Hier, mon fils rechignait à lire sa leçon d’histoire. Vous voyez quand vos enfants se tordent dans le canapé en précisant qu’ils sont obligés de faire leur devoir à cet instant, l’instant précis où vous venez de dire que vous alliez bientôt manger. Vous lui dîtes que ce n’est plus le bon moment et qu’il avait toute la journée du mercredi pour lire ses double-pages. Double-pages sur lesquelles il s’agit de retenir ce qui est en gras et souligné selon les instructions de l’enseignante. Donc comme les enfants ont le sens de l ‘économie de l’effort (enfin surtout le mien), il n’a en vérité que dix lignes à lire. Devant ce travail titanesque à fournir, il me répond : « ouéh bah suis pas un intellect de tout’ façon ».
Comment lire une leçon et surtout la retenir fait de vous un intellect ?
Pourquoi a-t-il sorti cette formule magique, au sujet d’une leçon, formule qu’il a du entendre par ailleurs. C’est une manière de dire rapidement, je n’y arriverai pas puisque de toute façon je ne suis pas fait pour çà. Alors pourquoi se fatiguer. Je suis médiocre, je l’accepte et puis on peut très bien vivre comme çà. Une manière subliminale, de me dire maman de toute façon : je ne ferai pas de longues études.
Voilà déjà, un enfant de dix ans, conditionné, qui se positionne d’ores et déjà dans un système : les intellos font de longues études. Pour ma part je ne juge pas l’avenir professionnel de mon fils sur son nombre d’années d’études. Je l’aiderai au mieux à trouver sa voie. Nous l’avons compris pour mon fils un « intellect » c’est quelqu’un qui lit, qui écrit et qui essaie d’avoir un peu culture générale. Les autres donc n’écrivent pas, ne lisent pas et la culture c’est bien dans le jardinage ! Seulement je ne voudrais pas qu’il se réfugie dans l’ignorance par facilité. Il me semble important d’avoir sa liberté de pensée. Il va faire travailler son cerveau même si çà fait mal et Google ne pourra rien faire pour lui.
L’avenir de ce petit garçon tourne autour de son estime de soi et de sa confiance en son potentiel. J’essaie aussi de lui faire comprendre que la culture n’est pas réservée à une élite. Nous essayons tous de transmettre des valeurs à nos enfants et cette chronique n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Voilà le gros problème de notre société. Cette réflexion n’est pas anodine, dès le plus jeune âge, nos enfants sont conditionnés et catégorisés alors qu’en vérité, un élève peut ne pas s’intéresser jusqu’au lycée où il trouvera sa voie. Le problème étant ces fichus conseillers d’orientation qui ne font que confirmer que l’on est bon a faire du professionnel si l’on n’a pas de bons résultats et à contrario du général si on est bon. Raisonnement qui ne se vérifie en rien malheureusement !
Navrée, je me suis trompé, on fait du pro si on est mauvais et du général si on est bon…