Ce matin, j’ai découvert dans ma boîte aux lettres un tract venant de la mairie de la petite commune où j’habite (les Mazures, habitants les Mazurois).

Dans ce tract, la municipalité appelle à la générosité les habitants de notre commune pour les sinistrés de Vendée en rappelant, la longue histoire qui lie notre petit village à la Vendée.

Cette histoire date de la seconde guerre mondiale qui a vu de nombreux Ardennais aller se réfugier en Bretagne ou en Vendée. C’était « l’évacuation ». Pour beaucoup, cet exil forcé fut un peu comme des vacances. Je vous livre le texte distribué dans les boîtes aux lettres, un témoignage d’anciens « évacués ».

« Quelques mois avant mai 1940, Monsieur Marcel ANDRY (Maire) et Monsieur Georges MAS (instituteur) partent à la Tranche sur Mer pour réquisitionner des maisons. Le samedi 11 mai 1940 la plupart des Mazurois partent sur les routes (il faisait très chaud). A pied ou en chariot, ils rejoignent en 15 jours un centre d’accueil à Paris. Sous les bombardements plusieurs resteront en chemin. De Paris, ils rejoignent la Vendée en train. Les hommes et quelques jeunes continuent la route avec les chariots. Des maisons sont à leur disposition. Certains vendéens logent dans leur sous-sol pour laisser leur maison aux réfugiés. Chaque famille est regroupée dans une même maison. Les jeunes filles et femmes sont employées dans les hôtels ou dans les familles les plus aisées pour le ménage ou la cuisine. Les hommes sont employés pour ramasser le bois, les algues, les aiguilles de pin (qui servaient à faire du feu) ou pour travailler dans la vigne. Les Mazurois perçoivent « la solde des réfugiés » qu’ils vont toucher à pied à Angles (10 km de la Tranche sur Mer). Les ardennais sont autorisés ‘à ramasser les pommes de terre ou les mogettes après la récolte faite par les Vendéens. Ils vont également ramasser des moules et « maraudent » le raisin. Tous les enfants fréquentent l’école. Les petits Mazurois et les petits Vendéens sont répartis entre les instituteurs de la Tranche sur Mer et les instituteurs mazurois (Madame COLLET et Monsieur MAS). Il leur est possible également de fréquenter l’école de musique. Les enfants découvrent la mer et les jeux de plage. Quelques jeunes filles ont rencontré « le prince charmant » en Vendée, certains Mazurois naissent en Vendée. Les Mazurois décédés en Vendée ont été ramenés à Les Mazures après la guerre. Les mazurois gardent un bon souvenir de leur séjour en Vendée.

 

Des amitiés se créent et certaines existent encore aujourd’hui. Les Ardennais retournés en Vendée pour leur retraite ont créé une association « les Ardennais en Vendée ».