MOZART, L’OPERA ROCK (comédie musicale)
Lieu : Bordeaux (patinoire Mériadeck)
59 euros (tarif réduit)
Je ne tenterai même pas de me justifier en expliquant qu’on m’a offert la place. J’assume totalement mes goûts musicaux, tous. Et j’admets volontiers apprécier le spectacle de ces comédies musicales : s’il ne me vient que très rarement à l’idée d’en écouter chez moi, je sais que les voir en vrai m’assure une bonne soirée de détente.
Aussi ai-je assisté à la représentation bordelaise de MOZART, L’OPERA ROCK, samedi 10 avril à 21 heures. Hormis deux singles ayant inondé les ondes, TATOUE-MOI et L’ASSASSYMPHONIE, je n’ai découvert l’ensemble des chansons qui composent la comédie musicale que le samedi 10 avril vers 15 heures, en faisant mon petit ménage hebdomadaire. Certains refrains me sont resté en tête et m’ont plutôt plu mais, sur le coup, aucun ne m’a vraiment enthousiasmée J’ai même trouvé plusieurs textes plutôt mièvres collés sur des musiques totalement convenues.
Mais le soir, sur mon petit siège de plastique des plus inconfortables, catégorie 1, pile dans l’axe de la scène, ce fut une autre affaire. Le gros avantage du spectacle étant sa trame narrative solide. Alors que j’ai souvenir de comédies musicales presque entièrement chantées, où il est parfois difficile de comprendre l’évolution de l’histoire si on ne la connaît pas à l’avance (surtout quand le son est aussi mauvais que dans notre mythique patinoire bordelaise), j’ai ici pris plaisir à suivre la majeure partie de l’histoire sous forme théâtralisée. Certes, c’est pas la comédie française mais le jeu est honnête et suffisant pour introduire et éclairer le sens des chansons.
Histoire & mise en scène
Par une succession de très nombreux tableaux, le spectacle retrace de façon romancée et modernisée (certains diront dénaturée) le parcours de Wolfgang Amadeus Mozart, de façon chronologique. On y découvre son premier revers à Salzbourg, lorsqu’il est rejeté par le fraîchement couronné Colloredo. Ensuite défilent différentes scènes présentant ses pérégrinations dans toutes l’Europe, les portes qui se ferment, les rejets, les incompréhensions, les échecs, puis le retour à Salzbourg, les compositions Viennoises, l’opposition à Salieri…
Si j’ai au début été frappée par un manque de synchronisation entre les danseurs qui animent la toile de fond des différents tableaux, j’ai ensuite rapidement été happée par la magie de l’ensemble. Tout d’abord, les décors sont nombreux, et teintent de glam rock l’ambiance XVIII°. Il en va de même au niveau des costumes, que je n’ai cessé d’admirer du début à la fin : les robes des dames, les vestons des garçons. C’est coloré, brillant, les tissus sont précieux, les détails nombreux, l’ensemble à la fois noble et onirique. Et je ne sais pas si je jalouse davantage la robe bleue d’Aloysia ou la redingote de Mozart lors du rappel.
Danse & chant
Enfin, la clé du succès réside évidemment dans l’association très efficace des chorégraphies et des chansons. La mise en scène des parties non chantées est déjà très pointue. Et les chorégraphies en musique sont minutieuses, regorgent de détails et de subtilités : elles dessinent de véritables petits tableaux mouvants.
Et les chansons, tout en étant évidemment très commerciales et consensuelles restent terriblement efficaces, il faut l’admettre. Les chanteurs, que je ne connaissais pas, en plus d’avoir pour la plupart beaucoup de charisme, ont aussi de bien beaux organes (un peu banals et interchangeables pour les demoiselles, toutefois – les hommes sortent leur épingle du jeu).
Hors contexte, les chansons de MOZART, L’OPERA ROCK ne sont que quelques titres de plus dans l’air du temps, ambiance glam rock, reprenant des lignes mélodiques du grand compositeur et les mêlant à des orchestrations modernes, sans insulter les oreilles mais sans créer non plus de grosse révolution. Mais fondues dans le spectacle, l’effet est instantané : pour peu qu’on ai gardé un soupçon de son âme d’enfant, on se laisse emporter par la magie du conte, peu importe qu’il s’écarte de la réalité historique. En même temps, pour la réalité historique : on est pas sur Historia, on est à un spectacle produit par Dove Attia.
Acteurs & chanteurs
Mention spéciale, pour terminer, à Mikelangelo Loconte, qui n’était pour moi, avant ce soir, qu’un jeune homme portant le prénom d’une tortue ninja, et qui révèle un charme fou, une grande présence scénique et une voix admirablement maîtrisée et puissante.
Nous n’avons pas profité de la voix de Florent Mothe en Salieri lors de la représentation bordelaise (ni de celle de Mélissa Mars), et si je ne connais pas le nom de sa doublure, je félicite également son charisme, son élégance et sa voix à la hauteur du rôle.
Et surtout, je suis tombée sous le charme de Solal (qui interprète Léoplod, le père de Mozart) et de sa voix sombre et sensuelle qui donne des idées impures.
Enfin, côté jeu, il faut absolument citer Yamin Dib en comte Rosenberg et Delphine Grandsart en Cécilia Weber, les deux éléments comiques qui donnent tout son rythme à l’intrigue, qui jouent avec conviction et parviennent à de nombreuses reprises à arracher le rire à la salle entière.
Un spectacle à voir, sans préjugés
La doublure de Florent Mothe s’appelle Merwan Rim 😉
Merci Marina
[b][/b]Enfin,ils ont découvert mon opéra!