Tabagisme et grossesse : la France, ce mauvais élève

En France, 16,7 % des femmes enceintes continuent de fumer pendant leur grossesse, en dépit des nombreuses contre-indications à la fois pour la santé de la maman mais aussi et surtout du fœtus. C’est l’un des taux les plus forts dans les pays de l’Union européenne et de l’OCDE. Sensibilisation et accompagnement doivent donc être renforcés pour lutter contre ce problème de santé publique.

Le tabac et les risques de malformation du fœtus

Lorsqu’il s’agit d’évaluer l’impact du tabagisme sur la future maman et l’enfant à naître, les études se suivent et se ressemblent. Faible poids à la naissance, naissance prématurée, malformations congénitales de la bouche et des lèvres, augmentation du risque du syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN)… les conséquences d’une supplémentation en nicotine et de l’inhalation des produits toxiques issus de la combustion du tabac (goudron et monoxyde de carbone notamment) peuvent être dramatiques.

Plusieurs facteurs expliquent la prévalence du tabac chez les femmes enceintes en France. Citons dans un premier temps un effort de sensibilisation insuffisant ou, du moins, beaucoup moins important que pour la lutte contre le tabagisme de manière générale. Aussi, les femmes enceintes arrêtent généralement la grande majorité des comportements à risque, mais le tabagisme se distingue par le pouvoir addictif de la nicotine.

Le tabac fragilise le placenta… même en l’absence de consommation pendant la grossesse

Et pour empirer les choses, une nouvelle étude réalisée conjointement par l’Inserm, le CNRS et l’Université Grenoble Alpes vient de démontrer que l’arrêt du tabac pendant la grossesse ne suffisait pas pour lever les risques. En effet, l’étude, qui a été publiée en intégralité dans le journal BMC Medicine, démontre que le placenta « garde en mémoire » la consommation de tabac même si elle est arrêtée trois mois avant la grossesse. Rappelons que le placenta, qui joue un rôle majeur dans le développement du fœtus, se voit particulièrement fragilisé sous l’effet de certaines substances chimiques dégagées par la combustion du tabac.

Ainsi, 568 échantillons de placenta ont été analysés, selon la répartition suivante :

  • Femmes non-fumeuses ou n’ayant pas fumé pendant les trois mois qui précèdent la grossesse (381) ;
  • Femmes qui ont arrêté la consommation de tabac pendant les trois mois qui précèdent la grossesse (117) ;
  • Fumeuses qui ont continué à consommer du tabac pendant la grossesse (70).

Les résultats ont été, pour le moins, surprenants. En effet, chez les femmes enceintes fumeuses, TOUTES les régions du génome placentaire étaient atteintes. Chez les femmes qui ont arrêté de consommer du tabac pendant plus de trois mois avant la grossesse, environ 16 % du placenta était atteint. En effet, l’arrêt du tabac un trimestre avant la grossesse ne permet pas encore d’épargner le placenta. Le délai optimal pour l’arrêt du tabac avant la grossesse est pour l’heure inconnu.

Arrêter de fumer : vos options

Pour qu’elles puissent réussir leur sevrage tabagique et épargner le placenta du fœtus, les femmes qui envisagent une grossesse doivent donc s’y prendre le plus tôt possible, à fortiori lorsque l’on sait que la date de grossesse n’est jamais connue avec certitude. Pour ce faire, elles peuvent activer plusieurs leviers. Le premier réflexe devrait être la recherche d’un accompagnement professionnel pour le sevrage tabagique, avec le concours d’un tabacologue qui les conseillera sur les meilleurs substituts nicotiniques.

L’option de la cigarette électronique peut également être envisagée sur deux niveaux :

  • En substituant la cigarette traditionnelle par l’e-cigarette, la femme enceinte réduit les risques sans les supprimer. En effet, la cigarette électronique contient de la nicotine, mais elle épargne à son utilisateur des centaines de substances toxiques issues de la combustion du tabac, comme le goudron et le monoxyde de carbone. Rappelons que

    les e cigarettes ont besoin de liquide pour fonctionner
    … et ce liquide peut être plus ou moins concentré en nicotine, en fonction de l’addiction.

  • Si elle intervient suffisamment tôt avant la grossesse, la cigarette électronique peut être d’une aide précieuse pour réussir son sevrage tabagique. Les dispositifs de vapotage le plus récents embarquent un système d’Intelligence Artificielle (IA) qui analyse les habitudes de consommation du fumeur pour lui délivrer la dose minimale efficace de nicotine, tout en favorisant une consommation très progressivement dégressive sur la durée, jusqu’à réussir son sevrage tabagique.