Rétention de sûreté : Sarkozy face au Droit

Curieux phénomène. Notre président, garant de la Constitution, qui plus est avocat de formation, se moque ostensiblement de tous les principes de base qui fondent l'ordre républicain.

Ainsi Monsieur le Président, non content de la validation par le Conseil Constitutionnel de la quasi-totalité de la loi (inspirée par lui, créée par Dati) sur la rétention de sûreté, qui permet de placer en centre de rétention, à caractère médico-social, des condamnés à plus de 15 ans de prison dès la fin de leur peine, et qui conserveraient une "dangerosité", avait décidé de partir en guerre contre les Sages qui, tout naturellement, censurèrent la rétroactivité mentionnée dans cette étonnante loi.

Il est flagrant que notre Président se complaît dans le rôle de protecteur tout-puissant. Il réunit des associations de victimes, émeut les foules, et attise les rancoeurs.

Ainsi voit-il son rôle au service des Français.

Il se retrouve malgré tout bien isolé face à la réalité. Car certains ont une tout autre vision de leur mission.

Sans surprise, le Premier président de la Cour de cassation, Vincent Lamanda, qui s'est extraordinairement retrouvé chargé par le Chef de l'Etat de contrer la décision du Conseil Constitutionnel, a donc ce matin réaffirmé son attachement aux fondements de la République : M. Lamanda "nous a confirmé qu'il ne s'agissait pas pour lui de remettre en cause, de quelque manière que ce soit, la décision du Conseil constitutionnel qui s'applique à tous les pouvoirs publics, qui s'impose donc à la Cour de cassation", a déclaré devant la presse le président de l'Union syndicale des magistrats (USM) Bruno Thouzelier, à la suite d'une réunion avec les syndicats.

"Il s'agit de réfléchir au problème de la récidive des grands criminels", a-t-il poursuivi, en s'étonnant tout naturellement que la loi ainsi promulguée ait à l'esprit de se préoccuper de la dangerosité des criminels "à quelques mois de leur sortie de prison".