FMI, la forte contrainte de réduction du déficit est,

une erreur dans le modèle mathématique !

 

Qui ne fait pas d’erreur, mais plus on est haut placé plus l’erreur a de lourdes conséquences.

 

Document francetvinfo du 09/01/13.

Non, l’austérité n’est pas une «erreur de calcul» du FMI

 

Support Wikipedia Les experts économistes Olivier Blanchard et Daniel Leigth du FMI ont dû se rendre compte que, plus la réduction des dépenses appliquées aux réformes structurelles par les gouvernements du Sud de l’Europe, plus la croissance se faisait attendre et plus la misère augmentait, un encéphalogramme plat n’en donne pas. On comprend bien qu’il s’agit de la misère que subissent les populations de la Grèce, de l’Espagne, de l’Italie, du Portugal, si tant est, que l’on puisse qualifier, l’étranglement de ces populations, par l’application des recommandations du FMI. Ces pays ont une dette qui dépasse de beaucoup leur potentiel de croissance, donc peu de possibilités de réduire leur dette souveraine, et en termes comptables, le paiement des emprunts mine la croissance. C’est de l’arithmétique simple. Il est donc nécessaire, quelques soient les arguments plus ou moins farfelus, comme ceux de Jean-Luc Mélenchon lors de son débat avec Jérôme Cahusac, dans mots croisés sur la 2, préconisant d’attendre de rembourser, les banques apprécieront.

 

De quoi s’agit-il, d’une relation simple, celle qui relie la variation du PIB à celle de la dette. En d’autres termes, la pente de la relation d(pib)/d(euro) = d [f (euros)] dans la fonction pib= f(euros) au point d’état considéré. Avant le 03 janvier, le FMI considérait 1=d [f(1)]d(1) c’est à dire pour un euro d’économie, c’était un euro de moins sur le PIB. Maintenant ce serait 3=d [f(1)]d(1), c’est à dire qu’un euro d’économie réduit le PIB de 3 euros ! Conclusion, il ne faut plus faire d’économie puisque cela va à l’encontre d’une croissance, mais aussi contre tout ce que l’on a pu apprendre lorsque l’on à une dette. Raisonnement aussi farfelu que celui de Mélenchon de ne rembourser notre dette que plus tard. Cela montre aussi que la prise en compte d’une conclusion aussi brutale ne tient pas et qu’il convient d’entrer dans le détail du modèle mathématique.

 

Olivier Blanchard et Daniel Leigth donnent dans un document en PDF, en Anglais, les explications sur les erreurs de croissance et multiplicateurs fiscaux qui ne représentent pas les conclusions du FMI, mais seulement les erreurs de ces auteurs, c’est toute la nuance.

 

Leurs conclusions portent sur les multiplicateurs réels, coefficients, qui auraient été plus grands que ceux des prévisionnistes. Ils reconnaissent que la réponse n’était pas facile, dans les modèles, dans lesquels, ces multiplicateurs fiscaux sont implicites, et qui dépendent de l’ajustement fiscal et des considérations économiques. Je laisse le lecteur approfondir le problème. Pour ces experts ce document est bien éloigné de ce qu’on lui fait dire.

 

En d’autres termes, l’austérité n’est pas une erreur de calcul comme je le lis sur de nombreux articles du Net.

 

Ou est alors le problème ? C’est Olivier Blanchard qui nous donne la réponse. Chaque année, le FMI publie sur la base de ses modèles des prévisions de croissance, et comme toutes prévisions, elles ne sont pas exactes. Une prévision est une extrapolation de ce que l’on connait qui ne tient pas compte de ce qui peut survenir même si, parfois, on peut en estimer l’importance, c’est que l’on nomme des faits aléatoires. En d’autres termes il est impossible de prévoir l’avenir.

 

Dans ce cas les faits aléatoires sont un coup trop hauts, un coup trop bas. Or, depuis trois années, les prévisions du FMI, et des autres instituts prévisionnels, vont toujours dans le même sens, surestimer la croissance des pays qui mènent des politiques d’austérité budgétaire.

 

Alors là, on se marre, quand on pense à tout ce que l’on a entendu de ces experts économiques et de ces chefs d’États, l’Allemagne en tête, qui ne voulaient même pas reconnaître la fausseté du raisonnement qu’ils soutenaient. Plus les peuples criaient au secours plus ils demandaient de serrer la ceinture.

 

Selon les auteurs, c’est le professeur d’économie Alexandre Delaigue qui s’exprime, cette erreur systématique, donc toujours dans le même sens, ne peut signifier qu’une chose, les modèles du FMI sous estiment l’impact des politiques budgétaires restrictives, hausses d’impôts et réduction des dépenses publiques. Normal me direz-vous, avant de donner de l’argent, on demande de réduire la dette, de la part du FMI qui joue le rôle de conseil et de préteur, c’est normal.

 

Pour l’auteur, il faut agir par comparaison. C’est évident, mais pour cela, il faut un modèle ressemblant au problème à traiter. Il faudrait deux pays identiques, donc compliqué, et de n’y changer que la politique budgétaire et voir ce qui se passe. Dans ce cas on n’a plus besoin d’experts économiques.

 

La fonction des experts économiques est justement de prédire l’avenir avec ce qu’ils ont comme données dans le monde du moment. En d’autres termes, ils ne peuvent que se tromper par ce que des faits aléatoires peuvent survenir, la dévaluation de la monnaie, la baisse des taux d’intérêts, un gouvernement qui change et qui mène une politique différente…..

 

Une chose est de toute façon certaine, l’austérité budgétaire qui réduit la dette donne confiance aux investisseurs, mais elle a un impact sur la compétitivité. La conclusion est qu’il faut agir sur ces deux paramètres, c’est ce que l’on pourrait appeler «l’austérité compétitive».

 

En fait ce que l’on sait, c’est que l’on ne sait rien.

 

Néanmoins comme l’écrit l’auteur, il faut faire des prévisions, donc il faut choisir. Sur les trente dernières années l’effet multiplicateur des politiques budgétaires dans les pays développés était de 0,5 c’est à dire que la relation s’écrivait, 0,5=d f[1]d(1) pour 100 euros de réduction du déficit, le PIB se réduisait de 50. C’est sur cette base que se sont faites les révisions annuelles du FMI. Olivier Blanchard et Daniel Leigth émettent l’hypothèse que les erreurs de prévision depuis trois ans sont dues à ce coefficient trop faible. Il sous estime l’impact des politiques d’austérité lorsque les banques centrales ne peuvent plus compenser, quand les taux d’intérêt sont ramenés à zéro, et que les ménages et les entreprises sont trop endettés.

 

Pour Alexandre Delaigue, les experts économistes Olivier Blanchard et Daniel Leigth devraient être félicités. «Ces scientifiques établissent un modèle, font des prévisions, les testent, constatent des erreurs, cherchent à les expliquer, et publient leur erreur et l’explication de celle-ci». On aimerait voir cela plus souvent !

 

Il faut aussi considérer que la conjoncture pousse à donner des explications tant les pays du Sud de l’Europe souffrent de cette austérité exagérée. En d’autres termes, ces experts se sentent un peu coupables d’avoir étranglé ces populations, même si ce ne sont directement eux qui en sont responsables. Il est aussi vrai que le jour où les politiques seront soumis à cette conséquence dire, «nous regrettons cette politique, les faits démontrent que je nous nous sommes trompés» on aura fait un énorme progrès. En fait, ils ne peuvent le dire, ce serait reconnaître une incompétence aux yeux de l’opinion, ils préfèrent en supporter les critiques qui, de toutes façons, quelques soit leur sincérité, elle sera toujours critiquée, la mauvaise foi aidant.