Bravo à Claudine Ledoux, maire PS de Charleville-Mézières, qui vient d'annoncer qu'elle accordera son parrainage républicain à Sviatlana Tchibissova, nous informe son Comité de soutien, joliment baptisé "Soeurs de coeur". La cérémonie se déroulera le samedi 20 octobre, place Ducale. Cette jeune Bélarusse de 30 ans, dont nous vous avions parlé pour la première fois dans l'article Obscénité, est actuellement sous la menace d'une expulsion, depuis qu'elle a quitté son mari pour se réfugier dans un foyer de femmes battues.

 

La préfecture des Ardennes, dans son immense mansuétude, lui avait accordé comme délai le temps que le procès qui l'oppose à son mari soit jugé en appel. Ce qui fut fait le 4 octobre, le tribunal de Reims ayant confirmé sa condamnation à 3 mois de prison avec sursis et confiscation des armes pour menaces de mort réitérées, accordant à Sviatlana l'euro symbolique qu'elle réclamait. Cette victoire judiciaire acquise, plus rien ne s'oppose à ce qu'on la renvoie en Biélorussie, en compagnie de son fils Arseni, 6 ans, scolarisé et parlant parfaitement le français. Inutile d'espérer émouvoir aussi facilement la préfecture et sa dame de fer, l'intraitable Catherine Delmas-Comolli, qui s'était distinguée en décembre en séparant une enfant de 3 ans de sa mère, expulsant cette dernière !

ardennaisAvant que la maire de Charleville-Mézières n'annonce son parrainage, elle avait fait voter la résolution suivante : "le conseil municipal de Charleville-Mézières demande que la situation de Sviatlana Tchibissova et de son fils Arseni soit réexaminée en toute urgence et qu'il leur soit accordé de demeurer en France". Le journal local, L'Union/L'Ardennais, a rendu compte de ce Conseil en omettant d'aborder ce point. Il n'annoncera pas plus le parrainage républicain, a-t-il signifié au Comité de soutien. Ce quotidien s'était illustré en publiant le 6 octobre 2006 un article prenant fait et cause pour le mari et traînant Sviatlana dans la boue, la faisant passer pour une jeune femme intéressée lui ayant fait vivre l'enfer. Un minuscule astérisque précisait …

… au bas du papier que les menaces de mort – il en était fait état comme d'élucubrations de la part de la victime – seraient jugées le 11 janvier. L'homme a depuis été condamné, verdict confirmé en appel, mais L'Union/L'Ardennais refuse de revenir sur l'affaire, ce qui constituerait l'aveu de son manque de discernement initial ! Aucun relais médiatique à attendre donc de ce côté-là. France 3, au contraire et heureusement, consacre régulièrement des sujets à la situation de la jeune Bélarusse. C'est ainsi qu'une équipe de la chaîne devait faire un reportage dans un établissement privé, dont les élèves allaient lire un poème dédié au petit Arseni. Mais quelques heures avant le tournage, la directrice de l'établissement, après un coup de téléphone de sa hiérarchie, a tout fait annuler en interdisant qu'on filme dans son enceinte… Face à ces lourdes pressions, le Comité de soutien continue de se battre, et l'aide de Claudine Ledoux, premier magistrat de Charleville-Mézières, ne sera pas de trop pour empêcher une expulsion injuste. Nicolas Sarkozy lui-même n'a-t-il pas déclaré : "A chaque femme martyrisée dans le monde, je veux que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française" ?

Mise à jour du 15 octobre : une pétition est en ligne sur le site de Réseau Education Sans Frontières.