C’est sur Ekathimerini et Greek Reporter (les deux publient en anglais) que j’ai découvert le mouvement Swap not Shop, vraisemblablement parti des États-Unis. Beaucoup d’associations pratiquent le troc, en émettant parfois des « bons » échangeables contre des biens ou des prestations de service. Là, Viviana, une Grecque qui avait découvert le mouvement à Londres, l’a implanté en Grèce, à Athènes. L’idée est simple : un groupe sur Facebook, une rencontre pour échanger des biens (vêtements ou autres).

Pour sortir de la crise, il faudrait dépenser et dépenser encore pour enrichir encore et encore les plus riches, censés nous le rendre au compte-goutte. Mais tenter d’étrangler la consommation, en fabriquant soi-même ou en échangeant, en revenant au troc, aurait au moins un avantage : économiser, bien sûr, mais aussi faire pression pour faire comprendre que, sans pouvoir d’achat, une partie au moins de ceux qui veulent accumuler les profits en feront de moindres.

L’Athénienne Viviana a commencé avec un groupe de 50 personne, qui a essaimé, puisque Thalia Geladaki, une autre résidente de la capitale grecque, s’y est mise aussi, avec Sandra, une amie commune avec Viviana.

Elle interviendra (à Athènes) dans un forum d’échange, cette fois d’idées, pour tenter de montrer que la crise peut être l’occasion d’initiatives, et d’un renouveau. Thalia va tenter de ne pas acheter de vêtements pendant un an, et mettre de côté cinq euros par jour sans rien acheter de textile (soit 1 825 euros si elle y parvient, sur un an). Je ne sais si la Susan Wagner qu’elle évoque est bien celle que je pense (une artiste allemande devenue Marseillaise), mais la Susan en question a mis tous ses vieux vêtements sur Flicker et fait sa propre promo. D’autres confectionnent, par exemple des sacs, ou d’autres objets.

À Oakland, aux États-Unis, des rendez-vous d’échanges sont régulièrement organisés. Un prix d’entrée modeste est demandé pour couvrir les frais de location, et pour un dollar, on vous imprime des motifs sur vos maillots ou chemises. On peut bien sûr tenter d’échanger en mode peer to peer (individuel) mais aussi en laissant son sac de vêtements, par exemple, et aller piocher à son gré dans ceux des autres.

 

Une fashionista telle que l’actrice Kelly Brook a soutenu quelques rencontres : les vêtements délaissés par toutes et tous sont confiés à une association caritative. Le swishing (néologisme formé sur swap et shopping) semble gagner du terrain.

Au Royaume-Uni, le site What’s mine is yours (.com) a connu un grand succès, avant de sombrer. Mais l’américain Clothing Swap, plutôt trendy et pour les ex-yuppies (jeunes, urbains, professionnels), semble bien se porter. C’est en fait une entreprise commerciale, mais les objets ne trouvant pas preneur sont cédés à des organisations caritatives.

Le couch surfing (hébergement gratuit), voire l’échange de demeures ou appartements pour les vacances, gagne aussi du terrain, devenant plus populaire.

 

En tout cas, comme c’est parti, cela ne devrait pas trop tarder à gagner la France…

Une toute autre tendance, bien plus onéreuse, c’est de faire réaliser sur mesure. Un tailleur de MyCustomClothing.com sera à Paris du 4 au 6 février. Vous choisissez en ligne des modèles, il prend vos mesures, et vous êtes livrés à domicile. La compagnie s’est déjà implantée au Royaume-Uni, en Irlande, Australie, Japon, Suède et Danemark, &c. Comptez quand même, pour six chemises d’hommes, environ 400 euros. Pas donné. Bah, si vous grossissez ou maigrissez, vous pourrez toujours participer à une Swap not shop party.