Certes, tenir le crachoir pendant des heures sans dire de bêtises est très difficile, voire carrément impossible. Toutefois, nos éminents commentateurs sportifs de France Télévisions ont le don de me hérisser le poil. On ne sera pas trop sévère avec Patrick Montel qui veut faire danser la Jamaïque au son de la salsa. Bob Marley, le prince du reggae ne lui en aurait pas tenu rigueur. 

On ne leur demande pas, après tout, d’être spécialistes en musique du monde. Une fois la bourde dite, il n’est plus possible de revenir en arrière. C’est la raison pour laquelle l’exercice est périlleux.

On apprécie leur enthousiasme mais on aimerait un peu plus de mesure. Il est légitime de vouloir faire partager leur plaisir aux téléspectateurs, mais sans exagérer. Les cris et les « youhou » des commentateurs de canoë-kayack ont-ils rendu justice à l’exploit d’Estanguet ? J’aurais préféré plus d’explications pour comprendre un sport que je ne connais pas bien plutôt que des cris de Sioux. 

Certaines expressions sont bizarrement à la mode certaines années. Pendant les compétitions de natation, on a eu droit à plusieurs « il fait le travail » en parlant d’un nageur qui fait une belle course. J’avoue que je ne comprends pas cette expression dans cette situation. Une fois ça pourrait passer mais quand c’est répété à l’envi, ça devient énervant. Il semble que l’expression « ça va le faire » n’ait plus trop la cote.

Pourquoi toujours vouloir nous « vendre » des exploits « exceptionnels », « extraordinaires », « fabuleux » et même parfois « ENOOORMES » quand ce n’est pas "historiques". Les mots du coup perdent leur sens. Patrick Montel voit même Usain Bolt comme un « génie », un peu abusif, non ? 

Heureusement, les consultants techniques sont là souvent pour remettre un peu de raison dans tout cela et tempérer les débordements de leurs camarades. Quant à Nelson Montfort, son aisance à manier la langue de Shakespeare ne l’autorise pas à dire n’importe quoi. Il oublie souvent que c’est ce que dit l’interviewé qui nous intéresse.