Ou la fuite en avant des savoirs disciplinaires.

Avant d’entamer la liste des symptômes de la maladie incurable dont souffre l’Éducation Nationale, je voudrai vous signaler une toute nouvelle « lubie » de Luc Chatel.

Le Ministre de l’Éducation Nationale, qui ne sait pas écrire deux mots de français sans une faute d’orthographe (souvenez vous de  son discours, lors de sa nomination à ce poste), vient de réinventer l’apprentissage de l’Anglais., en l’introduisant dès l’âge de trois ans dans les écoles maternelles.

Alors que l’on constate et regrette que les enfants ne savent ni lire ni écrire le français, en entrant en sixième,  je parie qu’ils ne sauront pas le parler en entrant au cours préparatoire.

Et ne vous étonnez pas, si pour réclamer un goûter vous entendez : « I’m hungry  mum »,

Vous avez tout intérêt à vous remettre à l’Anglais sinon vous ne saurez jamais si votre enfant à faim, ou s’il dit un « gros mot » !

Là ou le bât blesse c’est quand on demande à Luc Chatel comment peut on apprendre l’Anglais à de si jeunes enfants sans embaucher des milliers d’enseignants ou d’assistants en langue supplémentaire, alors que l’on supprime des postes à « la pelle ».

Mais notre Ministre a une solution toute prête pour remédier au problème, car bien sûr comme vous le verrez ci dessous, il n’est non seulement pas question d’embaucher, mais de continuer la suppression  de milliers de poste à la rentrée 2011.

Les nouvelles technologies !

Ben voyons.

Un enfant  qui parle à peine ses trois cent ou quatre cent mots français va construire son propre savoir anglophone avec le ROI ordinateur.

On aura tout vu…..

Écoutez, vous n’en croirez pas vos oreilles :

Luc Chatel y parle aussi des rythmes scolaires, et de la suppression des Allocations Familiales, en cas d’absentéisme répété.

{dailymotion}xgoxq5{/dailymotion}

 

 

Deuxième volet de ce pensum qui, en tant qu’enseignante à la retraite me donne de l’urticaire.

Mammouth en phase terminale : « On désosse le pachyderme » !

Le premier symptôme de la maladie incurable du mammouth a eu lieu entre 2007 et 2010.

50 000 postes d’enseignants ont été supprimés.

Il est prévu pour la fin 2011, un amaigrissement spectaculaire de 16 000 autres postes.

Tous les organes du mammouth sont atteints : de la maternelle aux lycées, en passant par les collèges et les écoles primaires.

Parallèlement aux baisses d’effectifs le Ministère de l’Éducation Nationale prévoit une augmentation du nombre d’élèves. (imaginez la suite..)

L’Académie de Lille figure parmi celles qui seront les plus concernées par les coupes sombres dans le Personnel enseignant.

Or n’oublions pas que le Nord-Pas-De-Calais détient un record dont il aimerait se passer : c’est ici que l’on dénombre le plus d’illettrés.

Pour illustrer la désarticulation progressive de notre  pachyderme, j’ai repris  quelques extraits d’une analyse que je trouve fort intéressante :

Elle émane d’un agrégé de lettres, écrivain dont le dernier ouvrage s’intitule « Tireurs d’élites », paru aux Éditions Plon :

Jean-Paul Brighelli nous dit :

La situation scolaire se délite.

Cinq ans après le collège unique,  qui fut un échec cuisant, on en tira les conclusions, en décidant de la « seconde indifférenciée ».

Vingt ans plus tard, commencent à éclore les premièresCPES, ces « prépas à la prépa », et les propédeutiques en université, remises à niveau d’élèves parvenus au Bac avec des manques de plus en plus criants.
  
Ce sont des rustines. Tous les acteurs de ces systèmes palliatifs s’accordent sur le fait qu’il faudrait reprendre en main, et très énergiquement, la formation scolaire depuis la Maternelle.
Mais institutionnellement parlant, on en est loin.

Le Ministère a accouché, au contraire, d’une réforme des Secondes (et, en perspective, du lycée tout entier) qui allège encore les contenus disciplinaires.

Moins on en fait, plus on peut supprimer de postes.

Cela fait beau temps que la rue de Grenelle commence et finit à Bercy.

Le système éducatif français est à la traîne de tous les pays de l’OCDE. Le niveau en maîtrise de la langue baisse chaque jour.

Encore faut-il savoir interpréter les statistiques. Une moyenne n’est jamais uniforme. Les élèves en grande difficulté sont peu nombreux au collège Henri IV.

Ils sont majoritaires dans la plupart des ZEP, ces Zones d’Éducation Prioritaire, ces ghettos scolaires bâtis en 1981 par Alain Savary au beau milieu des ghettos urbains.

Leur lifting en Réseau Ambition Réussite (RAR) ou Réseau de Réussite Scolaire (RRS) n’a eu qu’un seul effet certain : faire fuir les derniers « intellos » , que leurs parents inscrivent massivement ailleurs. Les Zones d’Exclusion Programmée sont désormais chimiquement pures.

Et c’est là, que l’analyse de Jean-Paul Brighelli, devient plus inquiétante !!! :

Vers la privatisation

Le mécanisme de privatisation, qu’il s’agisse d’entreprises ou d’établissements publics, est toujours le même, parce que le souci de l’État, toujours, est de faire gagner de l’argent à l’acquéreur, pas d’en encaisser lui-même.

On cherche par tous les moyens à dévaluer ce que l’on veut vendre, de façon à susciter les appels d’offre. On brade.

Quand le produit ne vaut plus rien, on ouvre les mains, d’un geste désolé : que faire, sinon vendre à l’encan ce dont on veut se débarrasser…  

Dévaluation du produit École : tout le monde s’y est mis. Les républicains en se désolant – et leur diagnostic a été aussitôt instrumentalisé par de bonnes consciences pétries de mauvaises intentions. On écrit « L’enseignement de l’ignorance » ou » La Fabrique du crétin », on établit l’ « Autopsie du mammouth ».

Sur un système pourrissant peut alors germer une alternative crédible. Ça tombe bien : c’était là que l’on voulait en venir – créer les conditions d’émergence d’un vrai enseignement privé, qui ne se contente pas du « crédit limitatif » (20 % au maximum de l’ensemble de l’offre éducative peut aller au privé) qu’octroie la loi depuis Chevènement . Ni du crédit d’impôts accordé pour les cours particuliers et le soutien à domicile.
  
Grâce à l’action concertée des pédagogistes et des libéraux propulsés par la Droite, une obscure officine comme Acadomia a fêté récemment son introduction en Bourse.

Partant de zéro en 1989 (année fatidique de la loi Jospin, de « l’élève au centre », « constructeur de son propre savoir », et autres billevesées), cette boîte née de la hantise des familles devant une école de plus en plus dégradée en était à 9,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 1999, 15 millions en 2000, 27,5 en 2001.

Entre temps était arrivée la grande réforme de l’enseignement du Français. Aucun lien de cause à effet, bien sûr. Résultat ? Le dernier chiffre connu (2008) s’élève à 37 millions.

Le marché de l’angoisse a de très beaux jours devant lui.

À noter que, comme on peut s’en douter dès qu’il s’agit de faire des bénéfices, le privé ne fait pas mieux que le public, et le plus souvent bien pire.

Les salaires versés aux enseignants qui officient dans ces boîtes privées tournent autour de 11 € l’heure, tous frais déduits. Enseigner ou faire des ménages…

L’enseignement à deux vitesses, il est aussi dans le niveau des maîtres.
Si elle pèse sur le cadre économique, l’Europe s’est immiscée depuis longtemps dans la définition des missions de l’Éducation – parce que les deux sont intimement liées. À un pouvoir républicain qui, depuis Jules Ferry, insistait sur les savoirs disciplinaires, s’oppose désormais une école «
 démocratique » qui, sous l’impulsion des théories de pédagogues issus souvent des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes (c’est le cas de Philippe Meirieu, par exemple) ont dissocié les acquis en savoir, savoir-faire et désormais « savoir-être ». Compétences, et non savoirs.

Conclusion :

A l’heure où l’Europe impose à tous ses membres, de diminuer les Dépenses Publiques, il est intolérable que le Premier Ministère concerné soit celui qui formera les adultes de demain.

On court « Droit dans le Mur », d’une instruction spécialisée, où les fondamentaux ne seront jamais acquis.

Diminuer le nombre de Professeurs, et bâcler leur formation, est un acte criminel envers la Société future.

Vous avez des témoignages, vous vivez cette situation en tant qu’enseignant, votre poste est menacé, des sections sont supprimées ?

Votre délocalisation est programmée, (mutation d’office vers d’autres établissements),

LES COMMENTAIRES SONT POUR VOUS !