Je pense que tous les animateurs de cinéma se souviennent de Slumdog Millionaire réalisé par le célèbre réalisateur anglais Danny Boyle. Slumdog Millionaire est en fait l'histoire de Jamal, un jeune indien boy dans un centre d'appel à Bombay.
Il participe à un jeu similaire à celui qu'anime Jean Pierre Foucault sur TF1. Arrivé à la dernière question du jeu, il est soupçonné de tricherie et pour lui les ennuis commencent.
Ce film a remporté plusieurs récompenses dont 8 Oscars dont celui du meilleur film, celui du meilleur réalisateur, celui du meilleur scénario, celui de la meilleur photographie, celui du meilleur montage….
Il a surtout porté à la connaissance du grand public l'extrême pauvreté dans laquelle vit tout une partie de la population indienne. Parallèlement à ce film des reportage ont été diffusés sur l'Inde, montrant également l'extrême richesse de certains habitants.
trois des jeunes acteurs de ce film, RUBINA ALi (Latika enfant) et AYUSH MAHESH KHEDEKAR (Jamal enfant) sont originaires d'un bidonville de Gareeb Nagar dans la banlieue de Bombay.
Il y a quelques jours, "Jamal" a vu la maison de sa famille détruite le feu. Il y a quelques heures, c'est la maison de " Latika" qui a été détruite à son tour. Elle aussi avait été construite illégalement dans le bidonville de Bombay.
Selon les autorités qui ont procédé à la destruction de la construction, c'est en raison de la trop grande proximité d'une bouche d'égout et à cause de l'approche de la mousson que cette habitation a été détruite. Il s'agissait donc d'une mesure de prévention, une mesure sanitaire
La maison de Azharuddin Asmaël (Salim Malik enfant) a aussi été détruite par les autorités. La mère de l'enfant va reconstruire la maison car elle n'a pas d'autre endroit où aller.
Ce film qui a été très apprécié en occident puisque pour un investissement de 15 millions de dollars, il en avait déjà rapporté 100 au mois de mars (juste en Amérique du Nord) n'a pas reçu le même accueil en Inde.
Dans ce pays, une partie de la population considère qu'il porte atteinte à l'honneur de la nation en montrant la misère dans laquelle vivent certains de ses habitants.
Mais on pourrait se poser également quelques questions quant à la façon dont les jeunes acteurs ont été récompensés par la production. Ils auraient selon Danny Boyle été mieux payés que ne le sont les salariés indiens et un fond auraient été mis en place pour payer leur éducation et financer leurs besoins basiques.
Cela reste assez vague, en tout cas, j'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé de chiffres précis.
Mais payer les jeunes acteurs mieux que ne le sont les travailleurs indiens n'est à mon sens qu'un minimum au regard de ce que le film a rapporté. Il n'est guère étonnant que les habitants de ce pays considérant que le film a porté atteinte à leur honneur et au fait que les acteurs ont été exploités n'apprécient pas ce film. Ce film ne fait qu'alimenter l'opinion des habitants de ce pays selon laquelle les occidentaux ne sont que des exploiteurs et des profiteurs.
Il est vrai qu'au lancement du film, nul ne pouvait connaître par avance le succès qu'il allait rencontrer. La production ne pouvait donc offrir des ponts en or aux acteurs.
Mais une fois les comptes faits, compte tenu du succès rencontré un effort réel aurait certainement pu être fait.
En sortant les enfants et leurs familles de la misère, les producteurs du film auraient apporté de l'espoir aux autres habitants du bidonville.
Mais la seule chose qu'ils ont fait, c'est de permettre à des pauvres de vivre dans le luxe pendant quelques semaines ou quelques mois pour ensuite les remettre dans leur misère. Quelle cruauté!
Un comble avec le succès du film, la famille de Salim Malik avait pu acheter un lit et une télévision d'occasion. Ils avaient même pu se faire raccorder à l'électricité. Dans le même temps on parlait déjà de 100 millions de dollars aux Etats Unis au mois de mars.
Au mois de février selon Gautam Chatterjee, chef de l'autorité immobilière et d'aménagement de l'état de Maharashtra, les enfants et leur famille devaient recevoir un logement.
Ce logement devait être un cadeau des autorités indiennes.
A ce jour ils n'ont toujours rien eu.
La famille de Latika n'aura peut être pas d'autre solution que d'essayer de reconstruire une cabane un peu plus loin.
Mais rien ne nous empêche de nous demander si ces destructions ne sont pas une conséquence du film. Peu désireuse de montrer la misère les autorités indiennes se sont peut être dites qu'en détruisant les maisons des jeunes acteurs, les médias occidentaux ne montreraient plus la misères.
Elles n'ont guère à s'inquiéter car le situation des jeunes acteurs a intéressé l'occident mais dans nos pays l'actualité est telle la lumière d'une allumette. Elle est vive mais ne dure pas bien longtemps.
Je regrette d'être allé voir ce film et d'avoir ainsi contribué à faire gagner de l'argent à ses producteurs.
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J’en avais entendu parler mais ne l’ai jamais vu.
Vous avez bien raison en soulignant cette métaphore : [i]dans nos pays, l’actualité est telle la lumière d’une allumette[/i]. Je pense même que l’on peut ajouter que si cette actualité ne traite pas des pays riches (peoples aux Etats-Unis, politiciens en France, ruptures en Belgique, etc/), l’allumette est cassée de moitié.
l’allumette est cassée de moitié.
C’est malheureusement vrai surtout si l’actualité traite de la misère dans le monde.
Les gens continuent à mourir de faim au Darfour et à Haïti et chez nous on commercialise la pilule Ali.
il semble que la production se soit enfin décidée à offrir une amison aux jeunes acteurs