Dominique de Villepin aura réussi à faire parler de lui. Sans trop s’en prendre à François Hollande ou à Laurent Fabius (d’ailleurs, pourquoi eux, et pas Merkel, Cameron, Obama ?), il s’est exprimé sur la situation en Syrie afin de déplorer le manque d’initiative du gouvernement français. C’est vrai, il pourrait faciliter la création d’une sorte de brigade de volontaires français. Et l’on verrait Sarkozy, Copé, Fillon sous l’uniforme, prêts à en découdre. Au fait, ensuite, depuis la Syrie, ils pourraient certainement libérer Abkhazie et Ossétie du Sud du joug russe, non, et rendre la Transnistrie à la Moldavie.

« Sarkozy, nous voilà, oui c’est toi le sauveur de… ». De quoi au juste ? De la Géorgie ? L’UMP a la mémoire courte. Fin 2008, après l’invasion russe de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, Nicolas Sarkozy, alors que les chars russes étaient à 30 km de la capitale de la Géorgie, obtient que ce pays signe sa totale défaite. Poutine, qui avait personnellement veillé à la préparation de l’invasion (alors que son alors président émettait des doutes), aurait reculé devant la détermination du parachuté Sarkozy.
La réalité, près de cinq ans plus tard, c’est que la Russie tient toujours la Géorgie à la gorge, d’autant mieux que des matériels militaires maritimes performants lui ont été livrés par la France.

Comme en Côte d’Ivoire, Sarkozy a su venir conforter les vainqueurs. Mais pour la Syrie, c’est un peu différent. Plutôt que d’aller lui-même voir Poutine, Sarkozy et ses séides de l’UMP veulent faire infliger un camouflet à François Hollande. Qu’obtiendrait-il de la Russie qu’eux-mêmes, qui embrassaient les dictateurs libyen et syrien (et surtout leurs hommes d’affaires) sur la bouche, pourraient obtenir ?
Une vague déclaration de bonnes intentions ?

En fait, livrer des pays et leurs habitants au fondamentalisme soutenu par le Qatar et l’Arabie ainsi que divers émirats est la seule ambition de l’UMP et de ses représentants. Cela représente aussi divers avantages. Livrer ainsi des armes permet de creuser les déficits, d’approfondir la rigueur pour tenter de les régler.
Bientôt, en Espagne, les 400 euros versés à celles et ceux n’ayant plus la moindre ressource seront supprimés. Cela douchera aussi les revendications salariales. Bientôt, 400 euros sera peut-être en Espagne un salaire « acceptable » si ce n’est convenable. Pour cela, il faut des déficits, des conflits armés. C’est la stratégie des convervateurs américains mais aussi européens. 

Toutes ces belles âmes de l’UMP (et d’autres, d’autres bords), forcément démocrates, n’hésiteront aucunement à employer les chars et les mitrailleuses contre celles et ceux qu’elles auront contribué à réduire à la misère. Leur feinte compassion ne devrait tromper personne. Le prochain dictateur, quel qu’il soit, du moment qu’il favorise leurs vues, et surtout leurs affaires, sera proclamé un grand démocrate, un phare de la pensée. Jusqu’à ce que les intérêts divergent.

Mais en attendant, qu’attendent donc les Copé, Fillon, Sarkozy, pour s’engager personnellement et prendre les responsabilités qu’ils imputent à d’autres : personne ne les retient, hormis eux-mêmes.