Ozoua SOYINKA   Sonyé Yo   « Souvenez-vous d’eux »   Editions UnisVers   Réédition

Le devoir de mémoire est inscrit dans l’âme de toutes les civilisations qui aspirent au respect de l’être humain. L’auteur apporte une contribution sérieuse et passionnée à cette démarche en utilisant le support approprié de l’écriture poétique.

Le parcours d’Ozoua, qui transparaît dans sa créativité artistique, est guidé par sa conscience profondément humaniste. Et sa sensibilité à fleur de peau l’a toujours positionnée dans le camp des acteurs de la paix, de la justice et de la fraternité.

C’est ainsi que son histoire personnelle, en tant que petite fille d’esclave, ne pouvait que constituer le terrain le plus favorable à son épanouissement. De la souffrance de ces ancêtres, avec « À nos ancêtres », « Nèg las soufè » et « Frappe tanbouyé », elle sait retirer la substance qui la conduit sur les chemins du dévouement et de l’abnégation à la cause du bonheur des hommes et des femmes, comme dans « Laisse toi guider », « Chaînes d’espoir ».

A travers ses poèmes émouvants, elle nous replonge dans le drame que tant d’esclaves ont vécu dans le martyre de la domination violente et dans l’héroïsme de la résistance désespérée, si bien inspirés dans « Vous les résistants », « Nous puiserons » et « O toi, Homme valeureux ». Le poète est là et ouvre la page de la vérité. Il montre le cri poussé par le peuple écrasé dans « Réparation » et « Insurrection ». La force des mots explose au fil d’un réquisitoire sans nuance avec « Bravo », « Massacre des Héréros » et « Je grave vos noms ».

Car l’identité Nègre ne peut être détruite comme celle de tout être humain brimé qui lutte pour la liberté : « Je suis nègre » et « Voilà ton devoir ».

S’impliquant dans le soutien de ses frères et sœurs, elle l’entreprend avec une optique résolument constructive et se positionne avant tout comme citoyenne du Monde.

Le créole côtoie la langue française avec justesse, habilité et sincérité. Elle tient à ce que chacun puisse recevoir ses interrogations, sa prière et son message quelque soit ses origines et sa situation personnelle. Elle sait que le pardon et la reconnaissance mutuelle passent par la responsabilisation des individus et par la prise en compte des erreurs du passé.

Elle sait reconnaître la valeur des dates symboliques et des évènements marquants de l’Histoire d’un peuple. C’est le 160ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage qui a justifié la réédition de l’ouvrage qui avait déjà été édité en 2004, l’année de la Commémoration du Bicentenaire de l’indépendance d’Haïti.

La conception graphique de la couverture et de la maquette intérieure de Kongoman sert l’œuvre dans son ensemble. Les illustrations de Jean-Claude Dalmat s’intègre dans leur force et dans leur relief. Dans sa préface, Patricia Laranco insiste sur « la femme de cœur et d’intelligence ». Dans la sienne, Pierre Enocque François ajoute qu’elle « fait montre de sa capacité de réflexion sur la vie humaine ».

Depuis la naissance de la première République Noire, le colonialisme, l’esclavagisme et la souffrance n’ont pas disparu du regard des hommes. Mais c’est avec la conviction et la détermination d’humaniste comme Ozoua Soyinka que l’être humain, dans sa diversité, pourra atteindre la « terre promise » d’un monde libre, égalitaire et réellement fraternel.

 

 

Ozoua Soyinka : [email protected]www.myspace.com/enlapoesiehttp://artetfraternite.org/pages/ozoua.htlm 

Illustrations : Jean-Claude Dalmat – Peintre – É 01 69 46 02 47 – [email protected]

 Conception graphique È0623394214 – [email protected]http://wwwcreabook.com/book/20467-kongoman-design-graphik