L’écrivain s’appartient-il vraiment ?

Des journalistes qui étaient un jour allés au domicile de Stanislas Adotévi, l’auteur du célèbre essai "Négritude et Négrologue", dans l’optique de l’interviewer, ont dû attendre une heure de temps pour pouvoir être reçus par ce dernier qui, en guise d’excuse, leur avait dit ceci : "Excusez-moi, mais j’étais en train de faire l’amour avec mes livres". Ce brin d’humour de l’écrivain les avait sûrement fait beaucoup rire !

Mais avec le recul, ils ont dû comprendre qu’être écrivain, c’est accepter de s’oublier pour les autres, réfléchir, écouter, écrire, taper, saisir, envoyer son manuscrit dans une maison d’édition. Une fois son livre sur le marché, après, bien sûr, avoir emprunté des chemins plus ou moins tortueux, se prêter aux différentes questions des journalistes, encaisser leurs coups de sabot littéraires, avoir de la hauteur d’esprit pour ne pas tomber dans leurs pièges, telle l’écrivaine ivoirienne Régina Yaou, qui, au cours d’une émission littéraire « La plume et l’encrier », animée par l’émérite essayiste ivoirien Frédéric Grah Mel, lui avait dit sagement ceci : « Certes, vous trouvez mon œuvre médiocre, mais cela n’empêche que j’enseigne les idées qui y sont véhiculées dans des universités américaines », en réponse à sa critique ayant cette coloration : "J’aurais été ton éditeur que ton  manuscrit se serait retrouvé à la poubelle ! ». Ce coup de marteau qui devait la faire fléchir lui a plutôt donné des ailes !!!

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