Réalisateur : Paul Feig
Date de sortie : 10 août 2016
Pays : USA
Genre : Comédie fantastique
Durée : 1h57
Budget : 144 millions de dollars
Casting : Kristen Wiig (Erin Gilbert), Melissa McCarthy (Anny Yates), Kate McKinnon (Jillian Holtzmann), Leslie Jones (Pattu Tolan), Chris Hemsworth (Kevin le réceptionniste)
Le pari était risqué pour Paul Feig quand il a décidé de prendre les rênes de ce reboot. Film devenu culte avec les années, accédant au statut d’icône sacrée de la pop-culture dont la moindre offense mérite une punition dans les flammes de l’enfer, on ne touche pas à ce genre de sommité. Et pourtant il n’a pas eu peur, lui déjà habitué aux comédies féminines à succès (Mes meilleures amis, Les flingueuses), a fait face à une campagne promo chaotique. Devant lui, une vague de dislike sur youtube, un lynchage médiatique sur les réseaux sociaux, des commentaires assassins faciles et sans fondements car le film n’étant pas encore sorti comment se faire une idée ? Tout cela mené par des mâles misogynes à la critique facile n’acceptant pas de voir des femmes faire aussi bien que des hommes. Pire que des personnes du sexe dit faible puissent égratigner l’aura quasi mystique d’un film des années 1980. Alors oui le film n’est pas excellent, il n’aura pas la même portée que l’opus originel mais il s’en sort bien car il a le mérite de divertir et de faire rire.
Puis peu importe que les puristes aux allures extremistes aiment ou détestent, Paul Feig a obtenu l’approbation des acteurs de la première heure. Le consentement divin en quelque sorte. Ils sont là d’ailleurs, tous présents, dans des caméos rigolos. Harold Ramis, bien que décédé, trône dans l’université sous la forme d’un buste, Bill Murray est un docteur sceptique ne croyant pas aux fantômes et accusant les ghostbusters d’être des charlatans, Dan Akroyd est un chauffeur de taxi peu sympathique mais calé en ectoplasme, Ernie Hudson est l’oncle d’une des chasseuses et gérant d’une société de corbillard et on vous laisse découvrir la suite. Le nombre de clins d’œil ne s’arrête pas là, le véhicule d’intervention costumisé, le logo, les armes à propulsion, les combinaisons, la musique de Ray Parker Jr, Bouffe Tout ou bien encore le slime vert gluant. Certes il y a un goût de déjà vu, le film ne brille pas par son originalité mais il a jamais prétendu le vouloir. Le scénario est simple, avance facilement et avec rythme. Le méchant, un petit gros insignifiant mais intelligent, se contente de faire son rôle, c’est à dire déclencher des failles pour faire apparaître une autre encore plus grosse, vers une dimension spectrale d’où sortent de terribles fantômes afin de détruire un monde qu’il déteste. Une fois de plus, on retrouve la fameuse brèche tourbillonnante dans le ciel, sérieusement les scénaristes des derniers blockbusters devraient arrêter de se copier, ça en devient plus que lassant. On retrouve ce phénomène partout !
Le quatuor tourne bien, il est agréable à voir, il a de la répartie et les actrices sont marrantes. Le duo McCarthy et Wiig incarnent à lui seul deux visions de la science complètement différentes. Si la première continue à explorer le paranormal et les milieux occultes qui fascinent les adolescents, l’autre s’est rangée de ce genre de « sottises », se consacrant à des choses plus cartésiennes afin de faire carrière dans une prestigieuse école. Les premières vannes auront d’ailleurs pour sujet son tailleur et son chemisier d’une autre époque que l’on dirait emprunté à une grand mère coincée. Une fois face au spectre d’une ancienne noble séquestrée dans la cave de la demeure familiale et recouverte de rejet ectoplasmique, elle est convaincue et décide de prendre part à la chasse. Mention spéciale à la 3ème partenaire, la brillante McKinnon, surprenante, dangereusement folle, sorte de Géotrouvetou déglinguée, c’est à elle que l’on doit tout l’équipement construit avec des breloques récupérées dans la rue (difficile à croire mais admettons). Avec sa dégaine, son look cool et décontracté, elle ferait penser à un Looping de l’Agence tous risques. Seule Leslie Jones diffère, elle arrive un peu trop facilement et s’intègre au groupe trop rapidement. Au bout de quelques minutes elle devient leur meilleure amie. Malgré tout elle adhère à l’esprit du trio et même si elle n’est pas une scientifique, ses connaissances sur l’histoire des lieux est appréciable. Abordons le rôle le plus drôle du film, le plus à contre courant, Chris Hemsworth en secrétaire complètement débile, aux remarques sans fond et inopportunes. Il est le beau gosse sans cervelle que l’on emploie pour son physique agréable. Comme une sorte de pied de nez à ce que peuvent subir les femmes qui sont constamment jugées sur leur physique. Si l’essentiel des blagues viennent de lui, le film reste malgré tout truffé d’humour avec des gags de situation réitératifs.
Niveau réalisation, les fantômes sont très bien faits, les effets spéciaux sont de qualité et rendent les spectres effrayants. Très colorés, vaporeux, humains, décharnés, aux yeux rouges, on ressent la colère en eux. D’autres sont plus drôles comme ce dragon qui apparaît lors d’un concert de métal faisant croire à une prouesse holographique de la part des techniciens. L’un des moments les plus inquiétants, et des mieux réalisés, est la monstrueuse parade des ballons spectraux. Des figures généralement souriantes et bienveillantes se transforment en démons menaçants comme si Oui Oui avait pris trop d’excitants, du sang dans les yeux et un sourire carnassier pour vous dévorer. Ce troisième film de la saga Ghostbusters divisera à coup sur, certains aimeront, d’autres détesteront, mais quoiqu’il en soit le film reste léger et sympathique, loin de la catastrophe annoncée.