Invité de l'émission "+Clair" de Canal Plus, Airy Routier, le rédacteur en chef du Nouvel Observateur à l'origine du tourbillon juridico-médiatique de ces derniers jours autour d'un supposé SMS que Nicolas Sarkozy aurait envoyé à Cécilia quelques jours avant son mariage avec Carla Bruni, a confirmé avec aplomb son information :
Extrait de l'interview
Charlotte Legrix-Delasalle : Son avocat, Maître Herzog, il dit : « il n’a jamais envoyé ce sms ».
A.R : Moi, j’ai mes sources, je confirme. Moi, je n’ai pas fait de faux ni usage de faux et il faut me prouver que j’ai fait un faux et un usage de faux.
Charlotte Legrix-Delasalle : On arrive au cœur du problème. Le cœur du problème, c’est la source. Vous, vous êtes journaliste, donc vous ne citerez pas votre source.
A.R : Non, non, je ne citerai pas mes sources.
Charlotte Legrix-Delasalle : Est-ce que vous pouvez nous affirmer sur ce plateau que l’info que vous avancez, c'est-à-dire le contenu de ce texto et le fait qu’il ait été envoyé à Cécilia Sarkozy, c’est du béton, selon vous ?
A.R : Oui, pour moi, c’est du béton. Et d’ailleurs, je sais que Sarkozy n’a pas cessé d’envoyer des messages, des sms à Cécilia, son ancienne épouse.
Charlotte Legrix-Delasalle : Vous avez plusieurs sources ?
A.R : Non mais ca, je ne vous dirai rien de tout ca.
Charlotte Legrix-Delasalle : Un journaliste doit recouper plusieurs sources.
A.R : Ca, je ne vous dirai pas, je ne dirai pas, je ne dirai rien qui puisse découvrir ma source ou mes sources.
Charlotte Legrix-Delasalle : Pour vous défendre devant la justice, on va vous demander d’apporter la preuve, or la preuve, c’est la source, comment vous allez faire ?
A.R : On verra, si ca va en justice, jusqu’où ca va.
Charlotte Legrix-Delasalle : On va voir la suite puisqu’aujourd’hui, c’est une plainte qui est déposée au parquet de Paris, ca va être saisi par un juge d’instruction, c’est lui qui va décider ou pas d’une information judiciaire. Si, comme vous le dîtes, ce sms est vrai, Airy Routier, un sms, c’est un message privé, et le message, le contenu de ce message, est également à caractère privé. Est-ce qu’en prenant la décision de le publier, vous n’avez pas franchi la ligne jaune ?
A.R : Non, je ne franchis pas de ligne jaune. Ce qui est vrai en revanche, c’est que la nouvelle vie du Président de la République, qui mélange sa vie publique et sa vie privée, brouille les cartes, que les journaux d’information comme le Nouvel Observateur sont souvent pris un peu à contrepied, les autres aussi, qu’il faut mettre le curseur quelque part, mais c’est vrai que tout ca est discutable et d’ailleurs discuté.
Charlotte Legrix-Delasalle : Il y a un signe de tension, il y a eu le précédent de l’affaire Ryanair où l’image du Président de la République et de Carla Bruni a été utilisée. C’est une plainte qui a été déposée au civil pour atteinte à la vie privée. Là, il s’agit d’une plainte au pénal. Pourquoi pensez-vous que le Président de la République est allé jusque là ? Quel est le message qu’il veut envoyer ?
A.R : Le message est clair, en tout cas, pour ce qui concerne les autres journalistes, parce que le mot de « recel », ca veut dire « ne reprenez pas, ne faites pas la même chose ». Donc c’est un message collectif mais je vois bien que c’est une offensive générale. Rama Yade a eu des mots très durs sur les charognards. (…) Ben, c’est moi qu’elle visait mais c’est toute la profession qu’elle visait à travers moi. Bon cela dit, Sarkozy a toujours fonctionné dans la confrontation mais là, je pense moi, qu’il y a quelque part une perte de sang-froid.
Charlotte Legrix-Delasalle : Vous ne vous êtes pas demandé non plus si le risque, ce n’est pas d’être manipulé dans ce genre d’affaire ? (…)
A.R : On pense toujours à ca. Mais c’est le métier de journaliste qui consiste à se demander, chaque fois qu’on a une information, d’où elle vient, pourquoi, comment et si il y a manipulation, donc…
Cette extravagante affaire risque d'occuper les médias pendant encore bien longtemps !
Finie l'époque où notre Président était encensé sur papier glacé… On le plaindrait presque.