Elle aurait eu 100 ans le 16 novembre prochain. Soeur Emmanuelle, née Madeleine Cinquin en Belgique, est décédée dans la nuit de dimanche à lundi, ce 20 octobre.
Au-delà de sa prise d'habit, soeur Emmanuelle était très aimée et très charismatique. Elle laisse une association qu'elle avait créé et qui s'est répandu dans plusieurs pays au monde.
Née à Bruxelles, elle avait perdu son père à l'âge de 6 ans, noyé sous ses yeux sur la côté d'Ostende. Elle prendra l'habit à l'âge de 23 ans, malgré l'opposition de sa mère

Soeur Emmanuelle, diplômée de sciences philosophiques et religieuses, avait enseigné les lettres en Tunisie, en Turquie ainsi qu'à Alexandrie, en Egypte, pays auquel elle s'attachera.
Dès l'âge de la retraite, à 63 ans,  c'est au Caire, dans dans le bidonville d'Ezbet el-Nakhl qu'elle s'installera, consacrant toute son énergie à aider les chiffoniers et leurs enfants.
Elle dira de cette expérience qu'elle y a beaucoup appris de la foi des ces gens pauvres.
Elle viendra plus particullièrement en aide aux enfants, dans le domaine de la santé et de l'éducation.
En 1993, à 85 ans, c'est sur ordre de sa hiérarchie qu'elle prend sa retraite en France.
 Elle eut préféré mourir dans le bidonville du Caire auprès des chiffoniers, mais s'installera malgré tout dans un couvent, dans le Var, en soeur obéissante.
Soeur emmanuelle a été une des personnalités préférées des français.
Sans doute est-ce lié à son charisme bien particulier et à la gentillesse qu'elle mettait tyoujours dans sa façon de répondre aux entretiens avec des journalistes.
Devant Bernard Pivot qui lui demandait si ses consoeurs n'étaient pas un peu jalouses qu'elle leur soit plus proche du paradis, elle avait rétorqué que ce n'était pas du tout sûr.
 Bernard Pivot avait alors avancé qu'elle y était sans doute plus que lui-même, sinon disait-il, le "Bon dieu a le sens de  l'humour!". 
Et c'est avec un rien de malice que soeur Emmuelle lui avait répondu qu'il ne croyait pas si bien dire.
A la question de savoir si elle avait déjà douté, elle répondait par l'affirmative : oui, un jour qu'un enfant avait reçu une balle perdue.
 Mais comment Dieu peut-il permettre une chose pareille s'était-elle dit, s'adressant directement à Dieu, en le tutoyant… Et puis elle avait simplement prié la Vierge-Marie.
Soeur Emmanuelle ne s'affichait que pour son association, partant dès que sa présence n'était plus utile, mais elle restait toujours aimable et pétillante.
Elle avait le sens de la répartie et parlait de la foi en toute simplicité.
Dans une tribune du figaro, elle écrivait, au sujet du Christ à l'occasion de Paques : "aimer, aimer de cet amour merveilleux, gratuit, sur le modèle du sien, où nous cherchons tout simplement à procurer à l'autre un rayon de joie, pour la partager avec lui et non pour rester exclusivement penché sur notre nombril."
Elle dira un jour à l'abbé Pierre qu'il s'habillait bien trop en noir et que les apôtres étaient sans doute vêtus avec bien plus de couleur…
Ces opinions ne rencontraient pas toujours celles du Vatican.
Ainsi elle se disait, selon le journal le Figaro, pour le mariage des prêtres, soulignait les bienfaits de la pilule. elle disait aussi avoir préféré "l'absolu" à l'amour qu'elle portait à un homme.
 Cela ne l'a d'ailleurs pas empéché de se flatter d'être religieuse, avec un sourire dans les yeux, disant que cela la débarrassait des "messieurs"…
Le porte-parole du Vatican a déclaré, à l'annonce de sa mort "Son témoignage a montré comment la charité chrétienne réussit à aller au-delà des différences de nationalité, de race, de confession religieuse", ajoutant "Son engagement efficace dépassait les frontières, comme Mère Teresa de Calcutta".
Est-elle au paradis, selon l'opinion de Bernard Pivot?
Au moins aura-t-elle servi les autres, les plus pauvres, mais aussi les tout petits, fidèle en cela à la parole du Christ.
Ce n'est d'ailleurs pas fini, grâce à son association, auprès de laquelle tout un chacun peut faire un geste (son association).
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