La Dernière leçon, le film de Pascale Pouzadoux

 

 

 

 

 "La dernière leçon", adaptation par Pascale Pouzadoux du roman autobiographique de Nöelle Chatelet revient sur ce thème brûlant qu’est le droit à mourir dans la dignité. Soeur de Lionel Jospin, l’auteur y témoigne de son expérience personnelle : le jour de l’anniversaire de ses 92 ans, sa mère annonce à la famille les modalités et le calendrier pour clore en beauté le dernier chapitre de son passage sur terre. Un projet de longue date mûrement réfléchi que Madeleine, (Marthe Villalonga) pas vraiment diminuée, refuse de négocier avec ses proches malgré leurs supplications. 

Bon gré, mal gré, le compte à rebours de la mort annoncée est ainsi enclenché. C’est donc pour tous une course contre la montre, sous le signe des déchirements familiaux et pour cause : le sujet est éminemment clivant  au sein d’une même famille ! Opposée à la décision de sa mère, Diane, (Sandrine Bonnaire) tente de l’en dissuader. Arguments contre arguments et on finit par assister à ce lent processus menant du refus à l’acceptation de la mort programmée d’un être cher : paradoxalement, alors que l’interdépendance entre mère et fille s’est inversée,  c’est la première désormais maternée par la seconde qui réussit à familiariser l’autre avec l’idée de sa mort imminente. La fille échouera quant à elle à aider sa mère à apprivoiser la vieillesse. 

Le film militant pour ce droit à mourir quand on veut , où on veut, ne peut que verser dans le sentimentalisme dans la seconde partie. En effet, une fois que la fille a cautionné le projet de sa mère, on assiste à ces scènes fusionnelles d’une grande intensité où se mêlent éclats de rires et larmes refoulées. Le fils Pierre, (Antoine Duléry), qui refuse lui d’adhérer à cette "bien-pensance" est presque cloué au pilori à travers l’éloquence de sa manière butée de réagir…

Film bouleversant porté par l’excellente Sandrine Bonnaire sans oublier la prestation de Marthe Villalonga ; ce drame en dit long sur les conséquences de la faillite spirituelle, religieuse dans laquelle a sombré la société. Que l’on soit pour ou contre le message infiniment triste du film, on en sort la gorge nouée. A chaque logiciel mental, sa propre approche cloisonnée de la vie, de la mort. Faut-il pour autant banaliser ce type de démarche jusqu’à voir proliférer les Bonnemaison peu enclins à s’encombrer de considérations de tous genres avant de vider une seringue, d’arrêter une machine. Voire pire… 

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Euthanasie, suicide assisté….ou l’hypocrisie des mots

 

Le 12 décembre dernier, j’ai assisté sur le petit écran à l’interview de Stéphane Ausset, un homme de 45 ans atteint de sclérose en plaques. Totalement dépendant de ses proches et du personnel soignant, il a décidé en son âme et conscience de renoncer à une vie qui lui est devenue intolérable.

J’ai été profondément émue par cet homme si lucide face à une maladie qui à l’avenir ne lui laissera aucun répit et le réduira à terme à un état végétatif. Il est parfaitement lucide quant à l’évolution de sa santé et souhaite clore dignement une vie qui pour lui est devenue  sa pire ennemie.

J’ai admiré sa famille qui, malgré sa douleur, soutient Stéphane dans son ultime décision. Quel plus beau geste d’amour que de souhaiter voir s’arrêter la souffrance d’un être cher et ceci malgré un profond déchirement affectif ?

Ce voeu que Stéphane a prononcé ne sera pas exaucé dans notre pays, pourtant si libéral sur certaines pratiques… C’est en Suisse que cet homme a trouvé une oreille attentive et compréhensive.

L’association à laquelle il s’est adressé ne l’a pas culpabilisé quant à son souhait d’en finir avec la vie. Ses membres l’ont en effet aidé à réaliser son projet et avec sa famille et ses amis, l’ont accompagné jusqu’au seuil ultime.

Dans le reportage, je n’oublierais jamais le regard heureux et soulagé de cet homme lorsqu’il a vécu sa dernière journée, accompagné d’êtres aimés. Il savait enfin que dans quelques heures, il serait délivré et cette certitude se reflétait dans ses yeux.

Lorsqu’il a lui-même déclenché la perfusion, une sérénité incroyable a illuminé son visage et, quelques minutes pluts tard, Stéphane reposait, apaisé….enfin.

A travers cet article, je ne juge pas notre pays qui est encore loin de promulguer une loi pour le suicide assisté et je comprends la peur du gouvernement face à d’éventuelles dérives….

Mais qu’en est-il aujourd’hui des patients atteints d’un mal incurable ? Faut-il leur laisser espérer une amélioration utopique de leur état et leur faire subir des traitements lourds qui les rendent encore plus faibles et malades ?

Je ne peux pas objectivement répondre à cette question mais ce que j’ai appris au fil des évènements de la vie, c’est que nous n’avons pas le droit de condamner ni de juger.

La vie est un don précieux certes mais qui se transforme parfois en un fardeau extrêmement lourd. Lorsqu’aucun espoir de guérison ou même de rémission n’est plus envisageable, lecteurs, lectrices, quelle serait notre décision ?

 

Le recours à l’euthanasie étendu aux enfants aux Pays-Bas

Si un bébé a des problèmes de santé assez grave pour l’empêcher de survivre, le médecin en charge de l’affaire peut décider de mettre fin à sa vie afin de minimiser la souffrance du bébé et celle de ses parents, contraints d’attendre l’évolution de la maladie lente et mortelle.

La nouvelle frontière de l’euthanasie est décrite par KNMG, l’association des médecins néerlandais, qui a préparé un document qui contient les lignes directrices à suivre pour les enfants qui n’ont pas d’espoir de vie, comme dans le cas de la suppression de l’appareil pulmonaire. Les nouvelles a été rendu public par le journal populaire Volkskrant, et ne concerne qu’un nombre limité de cas, en moyenne 300 créatures par an.

En 2001, les Pays-Bas ont été le premier pays européen à légaliser l’euthanasie. Dix ans plus tard, le nombre de ces cas de décès a dépassé les 3500. En Belgique, deuxième pays européen en termes d’euthanasie, on envisage l’extension de cette possibilité même pour les mineurs.

 

L’adolescent "si il est jugé capable de juger équitablement de ses meilleurs intérêts», peut exiger l’euthanasie. Si il a moins de 16 ans, il devra avoir l’autorisation de ses parents. S’il a déjà atteint l’âge de 16 ans, il est obligatoire d’avoir un avis des parents, un avis qui reste cependant non contraignant. La proposition a été présentée en Décembre par le Parti social-démocrate qui est au pouvoir,  et elle est actuellement en discussion au parlement fédéral. C’est maintenant au Sénat de donner le feu vert définitif. La loi est soutenue par tous les partis, à l’exception des catholiques.

 Les médecins des Pays-Bas entendent intervenir pour réduire la souffrance des tout petits et leurs pères et mères. Dans le cas ou des personnes naissent avec un système pulmonaire supprimé, il sera possible d’administrer un médicament qui relaxe les muscles et accélère la mort.

 

Eduard Verhagen, un pédiatre affilié à KNMG, note que certains enfants s’engagent souvent dans un très long combat avec la mort avant de s’éteindre.

Et que les médecins et les parents mettent souvent en doute la nécessité de forcer la créature a souffrir si longtemps.

 

" Les enfants -souligne t-il- deviennent gris et froid, les lèvres changent de couleur au bleu, et ils gémissent à cause du manque d’oxygène. Cela peut durer des heures, parfois des jours. "

 

La loi oblige les médecins à signaler les décès accélérée à un organisme de contrôle centralisé, et les autorités sanitaires surveillent de très près chaque décision.

 

Faut-il tuer les vieux (6) ?

(à la manière de JM…)

Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde.

Les cinq billets que Jacques Monnet avait consacrés au sujet (17/02/2009, 01/04/2009, 10/05/2010, 24/11/2010 et 08/01/2013) étaient titrés sur le mode affirmatif, voire impératif : il faut !… D’où vient que celui-ci bascule de la certitude vers un doute, en se couronnant d’un point d’interrogation ? NB : je ne m’offusquerai pas si vous décidez de trancher élégamment cet épineux nœud gordien en réintitulant « La grosse » cet article, au motif qu’il est le douzième de la douzième douzaine…

 

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Euthanasie en France : premier pas vers la légalisation

 

C’est de la part des médecins français que provient une première ouverture vers la pratique de l’euthanasie.

 

Le Conseil national français de la faculté de médecine a permis, pour la première fois, la «sédation terminale» pour les patients en fin de vie qui ont fait des «demandes persistantes, luisantes et répétées ».

 

 Invoquant un «droit à l’humanité», cette disposition ne se pratiquera que dans des «circonstances exceptionnelles», comme dans le cas de «l’agonie prolongée» ou «douleur insupportable ».

L’Ordre  qui appelle à un devoir humanitaire, ne mentionne pas explicitement le terme «euthanasie», et espère que la pratique soit limitée à des situations exceptionnelles sur lesquelles la loi actuelle ne donne aucune indication.

En outre, de tel cas cliniquement exceptionnels, se poseront seulement après l’inefficacité approuvée de l’utilisation des  thérapies habituelles, et de l’introduction des soins palliatifs.

 

Ces cas doivent toutefois être déterminés par une équipe collégiale de médecins et non  par une seule personne, et cela selon des critères qui reste à établir.

La loi française en vigueur depuis 2005 appelée « loi Leonetti » contre "l’acharnement thérapeutique", parle de doses thérapeutiques qui peuvent soulager le patient, avec son consentement, même si ces doses sont susceptibles de raccourcir ce qui reste de sa vie.

 

Cette loi recouvre en réalité la majorité des cas pouvant se produire dans la pratique clinique, mais pas certaines agonie prolongées ou certaines douleurs physique ou psychologique qui restent incontrôlés, malgré les soins palliatifs: «des situations qui, bien que rare, ne peuvent  rester sans réponse», conclut l’Ordre.

 

Le président français, François Hollande, a demandé un rapport sur cette question délicate afin de vérifier les circonstances dans lesquelles le suicide médicalement assisté peut être acceptable, en vue de présenter un projet de loi à l’Assemblée nationale en Juin. "La législation actuelle, a déclaré le propriétaire de l’Elysée, ne répond pas aux préoccupations légitimes des gens qui sont malades dans un état grave et incurable"

 

 

 

La médecine dans un monde qui marche sur la tête

 

L’année 2012 termine sur les chapeaux de roues (en ce qui me concerne en tout cas), et le calendrier de l’Avent, entamé ici il y a quelques jours, a vu son chocolat fondre comme neige au soleil.

 

Quelques cases seulement ont été dévoilées dénonçant tantôt les travers de la société, tantôt notre empressement à porter jugement sur des sujets de manière hâtive,…. Une très grosse commande d’un de mes clients et me voilà dans l’incapacité pendant 15 jours de lever le nez de mon clavier, de mes dictionnaires.  Je ne vais pas me plaindre, mais bon. Sachez néanmoins que cet arrêt brutal n’était pas dû à un épuisement des absurdités de notre époque. Un article, aussi bien écrit soit-il, ne pourrait pas en faire le florilège. Dénonçons en quand même quelques-uns ?

 
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Vers une loi pour l’euthanasie ?

L’euthanasie, voilà un sujet qui fait débat depuis bien des années maintenant sans que personne n’arrive à s’accorder sur un même point… Voilà qui pourrait pourtant peut être bien changer d’ici mi 2013.

 

Combien d’exemple avons-nous à donner sur des infirmières condamnées pour avoir assisté un patient en fin de vie à mourir avec dignité, sans douleur ? Beaucoup trop, je suis d’avis, que lorsqu’il n’y a plus rien à faire, pourquoi vouloir égoïstement s’entêter…. Bien entendu, il faut que la volonté soit celle du patient et que tous les traitements possibles aient été envisagés avant de prendre une telle décision. Le droit de mourir dignement, voilà la demande de bien des personnes qui souffrent sous le poids de la douleur sachant que l’issue sera la même. Une lueur d’espoir pourtant vient de voir le jour. 

 

Nous venons d’apprendre que le professeur Sicard vient de rendre un rapport à François Hollande. Suite à ce rapport, François Hollande a mit le doigt sur trois axes qui seront soumis à l’Assemblée Nationale en juin prochain. La ligne principale sera bien entendu de répondre aux besoins des patients qui sont atteint de maladies graves et incurables. Pour la première fois, on entend parler d’une loi visant à légaliser le suicide assisté dans des conditions que l’on imagine relativement complexe. Ainsi, les médecins pourraient se voir donner l’autorisation de prescrire des médicaments létaux afin qu’il se donne lui même la mort. 

 

On comprend très bien que toutes les parties se doivent de se protéger. Ainsi, le projet de loi n’en est qu’à ses prémisses, mais c’est une avancée majeure pour les malades en phase terminal qui souhaitent que l’on abrège leur souffrance. Les patients pourraient ainsi aborder leur fin de vie de manière plus sereine et plus apaisée…

 

Personne ne sait comment il réagirait face à l’annonce d’une maladie incurable, on peut prétendre vouloir profiter du peu qui nous reste mais face à la douleur ou pire encore, face à la perte de mémoire ou autre exemple, je pense que si l’on me proposait d’abréger ce fardeau, je l’accepterais volontiers. Chacun sa vision des choses, mais une telle réforme serait bénéfique aux personnes, leur laissant le choix. 

 

CINEMA : « Amour » de Haneke à en prendre ses jambes à son cou !

Malgré une overdose de morosité  ambiante, il m’a semblé un peu dur de rater Jean Louis Trintignant qui après une si longue absence, nous revient dans le film récompensé de la Palme d‘or à Cannes, «Amour», de Michel Haneke. 

Jamais film n’aura porté aussi bien le nom amour, celui-là même qui a su, chose devenue rarissime, traverser triomphalement les multiples épreuves de toute une vie sans s’être laissé émousser pour se muer en une délicate tendresse unissant ces deux octogénaires que sont Anne et Georges,  (Emmanuelle Riva et Jean Louis Trintignant), perdus au beau milieu du crépuscule de leur âge. 

Au même titre que «quelques heures de printemps» le thème du film tourne autour des affres du naufrage de fin de vie qui s’annonce encore plus tragique quand de manière inattendue aux déboires de la vieillesse viennent se greffer handicap, dégradation physique et contre lesquels doit impérieusement s’engager une forme de combat improvisée. 

En effet tout allait merveilleusement bien pour Anne et Georges, ces deux bourgeois raffinés, anciens professeurs de musique jusqu’au jour où, suite à un choc émotionnel sans doute en rapport avec un certain cambriolage ou peut-être pour une raison inconnue, la pianiste est victime d’un accident vasculaire cérébral suivi d’une intervention chirurgicale et d’un second accident assorti d’une maladie dégénérative. 

Face à un coup de massue de cette ampleur, face à toute la dépendance, l’humiliation qui vont avec et pendant que tout se met à foutre le camp, alors que leur fille Eva, (Isabelle Huppert) qui semble se prendre pour une adolescente et que les rares proches s’avèrent indifférents, le mari est là, présent pour tenir à lui seul la barre. 

Peu à peu, après tant d’abnégation devant ce corps désarticulé, broyé par la douleur, celui qui  s’opposait au désir d’en finir de sa bien aimée semble, à force de surmenage, se mettre à revoir à la baisse certaines de ses convictions. 

Etrangement durant la première partie de ce huis clos intimiste ponctué aussi bien par le vide que par le silence, c’est au travers de la froideur des émotions dénuée de tout épanchement avec en toile de fond des voix sobres dont celle de Trintignant au timbre légendaire que chaque mot, chaque geste et chaque regard parvient à nous saisir. 

Malheureusement cet état de grâce au cours duquel Haneke parvient à faire passer cette charge émotionnelle via de multiples scènes comme celle du bref dialogue entre le jeune concertiste et son ancienne prof de musique devenue infirme et d’autres encore plus anodines ne tarde pas à être rompu dans la seconde partir du film et ce, dès l’instant qu’à l’égard du spectateur, il enfreint la loi, celle-là même instaurée par Georges et qui consiste à protéger Anne du regard de ses proches. 

En effet quand  le réalisateur choisit de persévérer dans sa volonté de filmer en s’appesantissant de manière trop crue sur la déchéance dans son aspect le plus intime, le malaise du spectateur va crescendo jusqu’à presque lui donner l’unique envie de prendre ses jambes à son cou pour s’enfuir une fois pour toute de ce si luxueux appartement qui exerce un attrait sur un certain volatile de mauvaise augure ! 

Aussi cette propension de Haneke à vouloir à tout prix multiplier les zones d’ombre notamment par des flash back inopportuns comme celle marquant le dénouement du film, histoire de nous laisser sous son emprise après nous avoir lâché du lest en laissant libre cours à notre imagination est quelque peu déroutante. 

En tout cas, dans «Amour» le réalisateur donne l’impression d’avoir aboli toutes les lignes rouges dans sa narration de la déchéance par la maladie pour rendre presque indiscutable l’ultime choix de l’euthanasie… 

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Euthanasie François Hollande relance un débat douloureux,

entre l’éthique médicale, religieuse et humaine.

 

 

Un sujet de société qui revient continuellement tant il est douloureux, à la fois pour le patient et son proche entourage, par la souffrance et l’acharnement thérapeutique qu’il engendre. Je ne suis pas médecin, bien que dans ma famille il y en a, ce qui nous fit discuter lors des affaires qui eurent des retentissements médiatiques importants. Mais tout d’abord, bien que je ne veuille m’initier en profane, l’euthanasie est une mort douce sans souffrance dans la définition de la langue Française.

 

Mais plus pratiquement elle est un acte qui permet d’abréger la souffrance d’un patient conscient et médicalement incurable, c’est de l’euthanasie active. Le soignant avec l’équipe médicale non seulement accepte de contribuer à la mort du patient mais l’initie. Parfois, des abus, et cela c’est ce qu’il faut éviter, le soignant excédé par les souffrances du patient décide seul de sa mort. Un acte qui ne peut être considéré comme relevant d’une euthanasie prise en commun entre le corps médical, le patient et la famille. C’est un crime, bien que le soignant l’invoque de l’avoir fait contre la souffrance.

 

Ces états incurables et de souffrance ne représentent pas l’état ultime qu’est l’agonie avant la mort, et la question est doit-on laisser le patient souffrir jusqu’à son agonie ? Dans l’euthanasie active le patient est maintenu en vie par l’acharnement thérapeutique et est lucide, pour demander son décès, contrairement à celui en agonie ou le patient n’a plus la lucidité pour le faire. Ces états d’acharnement thérapeutique et d’agonie sont une évolution naturelle vers le décès puisque un patient en état d’agonie est souvent laissé tranquillement s’éteindre n’ayant plus que quelques heures de vie, c’est l’euthanasie passive. C’est tout simplement une action humaine en fin de vie puisque le patient ne réagit à aucun des traitements possibles, étant dans l’anti chambre de la mort.

 

Euthanasie active et euthanasie passive sont donc des actes qui consistent à infléchir ou à activer le processus naturel qui conduit au décès, dans un cas c’est le soignant et son équipe en accord avec le patient et sa famille qui l’initie, et dans l’autre c’est l’équipe médicale qui seule décide de l’inutilité des soins, sachant que les familles sont conscientes que l’être cher n’a que quelques heures de vie. Bien souvent, résignées, voyant son état, elles sont informées par l’équipe médicale de sa mort imminente.

 

Le problème que pose l’euthanasie comme définie ci-dessus est d’accréditer la demande du patient et de sa famille afin d’abréger ses souffrances inutiles sachant qu’aucune issue, avec les connaissances actuelles de la médecine, autres que la mort sont possibles. C’est donc une notion évolutive dans temps, sachant que si l’on attend on pourra, peut être, dans quelques temps, soigner le patient et l’éviter de mourir pour le mal dont il souffre. C’est de l’acharnement thérapeutique sur parfois plusieurs années sous le prétexte de préserver la dignité de la valeur humaine. Argument invoqué par ceux qui sont opposés à l’euthanasie contrôlée, autant que par ceux qui considèrent que laisser un patient souffrir avec des tuyaux et des machines partout est inhumain et indigne de la valeur humaine. Il y en a même qui eurent recours à des expériences folles qui consistèrent à congeler le patient à – 190 ° C dans l’azote liquide afin de le «ressusciter» plusieurs décennies plus tard. La question est donc,

 

faut-il donc faire souffrir encore quelques temps le patient ainsi soutenu en vie dans le but d’une thérapeutique improbable qui le sauverait de la mort ? Ou faut-il avoir le courage d’abréger ses souffrances et celles de la famille ?

 

C’est tout le débat entre ceux qui, aux demandes du patient et de sa famille sont pour abréger les souffrances inutiles, et ceux qui attendent l’état ultime de la mort.

 

Le corps médical dont la fonction est de soigner et non de tuer est divisé sur l’éthique de l’euthanasie, a-t-on le droit de donner la mort ? La loi est impuissante par ce qu’elle touche à la vie, et la facilité est de ne pas légiférer, un reste de notre culture catholique. Mais la pression des familles confrontées au problème de la souffrance de leurs êtres chers, et incurables, demande de pouvoir abréger les souffrances en initiant le décès du patient.

 

Une majorité des Français se dégage pour cette euthanasie active. C’est tout le problème que François Hollande a initié le mardi 17 juillet pour un débat national sur cette importante question sans prononcer une seule fois le mot euthanasie de peur de choquer le conservatisme religieux. Le président a pris l’engagement de développer les soins palliatifs, mais aussi de revoir la loi Leonetti de 2005 qui s’oppose à l’acharnement thérapeutique sans permettre de déclencher un geste médical pour provoquer la mort. Elle permet de développer des soins palliatifs en fin de vie afin de prendre en compte les souffrances.

 

Cette loi ne résout rien quand aux questions d’éthiques qui se posent dans le cadre médical, elle autorise seulement à prendre certaines solutions. Elle ne règle pas le problème de l’euthanasie dans un cadre règlementé dans une solution de souffrance, même si des soins contre la douleur sont administrés. Il faut donc une réflexion sur ce sujet afin qu’il soit une fois pour tout inscrit dans un cadre médical qui préserve le soignant et soulage le patient.

 

Le problème est aussi légal que spirituel.

 

L’église refuse tout, à la fois l’acharnement thérapeutique, l’euthanasie active et passive, pour elle l’euthanasie est moralement inconcevable, constituant un meurtre puisque Dieu donne la vie et que seul, il peut la reprendre. La lettre encyclique, Evengelium vitae, l’Évangile de la vie, du pape Jean-Paul II en 1995, l’euthanasie est en opposition directe avec le 5ème commandement, «Tu ne tueras point», Exode 20.13. En conséquence, toute forme d’euthanasie est prohibée. Je me souviens d’avoir appris lors de mon catéchisme que mourir dans la souffrance était naturel puisque cela permettait d’être lavé de ses pêchés. Le problème se pose de la même façon que pour l’interruption volontaire de grossesse, qui soulève l’opposition de l’église et de praticiens sous le prétexte que l’on hôte la vie.

 

Le corps médical est donc partagé sur la légalisation de l’euthanasie. Une enquête réalisée en février 2002 par l’Observatoire régional de la santé de PACA, le Centre régional des professions de santé, CRPS, et l’unité 379 de l’INSERM auprès de 1.000 médecins généralistes montre que 45 % des médecins généralistes Français sont favorables à une dépénalisation de l’euthanasie. Les médecins les plus impliqués et les plus à l’aise dans les soins palliatifs et le suivi des fins de vie sont le plus souvent hostiles à une légalisation de l’euthanasie au contraire de ceux, qui se sentent mal à l’aise face aux patients en fin de vie, et qui se prononcent le plus souvent en faveur d’une légalisation de l’euthanasie.

 

En octobre 2012, plus d’un Français sur deux estime que la loi actuelle sur la fin de vie ne permet pas «suffisamment d’atténuer les souffrances physiques ou morales» des malades. 59 % des catholiques seraient favorables à une loi qui légaliserait la pratique de l’euthanasie, selon un sondage Ifop/Pélerin publié dans le Pèlerin Magazine. Il faut néanmoins approfondir cet étonnant constat. 91 % des non pratiquants sont favorables à la légalisation de l’euthanasie, à peine trois points de moins que les sans religion, alors que seulement 14 % des pratiquants se disent très favorables et 45 % plutôt favorables. Il y a quand même une évolution sur ce problème qui montre une prise de conscience car il touche tout le monde, catholiques compris.

 

Le professeur Léon Schwartzenberg cancérologue imminent défenseur des sans abris et des sans papiers, adepte du parler vrai, n’hésita pas à prendre des positions contre l’opinion du moment. Ministre de la santé délégué à la santé sous Michel Rocard, il y restera 9 jours.

 

«Mentir aux cancéreux par compassion et dire la vérité à ceux qui ont le sida par peur de la contagion, cela procède d’une légale saloperie», disait-il à l’apparition de cette maladie en France, alors dénuée des puissantes trithérapies actuelles. La même année, il prit la défense du droit de mourir dignement et lança le débat sur l’euthanasie. Il dira au cours de l’émission «Apostrophes» sur France 2, «je suis simplement contre le maintien à tout prix d’une vie qui n’est plus une existence».

 

2Il publia Requiem pour la vie en 1985, un ouvrage cherchant à rompre le tabou de l’euthanasie. En 1991, l’Ordre des médecins le suspend d’exercice pour un an pour avoir révélé dans la presse, en 1987, l’euthanasie qu’il avait apportée à un malade incurable. En 1993, le Conseil d’État annula cette décision.

 

En 1992, il se présenta aux élections régionales en Provence-Alpes-Côtes-d’Azur ou il fut tête de la liste Énergie Sud de Bernard Tapie dans le Var. Mais il renonça à son poste de conseiller régional suite à l’affaire Testut. Il figura aux élections Européennes de 1994 parmi les initiateurs de la liste, L’Europe commence à Sarajevo. En 1994, il est l’un des fondateurs de l’association Droits Devant ! Vers la fin de sa vie, il s’engagea auprès des étrangers en situation irrégulière et des mal-logés et contre les organismes génétiquement modifiés, OGM. Jusqu’en 2001, tant que sa santé le lui permit, il défilait régulièrement avec l’association Droit au logement, dont il était président d’honneur. Il mourut d’un cancer, évolution d’une hépatite contractée lors de transfusions effectuées à ses patients, qui avait évolué en une cirrhose du foie.

 

Et puis l’affaire de Vincent Hubert, un jeune pompier qui le 24 septembre 2010 en quittant sa caserne pour rejoindre sa petite amie fut écrasé dans un virage par un poids lourd qui déboulait. On le retrouva sous les roues arrières, aveugle, muet et tétraplégique. Admis aux urgences de l’hôpital d’Évreux il y subit une quinzaine d’interventions. Mais les médecins ne laissèrent guère d’espoir à sa mère, Marie Humbert. Et là commença cette affaire qui défraya la chronique.

 

Du jour au lendemain, la vie de Marie bascula, elle quitta son appartement et son travail pour suivre «son Titi» dans un centre spécialisé. Et pourtant, Marie n’eut pas le sentiment de se sacrifier pour son fils, elle fut persuadée que Vincent allait guérir, c’était juste un problème de temps et d’amour. Le «miracle» eu lieu neuf mois après son arrivée au centre, Vincent bougea son pouce. Marie mettra neuf autres mois à lui apprendre l’alphabet afin de pouvoir communiquer avec lui.

 

Cette période d’euphorie fut de courte durée, malgré les séances de rééducation et d’ergothérapie, Vincent ne fera physiquement plus aucun progrès. Lucide et conscient de sa très lourde pathologie, Vincent voulut mourir. Il veut mourir parce que son corps entièrement paralysé, hormis son pouce, est une souffrance, qu’il ne voit rien, qu’il n’a plus d’odorat, que son dernier repas remonte à plus de deux ans et qu’il ne retrouvera jamais l’usage de la parole. Au fil des mois, sa détermination ne faiblit pas bien au contraire. Devant le refus des médecins à l’aider à mourir, Vincent va jusqu’à écrire une lettre au président de la République. Du jour au lendemain, l’affaire se médiatisa, et un débat national sur l’euthanasie s’engagea dont Vincent devint malgré lui, le symbole. Désespéré, Vincent se tourna alors vers sa mère et lui dicta, «si tu m’aimais, tu me tuerais !» Par amour pour son fils, Marie qui lui donna la vie, va lui offrir sa mort, tiré Marie Hubert l’amour d’une mère.