir la négation d’un génocide est plus que louable, cela relève de la logique, tuer des millions de gens, cela se voit, à moins d’être aveugle. Mais si derrière cette initiative mémorielle se cache une vile manœuvre politique, cela entache cette bonne volonté humaniste.