Entre les manifs du début 2014 et celles qui précédèrent le 6 février 1934,

l’affaire Stavinski, un trait d’union que les historiens n’hésitent pas à faire !

 

Le 6 février 1934 sur la place de la Concorde à Paris. (Photo AFP)

 

Support Wikipedia Les historiens nous rappellent que la politique est un éternel recommencement. Leur pensée, malgré le temps se porte quelques 80 années plus tard, pour expliquer le lien entre les manifestations de la marche pour la vie du 19 janvier, du jour de colère du 26 janvier, et de la manif pour tous du dimanche 02 février qui a vu une temporisation de l’exécutif sur la réforme de la famille.

Pour les historiens, ce qui se passa il y a 80 ans jour pour jour, le 06 février 1934 ou des manifestations emmenées par les ligues nationalistes d’extrême droite dégénérèrent en émeutes devant l’Assemblée nationale, leur rappelle ce qui vient de se passer en 2014.

Bien que ces manifestations soient politiquement différentes et d’une autre époque, elles expriment, selon eux, une France radicale et pour certains une poussée des extrêmes. Celle catho du 02 février montra son conservatisme face à une société française qu’elle juge décadente, politiquement corrompue, le mariage pour tous des LG, qui serait une queue de trainée de la Révolution française. Sans le clamer son désir d’ordre dans la famille montre un nationalisme social qui impliquerait une forte autorité contre cet espace de liberté sur l’avortement et le mariage pour tous, qu’elle juge être un crime comme l’exprimait l’idéologie de Charles Mauras. Il est bien connu qu’après chaque grande crise se développe des idéologies droitières et fascisantes.

Après la Grande guerre, c’est ce que déclenchèrent, la montée du fascisme italien dans sa marche sur Rome le 28 octobre 1922 qui avait pour but d’impressionner le gouvernement en place, le national socialisme allemand fondé en 1920, par l’arrivée au pouvoir d’Adolph Hitler le 30 janvier 1933 comme chancelier du Reich, et le communisme stalinien dès le début des années 30, furent un contexte politique propice à la crise du 6 février 1934. Toutes ces idéologies eurent pour trait d’union la misère qui s’en suivit, et la grande dépression née en 1929 aux États-Unis.

Pour les historiens le nationalisme intégral eut pour ambition d’être une doctrine contre-révolutionnaire, assurant la cohésion de la France et sa grandeur. Il partit d’un mot d’ordre, «politique d’abord», et d’un postulat, le patriotisme, que la Révolution aurait effacé au profit du nationalisme. Pour Charles Maurras, la société française de la fin du XIXème siècle fut minée par la décadence et la corruption qui remontèrent principalement à la Révolution française, et qui atteignirent leur paroxysme dans l’affaire Dreyfus

Les années 1930 couvrent la période de 1930 à 1939 de la famine, amplifiée de la crise économique du krach boursier de 1929, la montée des extrémismes, des guerres et des tensions internationales, de la xénophobie et de l’antisémitisme, qui finalement déclenchèrent la Seconde Guerre mondiale. Pendant les trois premières années de la décennie, le principal souci fut la crise économique généralisée.

Cette crise politique traversa la France des années folles qui vit l’emblématique Joséphine Baker dans une France qui ne pensait qu’à s’amuser, elle déboucha, notamment, dans une instabilité politique. Bien que ce ne puisse être le cas de la cinquième République, qui, avec le président de la République élu au suffrage universel des français, donne une stabilité politique, la poussée xénophobe de la droite contre toute avancée sociétale, ébranle l’exécutif. Le gouvernement socialiste, à peine majoritaire, montre ainsi sa faiblesse face à ces manifestations réactionnaires.

La France des années 1930 fut marquée par plusieurs poids qui l’empêchèrent de se développer politiquement, socialement et économiquement. On retrouve ce schéma actuellement. Il y a une similitude entre le 6 février 1934 et le jour de colère du 26 janvier 2014, et la manif catho à Paris avec une opposition de la gauche qui joue contre son intérêt, dans un esprit de revanche contre François Hollande, face à une droite puissante.

La journée du 6 février 1934 doit énormément aux manifestations quasi quotidiennes qui la précédèrent sur près d’un mois, impulsées au début par la seule Action française, contre les voleurs et les assassins à la suite du scandale de l’affaire Stavinski. Elles contribuèrent à la chute du gouvernement Camille Chautemps et déclenchèrent les émeutes antiparlementaires précédents celle du 6 février 1934. Ces émeutes obligèrent l’ensemble de la mouvance à entrer progressivement dans le jeu, les Croix de feu du colonel de la Rocque compris. Son programme exposé dans le livre Service public en 1934 revendiquait un christianisme social associé à un nationalisme traditionnel, rejet de la lutte des classes, du régime des partis, du racisme, du totalitarisme et l’adoption d’une politique libérale sur fond d’un régime fort avec un parlement affaibli. Il se distinguait des autres mouvances par son respect de la légalité républicaine, refusant de participer aux violences du 6 février 1934 et de se joindre aux émeutiers de la Place de la Concorde par le maintien des Croix de Feu sur la rive gauche de la Seine. Il s’est contenté de commander, à partir de son poste de commande à quelques rues de la chambre des députés, la participation disciplinée de ses troupes aux manifestations.

L’escroc Stavinski à la suite de son décès en janvier 1934 dans des circonstances mystérieuses conduisit au scandale politique, monté par les adversaires au gouvernement instable de Camille Chautemps soupçonné de corruption, et le firent démissionner l’accusant que cette mort profitait plus à la gauche, aux radicaux donc à lui même.

Camille Chautemps fut remplacé par Édouard Daladier en janvier 1934 qui, ensuite, démissionnera le 7 février à la suite des émeutes du 6 février. Ces manifestations des anciens combattants des ligues d’extrême droite nationalistes d’environ 30.000 manifestants «criants à bas les voleurs», dégénérèrent à quelques pas de l’Assemblée nationale, par ce qu’elles protestaient contre le limogeage du préfet de police Jean Chiappe haï de la gauche. Elles firent une quinzaine de morts et 657 blessés, 14 tués et 62 blessées par balles.

Pour comprendre le 6 février lorsque le gouvernement présidé par Édouard Daladier, le jour ou il doit être présenté à l’Assemblée, Édouard Daladier limogea le préfet de police Jean Chiappe accusé par les journaux de gauche d’être impliqué dans l’affaire Stavinski, alors que la droite dénonçait un marchandage avec la SFIO, et que la plupart des journaux de Paris s’indignèrent, la Liberté, L’Ami du peuple, L’Intransigeant, L’Écho de Paris, le Petit Parisien qui prirent fait et cause pour Jean Chiappe par des appels à manifester le 6 février à des endroits divers. L’Ami du Peuple, relayant l’appel de Solidarité Française, écrivit, «il faut que le gouvernement se rende compte que le peuple est réveillé et qu’il avance, décidé à en finir avec les internationaux révolutionnaires et les politiciens pourris». Pour contrer Édouard Daladier appliqua une série de sanctions, mutations et autres, visant à éloigner les hommes mouillés par cette affaire. D’autres manifestations se produisirent les 7, 9, 12 février.

De nombreuses questions se posèrent ensuite, y-a-t-il eu complot ? Qui des forces de l’ordre ou des manifestants tirèrent les premiers ? Les sommations ont-elles été faites par les forces de l’ordre ? Quelles armes furent utilisées ? Ce contexte influença profondément et durablement la vie politique jusqu’à la Seconde guerre mondiale.

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