À présent que Siné mensuel détaille ses sommaires sur son site la veille de sa parution (demain, mercredi, pour le daté janvier, nº49), à quoi bon gloser ?
Allez voir… Mais quand on est bavard, pisse-copie, verbeux (tel l’immortel Achille Talon), comment s’en empêcher ?
Bon, alors que Charlie Hebdo en rajoute une tonne sur sa religiophobie (bien partagée par l’équipe de Siné mensuel), la couv’ du « Banzaï-zine » appelle carrément à virer le pouvoir en place estimé exagérément liberticide. C’est discutable (scrogneugneu, on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on pourrait perdre encore). Cela étant, le dossier central, consacré aux menaces pesant sur les libertés individuelles fait craindre que la relève de l’exécutif actuel aurait les coudées franches pour chercher et trouver des poux sur d’autres têtes que celles des terroristes.
À propos de religiophobie chez Charlie (ou d’ailleurs, Siné), lisez donc le De Charlie Hebdo à #Charlie (de Jane et David Vauclair, chez Eyrolles), histoire de mesurer le chemin sinueux parcouru et jauger les réactions de qui trouve la couv’ de l’hebdo douteuse, de mauvais goût, &c. Même Boutain n’ose plus se mettre au diapason de la presse satirique catho du temps des titres anticléricaux comme Les Corbeaux ou La Calotte (tiens, comme les Vauclair ne les mentionnent pas, il serait judicieux de vérifier si L’Ami du peuple et Jean-Paul Marat bouffaient aussi fort du curé que leurs successeurs).
Mais revenons à ce sommaire qui comprend un examen de la situation des éducateurs de la prévention spécialisée. Ceux dit « de rue », en particulier. On pourrait sans doute étendre à ce qui continue de se passer dans les centres de détention (pardon, de traitement social) des mineurs… On attendait l’ami Liebig sur ce sujet, c’est Maud Dugrand qui s’est collée à ce reportage.
Laure Noualhat revient sur la COP21 et Blandine Flipo se penche sur les groupes de pression des industries minières qui semblent avoir leur « royales » portes ouvertes dans les ministères. Bonjour les dégâts immédiats, et surtout les postérieurs (ceux des riverains ultérieurs aussi, qui hériteront des conséquences).
Pouria Amirshahi, peut-être encore binational irano-français, et député des (bi-)nationaux d’Afrique du Nord et de l’Ouest, est un socialiste plutôt proche des frondeurs. C’est aussi une sorte d’identitaire francophone. Je ne sais si sa (bon, hiatus, euh, non, oublié le terme pour cette sorte d’assonance ; bref, reprenons)… Je ne sais si la tribune qu’il donne à Siné mensuel est ou non une reprise de sa réponse à Manuel Valls publiée sur son site (pouriamisshahi.fr). Mais ce doit être du même tonneau. En tout cas, l’évoquer m’offre une bonne transition pour traiter du dernier en date des billets de la Zone de Siné (pas encore en ligne ce jour, mais dans le mensuel).
Siné aimerait être apatride ou plutôt « de changer de nationalité » selon son gré. Il nous décoche un « Qu’est-ce que j’en ai à foutre d’être français ? ». Ben, cela se discute. Breton, j’en ai à faire de l’être… certes pas tant que cela… mais… J’ai réussi à vieillir, ce que je souhaite bien fort encore à Siné, que j’espère voir battre le record de Galabru à sort identique, sans cesser de me considérer internationaliste. Mais je ne crache pas plus sur les nationalistes que Siné sur Boutef (les deux s’estiment en dépit de profondes divergences), nationaliste algérien guère moins vaillant que Siné.
Cela tient à ce que, même face à des personnes aux opinions et sentiments fort divergents, on peut ressentir quelques connivences ténues sur certains points.
Je fréquente des bi-nationalistes. Des posés, réfléchis, aussi des limite fêlés, comme par exemple des franco-ukrainiens pro-russes et des franco-russes pro-Ukraine anti-russe acharnés, tout en s’estimant français à part entière. Pas si simple… Des franco-algériens profondément français et profondément… kabyles, des Kabyles très attachés à l’unité de l’Algérie mais encore davantage à l’idéal démocratique républicain français. Je ne peux m’empêcher de préférer ces Français à des Bretons n’ayant rien à faire de l’être… Paradoxe. De même trouve-t-on des Catalans ou des Écossais restant très espagnols ou britanniques.
Cette histoire de binationalité et de déchéance me remémore la Vieille Alliance (Auld Alliance). Fallait-il déchoir les Écossais soutenant les huguenots ou ceux restant royalistes pendant la Révolution ? Que devinrent les gardes écossaises après 1791 et après 1830 ?
On peut se demander si les internationalistes français n’ont pas, effet pervers, indésiré, servis en partie de justification, certes abusive, à qui finit par vouer allégeance à une mythique oumma censée transcender les nationalismes. Avec les conséquences que l’on constate. Les Vauclair, dans leur chapitre « Éthique de conviction et éthique de responsabilité » ne traitent pas directement de ce dilemme particulier, mais ils l’englobent.
Heureusement, ni Val, ni Valls, n’oseront faire de mauvais procès à Siné (qu’une justice d’avant l’état d’urgence a blanchi du soupçon absurde d’antisémitisme que Val avait invoqué). Moi non plus.
Pour se dépêtrer de cette histoire de déchéance, une partie des socialistes veut l’étendre à tous les nationaux. Mac-Édouard Nabe, né Zanini, finira-t-il par demander à être déchu de la nationalité française, histoire de se pousser du col ? Le Califat (l’EI) s’empresserait sans doute de lui délivrer un passeport… Cela en ferait-il pour autant un terroriste ?
Peut-être verra-t-on une couv’ de Rivarol ou du Nouveau Crapouillot campant un Siné ricanant et un Nabe hilare déféquant sur le drapeau tricolore… J’éprouverais alors une forte crise hémorroïdaire en rédigeant ma défense et illustration du droit à la caricature. Devrais-je m’en remettre à l’intercession de saint Cavanna pour guider ma plume ?
Mais cessons-là ces oiseuses supputations. Revenons au concret. À ce même sommaire, un truc qui m’interpelle davantage : un couple disposant de place à son logis veut loger un ou des migrants. Un gouvernement qui ne sait se dépêtrer des jungles de Calais ou Dunkerque n’est pas foutu de donner une marche à suivre au préfet… Silence des autorités…
Et au fait, au lieu de s’évertuer à déchoir les terroristes de leur nationalité, que fait-on pour faciliter les demandes de celles et ceux désirant sincèrement devenir français ? Ce ne serait pas un plus fort symbole ? Au fait, tiens, il faudrait poser la question à Juppé…