Alors que la crise la plus sévère depuis 50 ans s’est installée en France et dans le monde, et que l’on ne devrait pas renouer avec la croissance avant 2011, l’emprunt lancé par EDF est, paradoxalement (serait-on tenté de penser), un véritable succès.

Les français se battent pour prêter les 1000 € de valeur nominale qu’a émis le leader européen en électricité. A son lancement le 17 juin dernier, la Direction d’EDF se disait comblée si les français contribuaient à l’opération à hauteur d’ 1 milliard. Sans que d’EDF confirme ces chiffres, il est vraisemblable que le montant en définitive soit de 2 milliards. Fort de ce constat, nous serions tenter de nous tourner vers une idée en vogue (dixit un sondage récent) selon laquelle la crise ne serait finalement que dans les têtes, véhiculée, telle une propagande subliminale, par les journalistes. Pas si sûr, pas si simple…

 


Il y a trois principales raisons au fait que la souscription de l’emprunt lancée par EDF ait si bien fonctionnée :  

1° Un bon coup de marketing

La valeur nominale a bien été choisie : 1000€. Un certain nombre de français ont en effet 1000€ de côté. Ce montant (minimum) est assez important pour que l’intérêt qui en découle soit significatif et pas trop, pour que le prêteur ne se sente pas pris à la gorge par une somme bloquée pendant 5 ans. 

2° Taux de rémunération alléchant

Le taux de rémunération de 4,5% est attractif, en ces périodes de taux de financement extrêmement bas à l’instar du livret A et ses modestes 1,75%. 

3° Un besoin de sécurité

Les français, exposés à la volatilité des marchés et aux annonces erratiques de plans sociaux et autres restructurations, cherchent à se rassurer. L’image de société solide, saine et fiable d’EDF combinée au caractère fixe du taux d’intérêts sont autant de signaux de stabilité qui rassurent les français. 

Test concluant pour le gouvernement

Juste avant l’émission d’emprunt que doit lancer le gouvernement, l’intérêt que les français ont montré pour les obligations d’EDF est plus qu’encourageant. Le gouvernement n'a plus qu'à espérer que les épargnants potentiels n’ont pas trop tiré sur leurs bas de laine.