Façonné par le cours tortueux de l’Histoire, Strasbourg est à la fois empreint de Moyen Âge et furieusement contemporain. En 1988, le cœur historique de la capitale alsacienne a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Une première pour un centre-ville tout entier !

    Difficile de la manquer ! Au cœur de la ville, « prodige du gigantesque et du délicieux » selon Victor Hugo, la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg dresse sa majestueuse silhouette de grès rose.
    Jusqu’à la fin du XIXème siècle, ses 142 mètres de haut (et ses quelques 332 marches !) ont fait d’elle le plus haut édifice de toute la chrétienté. Par beau temps, sa flèche est visible du fin fond de la Forêt-Noire ! Si Paris ne s’est pas fait en une nuit, la cathédrale de Strasbourg a aussi pris tout son temps : plus de quatre cents ans séparent la construction de sa crypte romane (1015) de celle de sa flèche gothique (1439). À l’intérieur, admirez la chaire du XVème siècle… et écoutez le chant du coq ! Chaque jour, à 12h30, son cocorico, un tantinet aigrelet, fait défiler les douze apôtres de l’horloge astronomique. Dans l’ombre tutélaire du sanctuaire, le magnifique palais Rohan a hébergé l’Autrichienne Marie-Antoinette, future reine de France, lors de sa toute première nuit dans notre pays. Une hospitalité qui ne lui porta pas bonheur…

Échappée hors du temps dans la Petite France

    Au sud-ouest de la cathédrale, la rue Mercière, tout comme ses voisines des Tripiers, des Serruriers et des Tonneliers, tirent leur nom des puissantes corporations qui quadrillent la ville à l’époque médiévale. Fidèle à sa réputation de carrefour marchand, Strasbourg concilie aujourd’hui un savoir-faire hérité du Moyen Âge et un sens aigu de l’innovation, stimulé, notamment, par sa vocation européenne. De quoi craquer pour une jolie marmite de Soufflenheim ou succomber à un bel objet résolument design.
    Dans le prolongement de la rue des Serruriers se profile la célèbre Petite France, charmant delta fluvial formé de quatre canaux parallèles. Malfamé autrefois, cet ancien quartier de tanneurs, meuniers et pêcheurs ne doit pas son nom à l’esprit cocardier mais à… la syphilis, qui faisait rage au XVIème siècle. Les personnes souffraient du « mal français », comme l’appelaient les Allemands, étaient soignées dans un hospice installé à proximité. Autre temps, autres mœurs : la Petite France, égayée par ses géraniums et ses colombages, est désormais qualifiée de « Venise alsacienne ». Une atmosphère hors du temps qui s’apprécie le nez au vent. Cela tombe bien : en été, la capitale du Bas-Rhin, servie par son climat semi-continental, est la ville la plus chaude de la moitié nord du pays. Avec de la chance, vous apercevrez les célébrissimes cigognes, revenues dans le ciel alsacien après avoir failli disparaître dans les années 70.

Retour au XXIème siècle au Parlement européen
     À présent, vous voilà face à un dilemme s’il vous reste peu de temps. Soit vous décidez de prendre le bateau à l’embarcadère du palais Rohan afin de pousser jusqu’au quartier européen pour admirer – seulement de l’extérieur, hélas ! – les cylindres de métal du palais des Droits de l’Homme et la somptueuse ellipse de verre du Parlement européen… Soit vous passez directement à la case ripaille. Ce n’est un secret pour personne, Strasbourg est une terre d’abondance où le tandem jarret de port/nappe à carreaux cohabite avec les plus beaux fleurons de la gastronomie. Entre les établissements hautement distingués et les modestes winstubs (« pièces à vin », en alsacien) qui fleurent bon le terroir (goûtez au baeckeoffe aux trois viandes…), à vous de faire votre choix ! La tête dans les étoiles et les pieds sur terre, c’est toute la force de Strasbourg…