surf professionnel, témoignage d’un quotidien pas si rose.

Après quelques articles sur différents sujets (souvent sportifs) j’ai décidé de témoigner de mon histoire, de la galère dans laquelle moi et beaucoup de collègues surfeurs nous sommes depuis le début de la crise financière, et même avant d’ailleurs, pour faire tomber le masque et les tabous de ce sport très apprécié mais très peu connu du grand public.

SURFEUR PRO!

Et là vous vous dites, plages de rêve, vagues, soleil, jolie filles j’en passe certainement un bon paquet du même type.

Mais la réalité est moins rose, beaucoup moins rose. Depuis le début de la crise financière les sponsors se font rares, et nous passons donc beaucoup de temps à jouer les VRP de notre condition pour réussir à vivre de notre passion. En effet les grandes marques de surf que vous connaissez tous, fragilisées par la crise financière, coupent dans leurs effectifs de surfeurs sponsorisés laissant sur la paille des dizaines de talents et sportifs de haut niveau. Rip curl par exemple est passé d’une centaine de surfeurs sponsorisés à seulement 30. Difficile pour les autres de continuer à vivre de leur passion quand on connait les coût exorbitants d’une saison en seconde division mondiale.

Que faire alors? 

petits boulots, prospection de sponsor, système D, camping, le surfeur fait rêver mais est devenu le smicard sportif par excellence.

J’ai personnellement la chance d’avoir un partenaire qui ne m’a pas lâché totalement ( DC shoes). Mais les budgets ont été réduits et les objectifs revus à la hausse, en clair "soyez fort ou ne soyez plus!" Pour la saison WQS qui comporte pour ma part 24 compétitions sur 4 continents ( Europe, Amerique, Afrique, Oceanie) je dispose d’une budget de 15 000$.

Et même sponsorisé la galère continue. Forcément vous me direz au moins je ne suis pas tout nu, j’ai des fringues gratuites. La plus grande partie du budget d’une saison (environ 80%) est lié aux frais de transport entre les compétitions. En effet l’ASP (l’organisme chargé d’organiser les compétitions professionnelles) nous fait faire des voyages de façon totalement arbitraire entre les continents. Une compétition au Brésil, puis une en Espagne pour repartir au Brésil après. Des aller-retour peut être inutiles qui n’aident donc pas du tout à réduire les coûts. Il est donc totalement impossible pour un surfeur de boucler son budget avec si peu de fond.

Personnellement je pense pouvoir tenir peut être un tiers de la saison avec le budget aloué. Sans résultat, ou si une blessure survient tout peut donc être remis en question. Bien sur si les résultats suivent le budget sera très certainement bouclé. Mais le stress engendré par cette condition, les démarches à effectuer ne permettent peut être pas à nous sportifs de pouvoir nous préparer de la meilleure des façons et d’arriver dans l’eau dans les meilleures conditions psychologique.

Peut être allez vous trouver déplacé mon article en sachant la conjoncture actuelle. Mais personnellement je trouve injuste que dans d’autres sports moins reconnus et moins populaires des sportifs vivent de façon démesurée alors que nous devons dormir dans nos voitures pour réduire les coûts. Je suis issu d’une famille modeste le sport a toujours été un échappatoire à mon quotidien un peu morne. Je me pose simplement des questions quant à l’utilisation faite de l’argent engendré par nos performances et l’image que nous donnons à ce sport.

 

En résumé la vie de surfeur pro n’est pas si idéale que ça. Une poignée de privilégiés vivent dans une bulle un rêve, mais pour les autres, les centaines d’autres tous aussi talentueux, le rêve se transforme petit à petit en cauchemar.

rendez vous prochainement pour vous montrer une journée type 

 

 

 

6 réflexions sur « surf professionnel, témoignage d’un quotidien pas si rose. »

  1. je suis la grand’tante de Didier PITER, je n’ai pas de contact avec lui . Votre
    billet m’a beaucoup touché . Pourtant ce sport a de + en + d’adeptes . Je sais également que vous êtes obligés de beaucoup vous déplacer pour des compétitions comme vous le dites.
    Trop de différence de rétributions par rapport au footbal ou le tennis .J’attends votre prochain billet…..

  2. Bonjour,
    j’ai croisé Didier plusieurs fois depuis décembre sur les spots sud landais. Il est toujours à la fédé et coach pour les jeunes de chez Volcom? En tout cas Didier est un des grands qui fait que aujourd’hui nous avons quand meme des structures et des cadres pour nous permettre de rivaliser avec les grosses écuries américaine brésilienne et australienne. c’est un pionnier et j’ai une grande admiration pour le surfeur et l’homme qu’il est.
    Au moment où je vous parle c’est prospection de billet discount :).
    je pense avoir le temps d’écrire ce soir ou demain midi. merci pour votre commentaire.
    Maxime

  3. Superbe témoignage Max !! Je compte bientôt m’initier à ce sport que j’admire et comme beaucoup d’autres, j’imagine, je ne connaissais pas vraiment l’envers du décor. C’est vraiment extra de nous faire partager cela!! Je ne pense que ce soit déplacé puisqu’à juste titre, tu fais remarquer que d’autres sportifs vivent grassement de leur passion tandis que d’autres rament (sans mauvais jeu de mots…)!! Courage car la crise financière ne durera pas toujours !!!

  4. bonjour,
    ton témoignage est très intéressant , il permet a des novices de mieux comprendre vos conditions de « survie « .
    ce qui me fais réagir , c’est que je pense que d’autres passionnés non pas toutes ces options de sponsoring ..
    il y a les sportifs, les artistes et les autres .. vivre de sa passion est justement ce qu’il y a de plus dur ..
    les sportifs sont devenus des supports publicitaires , a différents degrés de sponsoring
    et la crise a affectée les grosses boites qui ont réduits leur bugdet publicitaire
    …… juste une chose .. il y a des gens qui se battent avec un smic .. il y a des artsites qui galerent pour vivre de leur passion sans ‘sponsoring « , sans mécène, sans pub, et qui gagnent leur croute en cumulant des petits boulots.
    je suis sensible a ta cause .. mais comme tu le dis … » » » » Peut être allez vous trouver déplacé mon article en sachant la conjoncture actuelle. » » »
    la conjoncture actuelle n’epargne personne helas .. et des gens en souffrent terriblement, et galerent pour nourrir ses enfants, ou meme retser au chaud ..

  5. Si tu avais choisi ce sport pour l’argent et bien tu as fait fausse route ! Lorsque tu décides d’embrasser une carrière de surfeur pro, tu sais à quoi t’attendre… De plus,comme style de vie y’a plus pénible non ? Tu fais le choix de ne pas « bosser » mais de pratiquer ta passion, s’est courageux mais il faut être réaliste ; en glisse, seule l’élite tire son épingle du jeu et l’élite est minime.
    Tu as fait le choix de la différence (autre sport que le foot !!!) et la différence rend plus fort ! mais pas forcément plus Riche…
    Moi, j’ai décidé de ne pas trop travailler pour consacrer du temps à mes loisirs mais du coup, je ne pars pas surfer à Hawaii tous les ans…
    Bon courage et bonne glisse…

Les commentaires sont fermés.