Je reprends ma plume après plusieurs années sans écrire. En ces temps de disette et de cure d’austérité, nous sommes embarqués dans une valse sans arrêt dissonante qui peut faire fait perdre le bon sens.

   La nécessité de faire des économies à tous les échelons se fait sentir : les piques sont sorties et on frémit à l’idée de pouvoir y mettre quelques têtes sanguinolentes. En cette année 2014…le débat revient sur le Sénat !

      Que de débats autour de son utilité ! Et que ne bave t-on pas sur les économies prétendues si on supprimait cette institution, que d’ailleurs beaucoup ignore aujourd’hui le fonctionnement. Qui savait dire que le mandat d’un sénateur n’était plus de 9 ans mais de 6 ans ?

Si la caricature des sénateurs « bien gras » à l’image de MM Raffarin ou Larcher est bien ancrée dans l’inconscient collectif, c’est qu’il y a bien une raison. La légitimité de remettre en cause la rémunération par rapport à l’efficacité de ces « super-élus » qui dorment souvent et laissent le palais du Luxembourg plus souvent vide que plein n’est plus à démontrer. Et c’est l’entrée du Front National qui donne la sentence du troisième tour présidentiel.

 

Modèle contre modèle

   Et quand les politiques nous martèlent un modèle allemand pour modèle économique que le peuple rejette car contraire à ses acquis, celui-ci brandit le modèle américain aux politiques concernant les institutions. Ceux qui revendiquent l’américanisation ne s’aperçoivent t’ils pas du contresens et que cela sera forcément rejeté de nos élites ?

 

   Le débat s’active à la fois au niveau politique qu’il faut rénover politiquement le Sénat ; pour la population c’est clair, il faut le supprimer et diminuer le nombre députés, ce serait plus simple et économique.

   Ces arguments sont défendables et plein de bon sens pourtant prendre pour exemple le modèle américain pour argumenter parait contre-productif.

   Il est facile de se procurer les chiffres des indemnités des élus en France et de faire la comparaison :

France (1) : 927 élus dont 350 sénateurs et prenons au plus large des chiffres avancés 13 340 euros bruts/mois/sénateurs…oui, le total fait peur et reste scandaleux pour l’image rendue de leur fonction, sans parler des députés, ni du reste.

   Il est beaucoup plus compliqué de fournir la même précision pour le modèle américain souvent cité en comparaison :

Etats unis: 535 élus, dont 100 sénateurs…et plouf, les « indemnités » ne sont pas simples à obtenir.

   Néanmoins un fait est évident, les élus des américains sont riches, très riches et cela fait débat ! Si le nombre d’élus aux « states » est moins important  la fortune accumulée est proportionnellement plus importante. Le site rtbf.be (2) rapporte par exemple qu’en 2012, la moitié du congrès américain (donc des élus) avait un revenu net supérieur à un million de dollars américain…

   En 2011, le Figaro (3) le dénonçait déjà, donc cela ne va pas en s’améliorant. Certes les américains sont plus « soft » en nombre mais le sont il plus en « salaire »  quand ils deviennent d’année en année millionnaire alors que leur peuple se paupérise ?

   Le résultat que l’on attend de nos sénateurs par rapport à leur coût n’est pas irréprochable mais ceux qui demandent le modèle institutionnel américain, ne demanderaient-ils pas une poutre à la place d’une paille ?

   Si nous demandons à nos élites d’adopter le même concept numéraire, ne vont-ils pas adopter le même concept pécuniaire ? Car qui fait la loi ? Le peuple propose, eux légifèrent que s’ils n’y trouvent des avantages aussi (réélection, maintien d’acquis, etc…). Tout cela pour le même résultat institutionnel bien évidemment, car américain n’est pas français.

   Ce n’est pas pour rien que la France est connue pour son foie gras, le Sénat risque donc bien de rester longtemps en place à son état. Les Sénateurs n’ont pas de soucis à se faire, ils resteront bien dans leurs sièges comme dans des écrins. 

   Les piques seront au final rangées, c’était pour animer le débat. Il est loin le temps ou l’on croyait encore aux « sans culottes » et aux bonnets phrygiens, aujourd’hui les « sans-dents » n’en n’arriveront pas là car ils n’en n’ont pas l’injonction !

   Mais rien n’est perdu. Renouvelons sans cesse les élus et nous renouvellerons le Sénat, enfin si les politiques le veulent bien.

 (1)http://www.journaldunet.com/economie/magazine/le-salaire-des-politiques-et-des-elus/senateur.shtml

(2)http://www.rtbf.be/info/monde/detail_usa-pour-la-1ere-fois-plus-de-la-moitie-des-deputes-sont-millionnaires?id=8173231

(3)http://www.lefigaro.fr/international/2011/12/28/01003-20111228ARTFIG00358-les-elus-du-congres-americain-de-plus-en-plus-riches.php?pagination=3#nbcomments