Bah, encore un sondage… Qui, pour son commanditaire, Le Figaro, indiquerait que « l’écart se resserre entre les deux principaux candidats ». Mmoui… Mais au second tour, François Hollande serait encore crédité de 56 % des intentions de vote. Alors, si Villepin se désistait en faveur de Sarkozy, peut-être dépasserait-il Hollande d’une courte tête pour le premier tour. En revanche, ce n’est pas tout à fait joué : au fur et à mesure que la campagne se durcit, Bayrou et Mélechon (stables ou en légère progression) pourraient davantage séduire…
C’est de l’OpinionWay pour Le Figaro et LCI, et on peut penser que la légère remontée de Nicolas Sarkozy est due d’avantage au fait que des petits « concurrents » (Boutin, Morin) ont jeté l’éponge. Peut-être aussi à son entrée en campagne assortie d’une prestation télévisuelle. Ce qui n’est pas faux dans l’appréciation du Figaro, c’est qu’hormis Bayrou (13 %, stable), et Mélenchon (8 %, +1), tous les autres candidats font une pale figuration. Eva Joly n’aurait pas convaincu en dépit de son discours à Roubaix (2 %, -1), et on peut se demander si Dominique de Villepin (2 %, +1), ou Corinne Lepage (0,5 %) ne vont pas finir par examiner leurs comptes de campagne et… rejoindre ou non Bayrou.
La campagne se durcit et puisque François Hollande dénonce « l’État UMP », Nathalie Kosciusko-Morizet rétorque que le candidat socialiste se livrera à « une chasse aux sorcières » dans la haute-fonction publique. Bizarre pour un candidat désigné partie intégrante de « l’élite » et d’un « système arrogant », qui jouerait donc contre son propre camp. Le candidat du « peuple », comme il se présente à présent, a choisi une haute-fonctionnaire, polytechnicienne, qui a fait toute sa carrière dans des bureaux, des cellules, des ministères, ou en pantouflant à l’occasion : à savoir NKM, sa porte-parole.
Elle veut « des noms ». Bah, dans la magistrature, au ministère de l’Intérieur, elle les connaît : ce sont ceux dont toute la France a entendu parler lors du Woerthgate, ou de diverses affaires tordues. Mais cela donne le ton de la campagne, les accusations de mensonge volant bas. À droite, il ne resterait donc plus qu’un « idiot utile », Jean-Pierre Raffarin, à tenter d’arrondir les angles en souhaitant que Sarkozy harmonise et rassemble, soit les parts de « l’autorité » et de « l’humanisme ». Pour l’humanisme, Carla Bruni saura faire…
Une bonne nouvelle quand même. NKM démissionnera de son poste de ministre « dans quelques jours ». Elle émargera donc à l’UMP et ne sera pas remplacée, Fillon étant chargé d’expédier ses affaires courantes. C’est très bien car il n’y a pas de petites économies et on espère que Nicolas Sarkozy laissera le président du Sénat se charger du tout venant de l’Élysée…
On peut penser aussi que Sébastien Proto, ex-dir’ cab’ d’Éric Woerth, à présent de Valérie Pécresse au Budget, se mettra lui aussi en congés sans solde.
Autre sondage récent, celui de LH2 pour Yahoo, qui laisse penser que la campagne des de mauvaise qualité (59 % contre 36 et des indécis). Ce serait particulièrement nettement perçu ainsi chez les cadres et les plus diplômés. Pour ce sondage comme pour celui d’OpinionWay, Marine le Pen reste en troisième position, mais là aussi, l’écart se resserrerait (avec Bayrou).
Cela étant, les sondages, c’est un peu comme le décompte des manifestants ou des participants à des réunions politiques. Tenez, pour celle de Sarkozy à Marseille, Les Échos dénombrent 15 000 participants là où The Guardian n’en a trouvé que 7 000, soit plus du simple au double.
En revanche, Le Figaro relève que, depuis plusieurs mois, près d’un quart des sondés ne veulent pas révéler pour qui ils voteraient au second tour. Que ce soit exactement 25 % ou trois ou quatre points en plus ou en moins ne change pas grand’ chose. Cela laisse supposer que rien n’est vraiment joué. Près de la moitié des électeurs potentiels de Marine Le Pen se disent prêts à aller pêcher à ligne au second tour si, comme c’est vraisemblable… aujourd’hui… elle n’était pas présente. Pour la suite, soit les législatives, l’attitude du Front national, qui peut ne pas donner de consigne de vote mais laisser penser quel adversaire lui convient le mieux, risque d’être plus déterminant que par le passé.
Plus globalement, on ne sait trop si l’abstention sera forte. Ou si des votants basculeront dans les derniers jours de l’entre-deux tours.