ou à disparaître !
Ce sont les propos de François Hollande quand il déclare, «en 2012, le candidat socialiste devra gagner, ou bien le parti risque vraiment, cette fois, de disparaître. Nous ne sommes pas au gouvernement depuis dix ans, et cela fait vingt-trois ans qu’un socialiste n’a pas été élu à l’Élisée». Triste constat en effet, mais tout porte à croire que ces propos sont évidents eu égard aux divisions de la gauche, mais aussi entre les socialistes qui ne donnent nullement confiance ayant chacun leur projet, mais se référant par obligation au programme de leur parti. Dans ces conditions à quoi sert-il ? En outre pourquoi faut-il que la gauche est un programme alors que l’UMP n’en a pas ? Elle n’en a pas besoin, tous connaissent le programme de la droite la réduction des impôts que l’on fait supporter aux citoyens par la réduction des effectifs des services de l’État.
Pour les postulants à l’investiture il faut bien se démarquer les uns des autres, les primaires dont il ne faut pas négliger l’épreuve de tous les dangers est une expérience d’ampleur inédite chez-nous. De son succès dépend l’avenir du PS. Un soutien massif et c’est gagné pour la présidentielle, dans le cas contraire c’est la bérézina. Dans l’esprit d’une démocratie politique la primaire socialiste constituait un pas puisqu’elle a commencé en 1995. Elle opposait Lionel Jospin à Henri Emmanuelli. Elle s’était déroulée sans heurts sous la gouvernance de François Hollande alors premier secrétaire. On connait la suite c’est Jospin qui fut choisi et fut battu pas Chirac. On se rappelle celle de 2005 entre les trois Ségolène Royal, DSK et Laurent Fabius qui vit Ségolène l’emporter. C’était entre socialistes encartés. Puis dernièrement ce fut celle d’Europe Écologie Les Verts toujours entre militants encartés, donc pas de désastre en perspective. Seulement ces primaires ne revêtent pas la même importance politique. Les Verts ne sont pas en mesure de gouverner le pays, les socialistes potentiellement oui et tout se tient au désir des Français «de gauche» de participer aux votes des 09 et 16 décembres 2011.
Pour gagner l’élection présidentielle, il faut que ce premier test soit concluant. Il ne peut l’être que si la confiance envers les socialistes s’exprime, c’est un défi qui est lancé à la gauche et même au-delà. Combien de participants, on avance le million comme un bon résultat, en dessous serait l’échec de cette aventure et y mettrait fin à la joie de l’UMP opposée à cette confrontation démocratique. Actuellement on ne sent pas un emballement médiatique pour cette démarche socialiste, les postulants n’arrivent pas à l’impulser. Chacun agit de son coté en parcourant la France à la rencontre des Français en attendant que ce décante cette primaire qui serait utile dans la confrontation des idées entre les postulants. Pour donner une impulsion seuls des débats nationaux à la télévision comme ce fut le cas en 2002 seraient positifs dans la confrontation des projets et de l’impact des postulants sur les Français. Sans cette impulsion cette primaire est mal engagée.
Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal seraient les plus ardents étant en retard dans les sondages. Pour elle c’est la stratégie de l’édredon. «La primaire est un défi démocratique, il serait bafoué s’il n’y avait pas de débat parce que les électeurs s’en retrouveraient frustrés. Les débats sont des moments de vérité». Manuel Valls défend lui aussi «l’esprit» de la primaire. «C’est une élection, avec une campagne électorale. Nous ne devons pas craindre le débat car nous sommes tous animés par un objectif de rassemblement. Nous avons des différences, à faire valoir sur les emplois jeunes, les retraites, les 35 heures, les déficits, la mondialisation, les alliances. Si ces différences sont réduites à des petites phrases, où à une partie de cache-cache, comme cela s’est produit ce week-end à Avignon, la primaire sera un échec», prévient-il. Arnaud Montebourg se dit ouvert à toute forme de débats, bilatéraux ou généraux. Martine Aubry est singulièrement hostile bien qu’ayant porté cette primaire. Elle préférerait une sorte d’oral télévisé individuel où les candidats seraient interrogés à tour de rôle durant cinq ou six émissions par des journalistes spécialisés sur des questions connues à l’avance. Pour François Hollande ce n’est pas possible les candidats doivent passer en même temps, sinon les taux d’audience pourraient devenir un élément discriminatoire. Il «suggère un schéma comparable à celui de 2006, où les trois candidats socialistes avaient été interrogés côte à côte lors de trois émissions thématiques par les chaînes parlementaires». Le problème reste entier, c’est la peur d’une division d’un combat des chefs, bien que chacun jure que non. Tous se sentent en capacité d’être président.
Les derniers sondages donnent déjà un avantage certain à François Hollande qui battrait largement Martine Aubry et Ségolène Royal avec 42 % pour Martine et 13 % pour Ségolène qui ne décolle pas. Au second tour il l’emporterait largement sur Martine par 55 % contre 45 %. Faut-il en conclure qu’il serait le vainqueur probablement, mais faut-il pour autant que les autres baissent les bras ? Non, d’autant que c’est sans enthousiasme qu’il obtient cet avantage. En outre, si l’on se réfère à la primaire d’Europe Ecologie ou Nicolas Hulot était donné largement vainqueur d’Éva Joly. Alors la primaire s’impose encore plus pour clore les prétentions des postulants.
Il est évident que les battus auront une déception à reconnaître que le vainqueur est le meilleur pour leur parti, à moins qu’il se montre généreux en offrant des ministères à ses compagnons d’infortune s’il est élu. Mais en premier ne doit-il pas se montrer reconnaissant envers ceux qui l’on soutenu ? On voit que dès lors qu’il n’y a pas un leader qui s’impose vraiment pour représenter leur pari à l’élection présidentielle chez les socialistes ce n’est pas simple.
Trois chaînes de télévision BFM, France2 et iTélé, ont adressé ces dernières semaines aux différents candidats des propositions d’émissions. France 2 a notamment proposé deux formats, soit une émission réunissant sur un même plateau tous les candidats, interrogés par un panel de journalistes, soit, lors d’une même soirée, une audition à tour de rôle de chacun. Ces débats posent la question du temps d’antenne. L’opposition dispose de la moitié accordée à la majorité et au chef de l’État. Si les socialistes débattent deux heures, quatre heures seront accordées à la majorité ! Ces primaires sont déjà un handicap pour les socialistes.
Certes nous sommes en période des congés annuels mais, il paraît que Martine se montre très discrète à l’inverse de Royal et d’Hollande qui sature l’espace comme un premier secrétaire et reste largement en tête dans les sondages. Quand à Ségolène troisième elle tente par tous les moyens de remontrer ne manquant pas un seul instant de faire entendre sa voix. En réponse à la lettre adressée par Nicolas Sarkozy aux parlementaires, elle déclare que nous serions passés sur la dette de 50 milliards à 100 milliards de déficit qu’il a lui-même creusé. Qu’il ait creusé le déficit est incontestable mais les chiffres sont faux, et ses amis feraient bien de le lui rappeler. Mais qu’importe ce qui compte c’est l’impact, la compétence est secondaire, nous en avons l’expérience.
Marquer sa différence n’est pas aisé dans le contexte de la dette à 1664 milliards d’euros qui détruit toute démagogie d’apporter un plus une fois élu aux classes oubliées par la droite, et il y a beaucoup de monde qui attend ne serait-ce que les retraités. La droite qui gouverne depuis trop longtemps, a réussit à mettre le pays dans une telle dépendance qui fait qu’elle seule devrait être en mesure de supporter son échec en étant réélue. Mais cela ferait 28 ans de présidence droitière inadmissible dans un pays qui se veut démocratique, mais qui en pratique la dictature. Si les socialistes viennent au pouvoir ce sont eux qui auront à réparer le désastre de nos finances, et quand on voit les difficultés d’Obama, reprenant le désastre de Bush et qui continue au Congrès, on comprend aisément qu’ils se trouveront sur une corde raide risquant de tomber à tout instant.
Ce qui est grave c’est que les Français qui ont pris l’habitude de la droite auront-ils la patience de laisser aux socialistes le temps de faire leur politique sachant que cinq années ne seront pas suffisantes pour remettre le pays en ligne avec le contexte politique droitier de Bruxelles ou des engagements de la France ont été pris. Leur marge de manœuvre est donc très limitée puisque nous venons de nous engager dans le cadre du FESF, voir «Ce second plan du 21 juillet pour la Grèce», pour 15 milliards d’aide à la Grèce en plus de notre propre déficit. La question est donc les Français ont-ils assez de cette gouvernance ?
Du temps de Mitterrand on sentait que le pays voulait tenter autre chose, et c’est également vrai aujourd’hui seulement quel est le leader ? Les résultats de la primaire seront connus le 16 octobre s’il y a un second tour. Un leader sera donc désigné mais cela laissera des traces parmi les battus L’exemple de la primaire de 2002 ou Ségolène Royal l’avait emporté a montré l’hostilité des dirigeants socialistes ramant à l’envers, allant jusqu’à critiquer ses propos. De même Nicolas Hulot le battu des Verts se sent libre quitte à ne pas participer à leur campagne présidentielle de 2012, alors que son soutien serait utile. On voit que les primaires laissent des traces qui sont ensuite difficiles d’effacer. En fait, Hulot écologique de circonstance lorgne maintenant du coté de Borloo. Encore un qui fait tout pour avoir la lumière, alors Borloo pourquoi pas ?
DSK étant éliminé ses supporters dispersés parmi les postulants, il reste pour les socialistes à se laver de cette affaire qui a pourrit un temps la politique Française mais aussi la valeur morale des socialistes auprès de nombreux Français. N’ont-ils pas tout fait pour faire valoir la présomption d’innocence ce qui est juste, mais refusant d’admettre qu’il aurait pu pratiquer une tentative de viol sur Nafissatou Diallo, suite à son penchant addictif qu’ils connaissaient ! Leurs propos devenaient même indécents eu égard à la femme de chambre pour laquelle ils eurent une considération tardive. Beaucoup de femmes n’ont pas apprécié cette attitude par solidarité féminine, et cela risque de nuire à leur candidat.
La question est donc les socialistes inspirent-ils la confiance par rapport à Nicolas Sarkozy ? On sait ce qu’il peut faire, les socialistes trop longtemps dans l’opposition ont un lourd handicap celui du second rôle dans l’État. Pourront-ils profiter de l’impopularité de Sarkozy ne serait-ce que sur le chômage qu’il n’arrive pas à réduire surtout pour les séniors qui sont rejetés par les entreprises mettant gravement en danger leur existence. Les nouvelles dispositions sur la retraite les contrains à trouver du travail jusqu’au l’âge de 60,4 ans augmenté de 4 mois chaque année pour atteindre 62 en 2018. Ces dispositions les conduit à trouver du travail alors qu’il n’y en a pas pour eux !
Une telle situation est extrêmement favorable à l’opposition, et comme dit François Hollande si un socialiste ne gagne pas le parti risque vraiment de disparaître. Pour eux le premier test est celui de la primaire qu’ils ne doivent pas perdre.